Climat : une volonté de changement, dit Al Gore
TORONTO – L’Ontario et une vingtaine d’autres États fédérés et villes sur le continent américain ont répondu à l’appel à l’action que leur a lancé l’ancien vice-président des États-Unis et chantre du mouvement écologiste Al Gore à l’issue d’un premier Sommet des Amériques sur le climat à Toronto, le jeudi 9 juillet.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
La première ministre ontarienne Kathleen Wynne a été la première à apposer sa signature sur une première déclaration panaméricaine sur l’action en matière de changement climatique. Elle s’est ainsi engagée à appuyer une tarification du carbone et à « prendre des mesures dans des secteurs clés » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans sa province.
« Nous savons que le changement climatique coûte déjà cher à notre province et au monde entier. Ce coût ne va qu’augmenter si nous n’agissons pas de manière concertée », a insisté Mme Wynne peu après avoir signé la déclaration dans un hôtel de Toronto. « Nous avons besoin d’un leadership national maintenant, plus que jamais ».
D’autres provinces canadiennes dont le Québec, des États américains comme la Californie et le Vermont, de même que les villes ontariennes de Burlington, Hamilton, Kitchener et Whitby, ont à leur tour ratifié l’entente qui compte un total de 22 signatures.
Quelques minutes plus tôt, Al Gore a livré un vibrant plaidoyer pour la lutte au changement climatique. Qualifiant la volonté politique de « ressource renouvelable », l’ancien numéro deux à la Maison-Blanche a exhorté les gouvernements à agir au plus vite pour contrer les effets des GES.
« Il y a maintenant une voix encore plus forte qui répond ‘oui’ à la question : ‘devons-nous changer?’ Et c’est celle de Dame nature », a prévenu M. Gore, citant les feux de forêt qui ravagent actuellement Saskatchewan comme un signe probant du changement climatique. « Vous pouvez faire le tour du monde et constater que Dame Nature nous envoie des messages très clairs. »
M. Gore, ancien vice-président des États-Unis sous Bill Cinton et lui-même candidat à la Maison-Blanche, s’est fait connaître en tant qu’environnementaliste avec son documentaire An Inconvenient Truth sur le changement climatique en 2006. Il a reçu le prix Nobel de la paix l’année suivante.
« Presque neutralité »
La déclaration de Toronto est venue renforcer le protocole d’entente « Under 2 », ratifié la veille par l’Ontario et le Québec, et dont le but est de contenir la hausse de la température moyenne mondiale en-deçà de 2°C. Pour les deux plus grandes provinces canadiennes, cet objectif se traduirait par une « presque neutralité » des émissions de GES dans la deuxième moitié du XXIe siècle.
« C’est un processus », a indiqué Mme Wynne.
Du point de vue de Felipe Calderón, président de la Commission mondiale sur l’économie et le climat, il est clair que les solutions au changement climatique viendront « du bas vers le haut », c’est-à-dire des États fédérés vers leurs gouvernements nationaux. Aussi présent au Sommet des Amériques sur le climat, le 9 juillet, l’ancien président du Mexique de 2006 à 2012 a fait à son tour la promotion d’un marché mondial du carbone et d’investissements substantiels dans des technologies vertes.
Car au niveau de l’industrie, il y a de l’espoir aux yeux d’Al Gore.
« La volonté de changement vient maintenant de l’industrie. Le prix des ressources renouvelables chutent beaucoup plus rapidement que nous l’avions tous anticipé », a signalé M. Gore, chaudement reçu par les quelque 300 participants à la rencontre. « Ces prix chutent tellement rapidement qu’ils sont maintenant plus bas que ceux de l’énergie produite avec du charbon dans plusieurs régions du monde. »
L’ancien vice-président des États-Unis a comparé la révolution dans les technologies vertes qu’il entrevoit au cours du prochain demi-siècle à celle qu’a engendrée la téléphonie cellulaire au cours des 30 dernières années.