Coronavirus : des voyageurs franco-ontariens dans l’attente
OTTAWA – En croisière en Amérique du Sud, deux couples de Franco-Ontariens sont en attente d’un retour au Canada. Malgré le resserrement des mesures prises par le gouvernement canadien et à travers le monde envers les voyageurs, ils tâchent de rester positifs.
« Nous sommes déçus que notre croisière s’arrête, c’est sûr, mais il n’y a rien que nous pouvons faire. Alors, on profite des spectacles, des conférences, des bons repas… », sourit Gilles Laporte, en entrevue avec ONFR+.
Avec son épouse, Denise Lemire, les deux Franco-Ontariens d’Ottawa ont quitté le Canada le 2 mars dernier. Destination : l’Amérique du Sud, pour deux croisières de plusieurs semaines qui devaient les mener de Buenos Aires à Montevideo, en passant par Ushuaia, la Terre de Feu à l’extrême sud du continent sud-américain, avant de revenir à Port Lauderdale, en Floride, par le Canal de Panama.
Sept jours après leur départ, le gouvernement du Canada émettait un avis déconseillant fortement les croisières. Et depuis, la situation n’a cessé d’évoluer à cause de la pandémie de coronavirus.
« Nous avions deux croisières programmées, l’une à la suite de l’autre. La première a été interrompue et la seconde annulée », explique M. Laporte.
C’est la même mésaventure qui touche Lucie et Michel Cayouette, à bord du même bateau. Le couple d’Orléans n’imaginait pas que ses vacances se passeraient ainsi.
« Nous aurions dû voir les glaciers dimanche matin, mais finalement on a fait demi-tour », regrette M. Cayouette.
« On s’attendait à quelques changements lorsque nous sommes partis du Canada le 3 mars, mais là, c’est drastique! », ajoute son épouse. « Ça a été beaucoup d’ouvrage d’organiser un tel voyage. Après la croisière jusqu’à Santiago, on avait encore dix jours de circuit au Chili et en Argentine, pour un retour le 31 mars. Le retour va être difficile, mais on espère pouvoir reprogrammer notre voyage l’année prochaine. »
En attente au large du Chili
Depuis deux jours, leur bateau de croisière est en encore en mer, à seulement une courte distance de la terre ferme, au large de Punta Arenas, au Chili.
« On attend l’autorisation du gouvernement chilien pour pouvoir accoster. Ce matin, les autorités sont venues prendre nos visas et notre température », raconte Mme Lemire.
Mais à bord, la bonne humeur demeure, assure-t-elle, et aucun malade n’a été rapporté.
« On profite des activités, on est bien nourri… Nous ne sommes pas en quarantaine dans nos cabines! C’est juste que la croisière s’amuse un peu moins », sourit M. Cayouette.
Les deux couples, qui se connaissaient un peu déjà mais n’étaient pas partis ensemble en vacances, restent en contact chaque jour et tiennent quotidiennement au courant leurs amis et famille.
À bord, Mme Lemire continue de suivre la situation, alors que M. Laporte préfère se concentrer sur ses vacances. Tous savent qu’il leur faudra se mettre en quarantaine dès leur retour.
« Le pire, c’est qu’à notre retour, ce sera encore l’hiver! », plaisantent Mme Lemire et M. Laporte, insistant sur leur volonté d’apporter un peu de soleil dans les mauvaises nouvelles des derniers jours.
« On a demandé à notre fils d’aller faire des épiceries pour qu’on ait à manger et à boire quand on rentrera afin qu’on ne manque de rien pendant deux semaines », raconte avec un sourire Mme Cayouette.
Avec son mari, ils espéraient quitter le Chili pour Toronto, le 19 mars, à condition bien sûr que le bateau accoste d’ici là. Mais la surprise est tombée quelques heures après l’entrevue avec ONFR+ : « On ne part pas! Il faudrait rester ici 14 jours, mais le capitaine a décidé de partir. On va se rendre au port de Santiago pour chercher du gaz et de la nourriture et du vin, j’espère! Et ensuite, il va chercher un port qui nous accepte », explique Mme Cayouette.
Les deux couples franco-ontariens ont d’ores et déjà été assurés qu’ils pourront être dédommagés par leur compagnie, Holland America.
En attendant le retour, Mme Lemire et M. Laporte préfèrent rester positifs.
« On ne sait pas encore combien de temps cela peut prendre, mais nous ne sommes pas inquiets. On est très bien traité et heureux d’être en vacances. On rentrera quand ce sera possible, sinon on patientera le temps que la crise se termine », dit M. Laporte.
De nouvelles mesures aux frontières
Ce lundi, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé de nouvelles mesures pour les voyageurs afin de faire face à la crise de la COVID-19.
Le gouvernement fédéral a décidé de restreindre l’accès au territoire canadien aux ressortissants étrangers, avec quelques exceptions notamment pour les Américains et ceux dont la famille immédiate est canadienne. Il demande également aux Canadiens à l’extérieur du pays de revenir le plus rapidement possible et de s’imposer un isolement de 14 jours à leur retour.
« Si vous êtes à l’étranger, il est temps de rentrer chez vous », a déclaré M. Trudeau en conférence de presse.
Celles et ceux qui présenteront des symptômes de coronavirus ne pourront toutefois par embarquer dans un avion vers le Canada, qu’ils soient Canadiens ou pas. Un Programme de prêts d’urgence liés à la COVID-19 pour les Canadiens à l’étranger est mis en place, offrant aux Canadiens qui sont à l’étranger la possibilité de recevoir un prêt d’urgence pouvant aller jusqu’à 5 000 $ pour faciliter leur retour ou pour subvenir temporairement à leurs besoins essentiels en attendant de pouvoir revenir au pays.
À partir de mardi et ce, jusqu’à nouvel ordre, les vols internationaux seront redirigés vers quatre aéroports, soit Toronto, Montréal, Calgary et Vancouver. Les vols intérieurs sont maintenus, ainsi que ceux en provenance des États-Unis, des « destinations soleil » comme le Mexique et les Caraïbes, et de Saint-Pierre-et-Miquelon.