Foyers de soins de longue durée : le gouvernement savait, selon le NPD
TORONTO – Le Nouveau Parti démocratique (NPD) continue de militer pour une enquête publique sur la situation des foyers de soins de longue durée en Ontario. Le gouvernement assure qu’il prend des mesures pour arranger la situation.
« Assez, c’est assez! Le gouvernement doit mener une enquête publique, pas une commission qui se déroulera derrière des portes closes! »
La chef de l’opposition officielle à Queen’s Park, Andrea Horwath, a de nouveau martelé son message, ce jeudi, en conférence de presse. Mme Horwath demande au gouvernement Ford d’agir vite face à une situation connue depuis des décennies.
« Les gens, à travers la province, sont horrifiés par ce qui se passe (…), mais c’est un problème qui existe depuis des décennies », a-t-elle assuré. « Ça ne devrait pas être une surprise pour Doug Ford et Merrilee Fullerton [ministre des Soins de longue durée], pas plus que pour Katheen Wynne ou Dalton McGuinty. »
La chef du NPD en veut pour preuve les multiples voix qui, selon elle, ont alerté, au fil des ans, les gouvernements successifs sur la situation et qui se sont manifestées encore récemment, avant même la publication du rapport accablant des Forces armées canadiennes sur cinq foyers de soins de longue durée.
Le témoignage des familles
Pour appuyer ses propos, Mme Horwath était accompagnée de deux familles ontariennes touchées par la situation.
Cathy Parkes avait son père de 86 ans au foyer Orchard Villa, à Pickering. Elle dit avoir contacté les bureaux de M. Ford et Mme Fullerton, le 13 avril, pour leur faire part de ses préoccupations, notamment en termes d’équipement et de procédure. Elle n’aurait reçu qu’une réponse générique, deux semaines plus tard, alors que son père était finalement décédé de la COVID-19.
« Le premier ministre dit avoir hérité du problème? Ok, mais il avait plusieurs mois pour faire quelque chose, bien avant la pandémie! », a soutenu Mme Parkes.
Les deux familles appuient l’idée d’une enquête publique, alors que le NPD pointe du doigt la responsabilité du gouvernement actuel, insistant sur des compressions de 34 millions de dollars, en 2018, dans les foyers de soins de longue durée, et les seulement neuf inspections exhaustives faites en 2019, sur les 626 résidences que compte la province, selon les données des néo-démocrates.
Des inspecteurs déjà sur place
Le premier ministre, Doug Ford, dit prendre la situation très au sérieux. Ce jeudi, il a annoncé que des inspecteurs se trouvent déjà dans les cinq foyers visés par le rapport des Forces armées canadiennes et qui ont été placés sous la supervision d’hôpitaux.
« Entre juin 2018 et mai 2020, 45 inspections ont été effectuées dans les cinq foyers visés dans le rapport », a également affirmé la ministre des Soins de longue durée, Mme Fullerton.
D’autres inspections sont prévues, les prochaines semaines, dans les établissements qui semblent poser problème, a ajouté M. Ford. Et ces inspections se feront en personne, a-t-il précisé, soulignant qu’au début de la pandémie, les inspecteurs syndiqués avaient procédé par téléphone, par crainte de la COVID-19.
« Nous savons où sont les problèmes et nous allons les régler », a promis le premier ministre ontarien, tout en réitérant son appel de pied au gouvernement fédéral. « On ne peut pas agir et changer un système cassé seul. On a besoin d’argent! »
La situation des foyers de soins de longue durée devrait être à l’ordre du jour d’une discussion entre les premiers ministres des provinces et le gouvernement fédéral, plus tard ce jeudi.
La situation des foyers s’améliore, selon Fullerton
Par ailleurs, le gouvernement progressiste-conservateur a également décidé de prolonger le mandat du Groupe directeur du système de gestion des incidents pour le secteur des soins de longue durée afin de coordonner le soutien opérationnel.
Selon la ministre Fullerton, ce groupe a permis d’améliorer la situation des foyers de soins de longue durée, avec une baisse du nombre de tests positifs, passés de 12,5 % à 7,5 %, une diminution du nombre d’établissements confrontés à des éclosions, passés de 190, au 18 mai, à 129 foyers sur 626, au 27 mai, ainsi que la résolution de 164 cas d’éclosion.
Le NPD a réagi aux annonces du gouvernement en demandant plus de ressources dans le secteur, ainsi que la publication du nom des 19 établissements qui sont encore considérés à haut risque.
La province atteint sa cible de tests
▶️ 383 nouveaux cas positifs en Ontario
▶️ 26 866 cas de COVID-19 au total (87 902 au Canada)
▶️ 2 189 décès (6 799 au Canada), 20 673 guérisons
▶️ 833 hospitalisations, 137 personnes en soins intensifs
▶️ 662 162 tests réalisés (1 559 280 personnes testées au Canada), 11 868 en attente de résultats
Après plusieurs jours sous la barre de sa cible de 16 000 tests quotidiens, Santé publique Ontario rapporte, dans son dernier rapport, que 17 615 dépistages ont été effectués.
Cette augmentation s’accompagne d’une hausse plus importante des nouveaux cas, comparativement aux deux derniers jours, avec 383 personnes supplémentaires touchées.
La ministre de la Santé, Christine Elliott, s’est toutefois dite à l’aise avec les chiffres actuels, expliquant cette hausse par la première phase du déconfinement. Elle souhaite néanmoins observer ces chiffres encore au moins une semaine avant de pouvoir passer à la phase deux du plan de déconfinement.
« Si le nombre de nouveaux cas est compris entre 400 et 500, alors nous devrons ralentir la réouverture de l’économie », a-t-elle précisé, alors que le premier ministre a rappelé son opposition à un déconfinement par région.