Crise municipale : vives tensions à Queen’s Park et des citoyens menottés
TORONTO – La crise entourant la décision du gouvernement Ford de réduire de force le conseil municipal de Toronto s’est transportée à Queen’s Park, le mercredi 12 septembre. Les travaux ont été perturbés par des manifestants et la période de questions a vite dégénéré.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
Doug Ford avait promis qu’il ne ferait pas les choses comme les autres. Dans ses efforts de réduire le conseil municipal de Toronto, il a rappelé une nouvelle fois la chambre de manière prématurée, ce mercredi. Il devrait alors invoquer la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés. Une première dans l’histoire de l’Ontario.
Quelques instants après le début des travaux, des citoyens se sont mis à crier des insultes au premier ministre affirmant qu’il agissait contre la volonté populaire. D’autres l’ont accusé d’être un intimidateur et de ne faire qu’à sa tête à l’encontre des valeurs démocratiques.
Les travaux ont dû être interrompus. Les agents de Queen’s Park ont décidé de vider les estrades et d’interdire l’accès du public à la période de questions. Un fait rare. Certains citoyens ont même dû être menottés pour forcer leur sortie. Du jamais vu dans l’histoire récente du parlement ontarien.
Lors de la session estivale, les échanges entre les partis ont été enflammés comme jamais . Il en a été de même pour ce nouveau retour en chambre.
Échanges acerbes
« Il y a les problèmes d’accès à l’eau, le temps d’attente dans les hôpitaux, mais la priorité du gouvernement est de réduire la taille du conseil de ville de Toronto, même si c’est contre la loi », a lancé Andrea Horwath, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), à Queen’s Park. « Nous sommes là pour faire économiser de l’argent aux citoyens », a répliqué Doug Ford.
Quelques minutes plus tôt, la période de questions avait été perturbée par des manifestants qui criaient leur mécontentement à l’endroit du gouvernement Ford.
La chef du NPD a interpellé la procureure générale, Caroline Mulroney, sur la légitimité entourant l’utilisation de la clause dérogatoire. « Soit elle comprend le concept d’État de droit, soit elle doit retourner sur les bancs d’école », a-t-elle soutenu.
Caroline Mulroney a affirmé que les villes étaient des créatures de la province et que la clause dérogatoire est un outil pour protéger les valeurs de la Constitution canadienne. Elle a ajouté que le temps comptait en raison des élections prévues le 22 octobre dans la Ville reine, ainsi que partout ailleurs dans la province.
Clause dérogatoire
Plus tard en journée, une nouvelle mouture du projet de loi 5 a été présentée aux députés afin de réduire de 47 à 25 le nombre d’élus à Toronto.
Contrairement au projet de loi précédent, cette proposition va inclure la clause dérogatoire.
Lundi, Doug Ford a surpris tout le monde en s’attaquant à la décision du juge Edward Belobaba, qui venait d’invalider la première mouture de la Loi 5, affirmant que les changements proposés ne peuvent pas se produire en pleine campagne électorale municipale.
Le scrutin se déroulera le 22 octobre à Toronto et bon nombre d’élus sortants et de candidats sont en campagne électorale depuis plusieurs semaines. « J’ai été élu. Les juges ont été nommés. Ce qui est extraordinaire est qu’un gouvernement élu démocratiquement soit bloqué dans ses intentions par les tribunaux », a soutenu le premier ministre ontarien.
Crise municipale à Toronto
Les événements des dernières heures viennent paralyser le processus électoral à Toronto. Combien d’élus peuvent se présenter? Dans quel quartier? Quelle mouture de la carte électorale sera finalement la bonne?
La décision du gouvernement Ford de réduire le nombre de conseillers municipaux est critiquée par bon nombre d’élus torontois, mais certains conseillers se rangent derrière le clan Ford.
La suite des choses est imprévisible. Certains évoquent déjà un report de l’élection municipale de Toronto.