Daniel Giroux, la passion du collégial dans le sang

Daniel Giroux, président du Collège Boréal.
Daniel Giroux, président du Collège Boréal. Crédit image: Rudy Chabannes

[LA RENCONTRE D’ONFR+]

SUDBURY – Nommé cinquième président du Collège Boréal en 2016, Daniel Giroux y œuvre depuis 1996 même si rien ne l’y destinait. Fier Sudburois, il a mené de front la bataille du Collège contre la COVID-19 et la préparation de plusieurs projets très attendus pour l’établissement. Ce père de famille impliqué dans sa communauté confie avoir pour rêve de voir augmenter la cible de la francophonie ontarienne de 5 % vers 10 %.

« Comptable de formation, imaginiez-vous faire carrière dans la formation postsecondaire?

Pas du tout. Au secondaire et à l’université, je travaillais dans la construction, plus précisément dans le secteur de la maçonnerie. C’était vraiment quelque chose qui me passionnait. Ensuite j’ai commencé comme comptable dans le domaine de la fiscalité, puis dans une entreprise du secteur minier, Timberock International. J’en suis devenu directeur, ce qui m’a permis de beaucoup voyager dans le pays et à l’international. C’est assez drôle parce que je n’avais pas vraiment connaissance du milieu postsecondaire, ou du Collège Boréal.

Mon épouse, qui est infirmière et a fait ses études en français au Collège Cambrian, connaissait bien le Collège Boréal. Elle m’appelle alors que j’étais sur la route à Val-d’Or, après avoir signé un contrat, pour me dire qu’un poste de comptable était affiché au Collège Boréal et qu’elle a soumis mon CV. À l’époque nous venions de faire construire une maison en périphérie de Sudbury et l’entreprise pour laquelle je travaillais devait déménager à Elliot Lake.

Mon épouse ne voulait absolument pas quitter Sudbury. Au début, j’ai eu un peu peur parce qu’il n’y avait pas de vrai bureau lorsque je passais mon entrevue, comme le campus était en construction, mais je me suis lancé et suis rapidement tombé en amour avec le Collège à force d’y apprendre et d’y travailler.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans ces fonctions?

J’ai beaucoup aimé évoluer dans le Collège. De comptable, j’ai dû, ensuite, gérer le budget, puis j’ai été vice-président développement des affaires pour ensuite devenir vice-président. Donc j’ai eu la chance de grandir pour pouvoir prétendre au poste de président. Je pense aussi que c’est combien est varié l’offre des services du Collège. On n’est pas un collège typique, on est un vrai collège communautaire. C’est vraiment de voir tous nos étudiant(e)s, client(e)s réussir, la passion, l’émotion des familles.

On voit parfois des adultes qui reviennent aux études ou après avoir perdu leur emploi, être embauchés dans de bons emplois. C’est gratifiant. Voyager aussi, découvrir l’unicité de chaque communauté, mais quelque chose qui nous rassemble, c’est la francophonie. C’est impressionnant de voir, que ce soit dans le personnel de soutien, le personnel administratif ou le personnel scolaire, la passion et la volonté de voir réussir nos étudiants.

Une partie du personnel du Collège Boréal. Gracieuseté

Quel impact a eu la pandémie sur les étudiants du Collège Boréal?

Ce n’était vraiment pas évident, je me souviens encore de début mars 2020, quand on a été forcés de fermer nos portes. Mais, ce qui m’a vraiment impressionné, c’est la résilience de notre personnel qui en seulement deux-trois semaines a dû faire la révision de tous les cours, tous les programmes, réadapter l’offre à distance, et l’accès aux laboratoires. Et tous les étudiants ont été capables de terminer et avoir leur diplôme.

Pour moi c’était vraiment impressionnant. On a dû investir beaucoup d’argent et de temps à faire en sorte de respecter toutes les mesures de distanciations dans les activités qui devaient se dérouler en présentiel. Et on a tout fait pour ne pas fermer trop longtemps pour ne pas pénaliser nos étudiants et employés.

Pour quelle raison le nouveau campus final de Toronto prévu début 2020-21 n’ouvrira que d’ici cinq ans?

C’est une combinaison de plusieurs facteurs. Premièrement il y a eu des délais administratifs en lien avec la mesure de protection requise pour la construction. Le nouvel édifice Ribbon longe la voie ferrée qui alimente la gare Union de Toronto. Donc il fallait s’assurer que le design était acceptable pour tous les partenaires, la ville de Toronto, et que tout soit sécuritaire.

Le deuxième élément, c’est la pandémie qui a ralenti les projets de constructions partout au Canada et à l’international. La troisième chose c’est l’adoption de certaines mesures législatives provinciales pour faciliter la construction de transport en commun. La ligne Ontario va passer par le quartier de la Distillerie où sera le campus temporaire, ce qui veut dire que les délais d’approbation sont plus longs. La bonne nouvelle, c’est qu’avec la nouvelle ligne, il va y avoir deux stations de métro qui seront très proches du campus. On ne s’y attendait pas et c’est une excellente nouvelle à moyen-long terme.

Donc oui, l’édifice Ribbon ne sera pas prêt en septembre 2023, mais en ayant des espaces temporaires à la Distillerie à quelques mètres de distance, on pourra contempler la construction du campus permanent qui devrait être prêt d’ici cinq ans.

Daniel Giroux, président, Lyne Michaud vice-présidente à l’ enseignement, Robin Craig, directrice de Recherche & Innovation, et Daniel Leduc, doyen de l’École des métiers et technologies appliquées. Gracieuseté

Au-delà de sa mission académique, quel rôle joue le Collège Boréal dans le développement culturel et économique de la communauté?

Comme c’est écrit dans notre mission, le Collège Boréal offre des formations et des services de qualité à une clientèle diversifiée, et je pense que c’est vraiment ça qui est au cœur de notre mandat. Il exerce un leadership pour favoriser le développement durable des communautés francophones de l’Ontario donc ça, c’est notre raison d’être. Ce qui nous différencie c’est que le Collège Boréal n’a pas seulement des programmes postsecondaires, nous offrons des cours de français langue seconde, des cours d’anglais langue seconde parce que souvent les étudiants ont besoin de maîtriser l’anglais pour travailler en Ontario.

On essaie aussi de contribuer à réduire la pénurie de main-d’œuvre en mettant en place de nouvelles cohortes. Normalement, dans le réseau collégial, on commence en septembre ou parfois en janvier. Eh bien, l’année dernière on a fait des cohortes en février, mars, avril et mai pour permettre à nos employeurs d’accéder à du personnel qualifié plus rapidement, notamment dans le domaine de la santé. Donc c’est vraiment important pour nous d’apporter ce soutien-là à notre communauté.

Vous êtes diplômé de l’Université Laurentienne, comment jugez-vous la trajectoire de cette université?

J’ai fait mes études de commerce en français à l’Université de la Laurentienne et c’est à partir de là-bas que j’ai pu avoir les moyens d’aller chercher ma désignation comme comptable. Donc je vais toujours me souvenir de la qualité de la formation exceptionnelle que j’y ai obtenue et en être un fier diplômé. C’est sûr que personne n’aime voir une institution qui vit des défis financiers. On a toujours des préoccupations quand on voit des institutions qui modifient l’offre de programmes en français.

Au Collège Boréal c’est un des défis que l’on a tout le temps, d’essayer d’avoir le même genre, ou les mêmes capacités que du côté anglophone et on en est loin pour le moment. Donc oui, c’est clair qu’on veut toujours encourager le principe de par et pour les francophones et on appuiera toujours les initiatives pour avoir plus d’offres de programmes en français.

La mascotte du Collège Boréal entourée de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et de Daniel Giroux. Gracieuseté

Quels sont les prochains projets sur lesquels le Collège travaille?

Il y a des choses qui s’en viennent effectivement et j’espère en faire l’annonce prochainement. On a une belle initiative du côté de la programmation postsecondaire en français. Je ne peux pas encore en parler, mais je vous promets de très bonnes nouvelles qui s’en viennent pour la francophonie du Nord de l’Ontario et même de tout l’Ontario d’ici quelques semaines.

On travaille aussi sur le projet d’un centre de bien-être à Sudbury qui inclut un nouveau gymnase, de nouveaux vestiaires, une piste de course intérieure, des espaces cliniques qui pourront être de vrais laboratoires pour nos étudiants en massothérapie et servir aussi à toute la communauté.

Comment le Collège fait-il face au manque d’étudiants dans le Nord?

C’est vrai, mais ce n’est pas seulement un problème du Nord : il y a de grandes pénuries partout ans la province dans les domaines de la santé, de la petite enfance… Je pense que, ce qui va être important, c’est de continuer à attirer des étudiants de tout le pays, et aussi de travailler autour de l’immigration francophone avec notre service d’immigration.

On va aussi promouvoir les possibilités d’emploi à la sortie de nos formations, avec ce qu’on appelle notre garantie Boréal, qui est totalement unique. Si jamais tu ne trouves pas d’emploi un an après ta diplomation, tu peux revenir t’inscrire dans un programme et c’est totalement pris en charge par le Collège Boréal.

Comment votre établissement adapte ses filières au besoin de main-d’œuvre en Ontario?

Chaque programme que nous offrons possède un comité consultatif qui se rencontre une fois par année. Il se réunit afin de réévaluer les contenus des programmes en fonction du marché du travail pour s’ajuster en conséquence. Parfois il y a des emplois connexes qui sont en besoin de recrutement alors on fait une analyse de marché, on consulte les employeurs.

Parfois aussi, on utilise la reconnaissance des acquis pour la clientèle adulte pour reconnaître leur expérience. On essaie de toujours consulter les employeurs et de trouver une solution à la pénurie de main-d’œuvre comme quand on a créé notre programme de préposé(e) aux services de soutien personnel.

Daniel Giroux est un passionné de pêche au doré Gracieuseté

Qu’aimez-vous faire durant votre temps libre?

J’ai deux garçons qui jouent au hockey à un haut niveau. J’adore les voir jouer, surtout que maintenant on peut y aller en personne. Puis j’ai vraiment hâte d’être en été pour retourner pêcher, surtout la pêche au doré. Nous avons un chalet sur le lac Kipawa, et je vais à la pêche depuis de nombreuses années avec mes garçons. On aime beaucoup ça. »


LES DATES-CLÉS DE DANIEL GIROUX :

1971 : Naissance à Québec (pendant un voyage de ses parents)

1997 : Embauche au Collège Boréal

2007 : Devient vice-président à l’enseignement du Collège Boréal

2016 : Est nommé président du Collège Boréal

2020 : Célèbre le 25e anniversaire du Collège Boréal avec les 4 anciennes présidences du collège

Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.