Filip Senc-Samardzic (à gauche) a tenu tête aux grosses pointures de la natation canadienne en nage libre comme Finlay Knox (à droite). Crédit image : Michael P. Hall/Swimming Canada

SCARBOROUGH – Les Essais olympiques canadiens de natation ont livré leur verdict la fin de semaine dernière. Malheureusement, aucun athlète franco-ontarien ne s’envolera pour Paris. Malgré tout, entre les promesses d’avenir d’Alexandre Landry et Filip Senc-Samardzic et la fin de carrière annoncée par Nina Kucheran, on ne s’est pas ennuyé du côté du Centre sportif panaméricain de Toronto et les émotions étaient au rendez-vous.

Les émotions ont été très fortes pour la nageuse de Sudbury. Engagée sur ses disciplines de prédilections, le 100 et 200 mètres brasse, elle a d’abord connu une grosse déception pour son entrée dans la compétition mardi. Qualifiée in extremis pour la finale avec le dixième temps lors des séries (1’09’’96), elle n’a pas réussi à faire mieux que cette dixième place en finale, avec un temps en plus inférieur à celui réalisé le matin (1’10’’54).

Déjà frustrée, Nina Kucheran était loin d’imaginer le cauchemar qui l’attendait sur le reste de la semaine qui devait la mener au 200 mètres le vendredi. En proie à une grippe intestinale mercredi, elle n’a pas pu préparer correctement ce qui allait s’avérer être ses dernières courses en carrière.

Toujours malade et affaiblie le vendredi, elle n’est pas parvenue à accrocher la finale, malgré un bon premier 150 mètres. Fatiguée, la nageuse a lâché dans les 50 derniers mètres derrière la fusée Kelsey Wog (2’23’’71) et n’a signé que le 12e temps des séries (2’34’’23) synonyme de finale B, ce qui représentait déjà un exploit vu son état de santé et une décision de participer à l’épreuve au tout dernier moment.

« J’ai décidé seulement 20 minutes avant l’épreuve. J’ai dû faire un quart de l’échauffement que je fais d’habitude, car je n’avais pas d’énergie. Physiquement, je ne pensais vraiment pas être capable de le faire. J’ai regardé le célèbre Flu game (match grippé) de Michael Jordan, je regardais ça dans le corridor avant ma course et je me suis dit ‘si lui peux le faire, je peux le faire’! »

Si Nina Kucheran a fait preuve d’autant de détermination pour lutter contre la maladie et participer au 200 mètres malgré le fait qu’elle savait que ses chances de performer étaient très faibles, c’est avant tout parce qu’il s’agissait des dernières courses de sa carrière.

« C’était ma dernière semaine de compétition, mes deux dernières courses. J’ai décidé de mettre un terme à ma carrière. Il est temps que je démarre un nouveau chapitre, je vais aller à l’école de médecine à l’Université d’Ottawa dans le programme en français. On dit toujours que la carrière ne finit jamais de la manière dont on le souhaite, mais je veux vraiment être reconnaissante pour l’expérience que j’ai eue cette semaine et cette année. » 

La finale B lui a permis de quitter la natation sur une note très positive en remportant la course en 2’32’’35, une dernière démonstration d’abnégation et de force de caractère. Ce temps lui aurait permis d’obtenir la neuvième place lors de la finale A, loin des meilleures, mais déjà exceptionnelle vu les circonstances.

« Je savais que je n’allais pas performer de la manière dont je voulais, mais je voulais être reconnaissante d’avoir l’occasion d’être sur les blocs une dernière fois. J’avais toute ma famille et mes amis ici avec moi, c’est la manière parfaite de finir ma carrière. »

Landry poursuit son ascension

Malheureusement, que ce soit sur 100 ou 200 m, il n’est à chaque fois pas passé loin, mais a dû se contenter sur les deux épreuves de la finale B. En ouverture lundi au 100 m, il n’est passé qu’à 13 centièmes de secondes de participer à la finale, avec le 13e temps en 1’03’’65, tandis que le 10e Brodie Khadjuria a rejoint la finale en 1’03’’52. La finale B a ensuite été très rapide, Alexandre Landry finissant seulement quatrième, mais avec un temps qui l’aurait classé 8e de la finale principale.

Sur le 200 m mercredi, il a connu un scénario similaire en terminant 13e (2’20’’06) puis troisième de la finale B avec son deuxième chrono le plus rapide de sa carrière. Un temps de 2’19’’04 qui lui aurait offert la 10e place de la finale A.

« Je suis content de mes résultats, a-t-il confié après la compétition. C’est certain que j’aurais aimé faire de meilleurs temps dans mes deux courses, mais mes temps sont quand même très proches de mes meilleurs. En plus, je retiens que sur le 200 mètres brasse, mon premier 100 mètres n’a pas été très bon, mais le deuxième était vraiment rapide. Donc, je pense que dans l’optique des Championnats nationaux cet été, je vais pouvoir m’améliorer. »

Senc-Samardzic étoile montante en nage libre

Lui aussi en tout début de carrière et encore plus jeune (19 ans), un autre Franco-Ontarien, s’est révélé lors de ces Essais olympiques. Il s’agit de Filip Senc-Samardzic qui a fait sensation lors du deuxième jour de compétition sur le 200 m nage libre. Après des séries où il avait signé le 8e temps, le jeune membre du club de Toronto ne cachait pas son ambition de faire partie des quatre meilleurs chronos lors de la finale et ainsi se donner une chance de faire les Jeux au sein du relais.

C’est finalement 21 centièmes de secondes qui l’ont séparé de son rêve olympique avec une sixième place en 1’48’’70, Jeremy Bagshaw terminant quatrième en 1’48’’49.

Il a ensuite, de nouveau, laissé entrevoir tout son potentiel avec un scénario similaire sur le 100 m nage libre avec le huitième temps des séries en 49’’35 et une nouvelle 6e place dans la finale.

Malgré, les déceptions de ne pas être entré dans le top 4 à chaque fois, Filip Senc-Samardzic a montré à 19 ans qu’on pourrait bien compter sur un Franco-Ontarien pour jouer les premiers rôles en nage libre dans un avenir très proche.