Débat à Embrun autour de la francophonie, l’agriculture et la COVID-19
EMBRUN – Les élections provinciales battent leur plein en Ontario. Pour l’occasion, ONFR+ a invité les différents partis politiques à participer au débat de la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell. Coût de la vie, relève agricole, autoroute, francophonie, tout y était pour une joute régionale animée par Rudy Chabannes.
La députée sortante, Amanda Simard, désormais sous la bannière du Parti libéral, se mesurait à Thaila Riden du Parti vert et Victor Brassard du Nouveau Parti bleu. Les candidats des progressistes-conservateurs et du Nouveau Parti démocratique brillaient par leur absence.
La pandémie de COVID-19 s’est invitée en début de débat alors que les candidats en ont tiré des bilans relativement similaires.
« Il y a eu moins de division dans Prescott-Russell qu’ailleurs dans la province. On se connaît et on se respecte dans nos communautés. Tout le monde souhaite être en santé », a lancé Amanda Simard.
De son côté, Victor Brassard en a profité pour affirmer qu’il était opposé aux « obligations ».
« On est capable de suivre les règles, chaque personne à la responsabilité de s’occuper de sa famille », développe-t-il.
Tout au long du débat, M. Riden a fait de grands efforts pour s’exprimer en français, mais a été surclassé par ses adversaires francophones.
L’économie francophone au cœur des préoccupations
Bien que les progressistes-conservateurs n’étaient pas présents au débat, ils étaient clairement la principale cible des attaques d’Amanda Simard. La candidate a critiqué le bilan de Doug Ford à de nombreuses reprises en particulier sur les enjeux touchant à sa communauté.
« On a compris qu’avec M. Ford, les services en français ne sont pas valorisés », a-t-elle lancé.
Alors que le débat a glissé sur la question de la pénurie de main-d’œuvre francophone dans l’Est ontarien, Victor Brassard a surpris quelque peu l’animateur en affirmant que le problème n’existait pas. « Je ne vois pas de problème de main-d’œuvre dans mon village d’Alexandria », a-t-il justifié.
Pour ce qui est de la question du logement, M. Riden a prôné une politique de taxation des maisons vides. « Les maisons sont pour les gens, pas pour les spéculateurs », a-t-il affirmé.
Amanda Simard a également étalé différentes propositions du Parti libéral pour aider les citoyens à faire face à la hausse du coût de la vie. Parmi elles, le transport en commun à 1 dollar partout en Ontario ainsi qu’une augmentation par deux des pensions de sécurité de la vieillesse.
Victor Brassard n’a pas été convaincu par ses adversaires à ce sujet. « On nous promet des baisses de taxes, mais les politiciens ne font rien et c’est pour cela qu’on a des problèmes avec le coût de la vie. On donne de l’argent et l’inflation augmente », a-t-il argumenté.
Enjeu très local, les citoyens présents au débat ont interpellé les candidats au sujet de l’état de l’autoroute 174 qui dessert les banlieues d’Orléans et Cumberland.
« C’est la municipalité de faire l’entretien ce qui n’est pas réaliste avec les impôts qu’on reçoit à ce niveau. La province doit reprendre cet autoroute », a affirmé Amanda Simard.
Thaila Riden s’est montré plutôt hostile à la question et a tranché en affirmant qu’avec le Parti vert, « c’est le logement, pas l’autoroute ».
Au niveau de la relève agricole, les trois candidats se sont entendus pour dire qu’il y avait là un enjeu important pour l’économie de l’Est ontarien.
Thaila Riden a dénoncé la « disparition » de 175 acres de terre quotidiennement et a promis de rendre l’agriculture plus abordable pour les familles.
De son côté, Amanda Simard a pointé les effets négatifs de la taxe carbone sur les fermiers et a promis d’augmenter le crédit financier pour ces dernier.
« Je suis fermier. On a du miel, des poules, des lapins… C’est une joie », a témoigné Victor Brassard.
En terminant, les candidats ont fait une profession de foi dans leur soutien à la communauté d’expression française de l’Ontario.
« J’ai quitté (Doug) Ford, car il a trahi les francophones. Il ne m’a jamais dit combien il a sauvé d’argent avec l’abolition du Commissariat aux services en français », a dénoncé Amanda Simard.
Les électeurs peuvent se prononcer dès aujourd’hui sur les candidats par le vote anticipatoire. Les résultats finaux seront connus le 2 juin 2022. Alors sous la bannière du Parti progressiste-conservateur, Amanda Simard avait remporté l’élection de 2018 avec 41 % des suffrages.