Début de la deuxième saison de Paris Paris
HAMILTON – La deuxième saison de la série franco-ontarienne Paris Paris débute sur les ondes d’Unis TV ce soir, le 9 janvier, à 19 h 30. ONFR a eu l’occasion de visionner les deux premiers épisodes, en plus de s’entretenir avec la comédienne Maxim Roy et les scénaristes Rayne Zukerman et Dominic Desjardins.
Dans la première saison de Paris Paris, Philippe (Benoît Mauffette), un professeur de français malheureux, découvrait un mystérieux tunnel dans son sous-sol de Paris, Ontario. Ce dernier lui permettait de voyager en quelques minutes entre sa petite ville monotone et son homonyme trépidante, en France. Dans la deuxième saison, c’est la femme de Philippe, Jenny (Maxim Roy) qui emprunte le tunnel dans le but de vivre ses propres aventures. Mais, pour elle, l’élément perturbateur la mène plutôt vers un autre Paris, au fin fond du Texas.
Maxim Roy explique que, dans la première saison, son personnage servait à soutenir son partenaire. « Elle voulait vraiment le sauver de lui-même. Mais là, elle va se rendre compte qu’elle ne peut pas tout contrôler, et elle va avoir de la misère à se sauver elle-même. »
Et pour se sauver, elle se sauve. Dans les deux premiers épisodes, Jenny court dans tous les sens. La métaphore est évidente, mais, au premier degré, elle court littéralement pour se sortir de situations fâcheuses. « C’était très physique. J’ai eu l’impression de courir pendant deux mois et demi de tournage. »
Selon la productrice Rayne Zukerman, en cours de saison, Jenny « s’ouvre un peu à la magie. Elle comprend que le tunnel a des envies, veut quelque chose d’elle. Et elle veut que l’univers lui dise quoi faire (…), mais ce n’est pas par là qu’elle aura des réponses. »
Des collaborateurs chouchous
Paniquée et désorientée, Jenny rencontrera une alliée improbable en la tenancière de bar Jackie (Isabelle Nanty). La Française d’origine sera d’abord réticente, mais aura rapidement pitié de la Canadienne perdue.
Dominic Desjardins voulait depuis longtemps offrir un rôle à Isabelle Nanty, son ancienne professeure, devenue mentore et amie. Mais la quarantaine imposée aux acteurs arrivant de l’extérieur du pays a freiné sa possible participation à la première saison. Cette fois, l’ancien élève lui a écrit un rôle sur mesure.
Parmi les autres nouveaux personnages, on retrouve le fils de Jacky, Randy (Olivier Renaud). Le policier a tout du stéréotype de cowboy de village texan, si ce n’est son accent français. Et un autre cowboy se fera rapidement remarquer, malgré une présence discrète dans les deux premiers épisodes. Chuck (mais pas Labelle), interprété par Damien Robitaille, est musicien et cuisinier au bar de Jackie. « On lui a écrit un petit rôle, mais il est tout le temps là. Et il apporte ce qu’il apporte dans la vie, cette espèce de bonhommie, de bonne humeur. »
Damien Robitaille prête aussi sa voix à la chanson-thème en plus d’avoir posé pour 13 pochettes de disques, qu’on peut découvrir dans chaque générique d’ouverture.
La musique, très présente dans la série, a été composée par un autre collaborateur de longue date, Antoine Gratton. Sur cette deuxième saison, Joel Schwartz a ajouté une touche western.
Dans les prochaines semaines, le public renouera avec des personnages de la première saison, en plus de découvrir Daphnée (Maythaila Jérôme-Antoine), une femme d’origine haïtienne que Jenny voudra d’abord aider, mais avec qui elle se liera d’amitié.
Des thèmes proches de la vie réelle
L’idée de Paris Paris est venue de l’expérience de vie de Dominic Desjardins. De retour de France, où il avait fait ses études, il avait l’impression d’arriver dans un autre univers. « Les référents culturels et tout ce que j’ai appris là-bas, il fallait un peu que je les laisse là-bas, et que je revienne ici pour vivre mon autre vie d’avant. »
Dominic Desjardins aime que le seul élément fantastique du tunnel mette en lumière des réalités plus terre-à-terre. Il y a d’ailleurs beaucoup de parallèles à faire entre ce que vivent les personnages et les scénaristes, aussi couple dans la vie.
Dans la série, Philippe est un Québécois d’origine, comme Dominic Desjardins. Jenny est avocate. Rayne Zukerman est aussi avocate de formation. Leur fils Tom est incarné par Balzac Zukerman-Desjardins, le fils des scénaristes. Certaines scènes sont même directement inspirées d’anecdotes vécues à l’école, que le jeune Torontois avait racontées à son père. Malgré les nombreux parallèles, Dominic Desjardins précise qu’il croit être « un meilleur père que Philippe ».
Les enfants du couple (ils ont aussi une fille) ont tout de même eu à être patients dans les derniers mois. Mais la productrice parle des avantages de travailler ensemble. « C’est un vrai cadeau où l’on a le contrôle financier et créatif. Et le fait qu’on se fait énormément confiance aide beaucoup l’expérience. »
Dominic Desjardins sourit en évoquant le moment où il a rassuré son fils après sa toute première scène, capté par la caméra qui roulait toujours. « C’est un privilège de pouvoir développer une relation de travail et de direction d’acteur avec son fils. »
Au niveau du couple aussi, la réalité rejoint souvent la fiction. « Il y a certaines scènes qu’on a écrites, ce sont des choses que l’on s’est dites. Il y a certaines scènes où ce sont des choses qu’on aurait dû se dire. On se rend compte, quelques mois plus tard, qu’on est en train de se dire exactement ce que les personnages se disaient dans la série », témoigne le réalisateur.
Le thème universel de la crise du milieu de vie est central dans Paris Paris. La comédienne Maxim Roy préfère par contre parler d’éveil pour évoquer ces moments où l’on réalise qu’on n’est pas heureux dans notre quotidien.
Il est intéressant de voir comment Jenny, habituée de tout contrôler, va vivre ce questionnement. Dans la première saison, il ne fait aucun doute que cette mère de famille porte une énorme charge mentale. Questionnée sur ce sujet, Rayne Zukeman commente : « Je pense que la réalité pour les femmes est différente de celle des hommes. Il y a d’énormes changements qui arrivent à nos corps. Puis, il y a un changement de comment on est vues par la société autour de nous. »
Résolument franco-ontarien
Paris Paris aborde aussi la lutte des parents francophones pour transmettre leur langue, comme l’explique Dominic Desjardins. « On voulait parler de ce qu’est le quotidien de quelqu’un qui est francophone en milieu minoritaire. Il faut toujours rappeler aux enfants de s’exprimer en français. L’influence extérieure est tellement forte. » Rayne Zukerman a l’impression que ses enfants apprennent littéralement le franglais à l’école, tellement ils le maîtrisent. Elle-même anglophone, elle leur a toujours parlé en français.
Pour sa performance dans la première saison, Balzac Zukerman-Desjardins a remporté un prix d’interprétation aux Breaking TV-Film Festival de Londres, en Angleterre, tout comme Maxim Roy. Nul n’est prophète en son pays, mais la comédienne se désole de voir que la série n’est pas très connue dans sa province d’origine, le Québec. « Une bonne histoire, c’est une bonne histoire, peu importe où elle est tournée. Si on est capable de regarder une émission américaine sur Netflix, je ne vois pas pourquoi on ne regarderait pas une émission franco-ontarienne. »
Maxim Roy n’est pas la seule comédienne québécoise établie à jouer dans Paris Paris. Les téléspectateurs reconnaîtront entre autres Yves Jacques, qui interprète un metteur en scène français. Son personnage empruntera lui aussi des chemins loufoques cette année.
Est-ce qu’une troisième saison pourrait mener un autre personnage vers un autre Paris? La possibilité est là, puisqu’une vingtaine de villes portent ce nom dans le monde, selon Dominic Desjardins. Reste à savoir si les scénaristes veulent s’embarquer dans un nouveau chapitre.
La deuxième saison de Paris Paris est diffusée sur les ondes de Unis TV les mardis à 19 h 30. Il est possible de revoir la première sur le site web d’Unis TV.