Décès de la Claire Pilon, une figure du Moulin à fleur
SUDBURY – Connue de tous dans la francophonie sudburoise, et figure communautaire très connue au Moulin à fleur, Claire Pilon est décédée mercredi, à Sudbury. Ancienne journaliste et première présidente du Conseil scolaire catholique du Nouvel-Ontario, elle laisse derrière elle une longue feuille de route dans la francophonie.
Journaliste au Voyageur, au Sudbury Star et membre fondatrice de plusieurs foyers et centres jeunesse, Claire Pilon était connue de tous. Elle l’était surtout dans le quartier du Moulin à fleur sur lequel elle avait déjà écrit un livre et produit un documentaire.
« Oh mon dieu, c’est quoi son impact! », s’exclame Lyse Lamothe, une amie d’enfance de Mme Pilon, lorsqu’interrogée sur l’impact de l’ancienne journaliste dans la communauté. « Il faudrait se demander ce qu’aurait été le Moulin à fleur si Claire n’avait pas été là. Grâce à elle, la francophonie a rayonné encore plus fort et on peut dire que le Moulin à fleur s’est fait connaître à cause de Claire. »
Réjean Grenier est l’un de ceux qui l’ont très bien connue. L’éditorialiste du journal Le Voyageur se souvient d’une francophone « engagée » dans sa communauté et d’une journaliste importante pour l’hebdomadaire francophone de Sudbury.
« On était un journal très communautaire et c’était important pour nous d’avoir des sons de cloche sur un souper ou sur un prix à une cérémonie. Elle était à l’affût de ça. (…) Elle nous apportait quelque chose de vraiment terre à terre. Elle était branchée sur le vrai monde dans le Moulin à fleur et nous étions d’ailleurs situés au Moulin à fleur. C’était important pour nous d’avoir ses idées et ses connaissances de ce milieu-là. »
Ce dernier se souvient que son ancienne collègue n’était pas seulement une journaliste impliquée dans sa communauté, mais aussi une bénévole hors pair.
« Un de mes amis anglophones m’a écrit. On n’avait pas besoin d’être francophone pour connaître Claire Pilon. Elle était engagée dans toutes sortes d’organismes qui dépassaient la langue. Son engagement était très social. (…) Elle a été une ancre pour une grande partie de la population et souvent pour une partie qui n’avait pas de voix. »
La députée de Nickel Belt, France Gélinas, se souvient de Claire Pilon comme d’une référence au Moulin à fleur.
« Elle a toujours habité dans le Moulin à fleur. Elle avait une maison, je dirais directement au centre du quartier sur une des grandes artères. Tout le monde savait où elle demeurait et où elle était. On savait qu’on était toujours bienvenue pour la visiter ou pour l’appeler à n’importe quelle heure du matin au soir. Si on avait des questions, elle n’hésitait pas et était très généreuse dans ses réponses. »
Vouloir faire bouger les choses
L’élue ontarienne a connu Mme Pilon alors que celle-ci était membre du conseil d’administration au Centre de santé communautaire du Grand Sudbury où Mme Gélinas était directrice. Cette dernière se souvient d’une discussion avec la Sudburoise à l’hôpital, il y a quelques années, qui l’avait marquée.
« Elle m’appelle et elle me dit : France, il faut que tu viennes me voir, je suis malade. J’arrive là et Claire avait fait la liste de tous les manquements que l’hôpital avait faits envers ses services en français en plus de communiquer avec tous les patients de son unité pour savoir les autres manquements aux francophones », se remémore la politicienne.
« Elle avait fait des suggestions à l’hôpital pour s’assurer qu’elle et les autres patients reçoivent leurs services en français. On parle d’une femme qui était suffisamment malade pour être admise à l’hôpital, mais ça ne la dérangeait pas. Pour elle, sa vie était de s’assurer que les services en français soient là pour elle et tous les autres. »
France Gélinas se rappelle que Claire Pilon avait toujours une présence lorsqu’il y avait un événement quelconque en francophonie.
« Elle était impliquée dans tout ce qui avait rapport à la francophonie, alors je la croisais souvent. La passion de sa vie était de s’assurer que tous les francophones de Sudbury soient fiers de l’être et s’affichent comme francophone et demandent leurs services en français. »
C’était dans son ADN d’aider les autres, soutient son amie d’une trentaine d’années, Lyse Lamothe.
« Claire, c’est l’expression « donner sa chemise » pour les autres. Ça ne faisait rien si elle pouvait ou pas, elle trouvait une façon pour aider. Elle avait un cœur d’or, on aurait pu l’appeler dans le milieu de la nuit pour lui demander de l’aide et elle l’aurait fait. »
Le bénévolat dans le sang
Si tout le monde la connaissait, les personnes proches d’elle se souviennent aussi d’une personne « effacée » qui ne souhaitait pas attirer les projecteurs sur elle.
« Comment peut-on expliquer qu’une personne soit si présente dans la communauté, mais en même temps, assez effacée? Ce n’était pas une de ces personnes qui étaient à l’avant-scène, mais elle était toujours là, surtout quand les gens en avaient besoin », se souvient Réjean Grenier.
Le Moulin à fleur n’aurait pas pu être ce qu’il est aujourd’hui sans celle qui a déjà écrit un récit historique sur le quartier francophone.
« Claire a marqué beaucoup de vies pour les jeunes du Moulin à fleur et au sein de la communauté francophone et elle va être manquée », conclut Lyse Lamothe.