Des bons mots mais pas d’engagement pour la ministre de l’Éducation
TORONTO – Les besoins dans les écoles francophones sont grandissants depuis une vingtaine d’années. Avec ce flux de jeunes élèves, la nouvelle ministre de l’Éducation, Indira Naidoo-Harris, promet, en entrevue avec #ONfr, de regarder avec attention ces besoins, sans toutefois ne faire aucun engagement concret, et alors que les élections provinciales se profilent dans moins de cinq mois.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
Mme Naidoo-Harris se dit prête à aller visiter les écoles francophones où les besoins sont connus depuis longtemps, comme à Kingston. Elle avoue cependant vouloir se familiariser avec les dossiers avant de poser des actions.
« Nous devons nous assurer que nous ayons toutes les informations avant de prendre une décision », assure-t-elle.
« Je vais regarder de très près les demandes et m’assurer que nous puissions faire le maximum pour aider ces communautés. » – Indira Naidoo-Harris
Sur le plan personnel, Mme Naidoo-Harris promet d’être aussi présente dans les écoles que sa prédécesseure, Mitzie Hunter. Elle rappelle également que le gouvernement a récemment annoncé qu’il ouvrira 39 nouvelles écoles et entreprendra la rénovation de 40 établissements au cours des prochains mois. Sur ce nombre, neuf sont pour des conseils scolaires de langue française, dont le Conseil scolaire catholique MonAvenir qui recevra 5,3 millions de dollars de financement pour l’agrandissement de l’École secondaire catholique Sainte-Trinité, à Oakville.
« Nous faisons ce que nous pouvons pour créer un environnement sécuritaire pour les jeunes de la province », insiste-t-elle.
Une rencontre prévue avec les conseils scolaires
Le président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), Denis Chartrand, espère que la nomination de Mme Naidoo-Harris aidera à faire avancer les dossiers.
« Lorsque l’on est en situation minoritaire, il y a toujours un risque que la ministre ne comprenne pas les spécificités des francophones (…). Il va falloir s’assurer qu’elle le comprenne bien », souligne M. Chartrand.
Une rencontre est d’ailleurs prévue entre l’ACÉPO et la nouvelle ministre.
« Pour nous, la priorité est d’avoir l’équité face aux conseils anglophones. Il faut s’assurer que nous rayonnons partout en province. »
Sur les besoins spécifiques de certaines communautés, comme dans l’Est de Toronto et à Kingston, M. Chartrand note qu’il y a une crainte de voir les décisions retardées par la transition. Toutefois, il rappelle que son rôle sera de s’assurer que cela ne se produise pas.
Selon lui, le parcours de la nouvelle ministre l’aidera très certainement à cerner les enjeux.
À savoir s’il s’agit d’un bon choix fait par Mme Wynne, M. Chartrand estime qu’il est trop tôt pour le savoir.
« Seul l’avenir nous le dira », lance-t-il.
Attendue sur les réalités des professeurs francophones
Le président de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), Rémi Sabourin, voit d’un bon œil la venue de Mme Naidoo-Harris à la tête du ministère de l’Éducation.
Selon lui, puisqu’elle était directement impliquée dans un ministère conjoint, celui de la Petite enfance et de la Garde d’enfants, elle est déjà au courant de plusieurs enjeux de la francophonie.
M. Sabourin souligne qu’il avait de bonnes relations avec l’ancienne ministre de l’Éducation, Mitzie Hunter, et se dit prêt à travailler avec Mme Naidoo-Harris.
« Mme Hunter comprenait bien les problèmes et les défis que l’on doit surmonter comme minorité francophone et l’on espère que ça va se poursuivre avec la nouvelle ministre », lance M. Sabourin.
Le président de l’AEFO entend pousser sur les dossiers prioritaires de ses syndiqués lors de la première rencontre, dont celui de la pénurie d’enseignants francophones et de la violence dans les salles de classe.
Il convient que ça sera un défi de faire bien comprendre les dossiers francophones à la nouvelle ministre.
Qui est la nouvelle ministre?
Députée de la circonscription d’Halton depuis juin 2014, Mme Naidoo-Harris a débuté sa carrière de politicienne comme adjointe parlementaire au ministre de la Santé et des Soins de longue durée pendant deux ans. En 2016, elle est devenue ministre associée de l’Éducation, responsable de la Petite enfance et Garde d’enfants. En janvier 2017, Mme Naidoo-Harris est également devenue ministre de la Condition féminine.
Originaire de l’Afrique du Sud, Mme Naidoo-Harris a immigré au Canada dans les années 90. Journaliste de formation, elle a travaillé comme lectrice de nouvelles pour différentes chaînes de télévision, dont CBC, CTV et TVO. Mme Naidoo-Harris est titulaire d’un baccalauréat en science politique de l’Université Lethbridge, en Alberta.