Des défis en vue pour La Girouette à Chatham-Kent

La Girouette demeure le centre francophone principal à Chatham-Kent. Google Street View

CHATHAM-KENT – Tout reste encore à faire pour les francophones de Chatham-Kent. À peine le Centre communautaire La Girouette sauvé d’une fermeture annoncée, les Franco-Ontariens s’activent dorénavant à relancer l’attrait du lieu.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Car si La Girouette après 23 ans d’existence prend toute son importance, c’est surtout parce qu’elle est le principal organisme de rencontre pour les quelque 3000 francophones de la municipalité.

Un nouveau conseil d’administration élu il y a quelques jours avait permis de trouver une solution de dernière minute après plusieurs mois de tergiversations. Mais la solution reste de court terme. « Rien n’est encore garanti, on doit repartir à zéro », explique son nouveau président Bernard Tremblay.

Le gros défi du centre reste l’épuisement des bénévoles et le manque de participation aux activités. Du coup, La Girouette aimerait se tourner vers la population francophone la plus sensibilisée au drapeau vert et blanc dans la ville : les jeunes.

« On ne voit pas assez de jeunes. Il faut que le centre La Girouette devienne un lieu de rencontre pour eux. Nous avons quatre écoles élémentaires et une école secondaire, mais une fois sortis des écoles, ces jeunes ne savent pas où aller pour trouver des activités en français. À la différence de London ou Sarnia, situés à proximité, nous n’avons presque pas de vie en français. »

Des concours de ligues d’improvisation, ou encore des activités culturelles, le centre communautaire se casse déjà la tête pour savoir comment rameuter ses jeunes. Mais l’équation n’est pas si simple.

Superficie

« Nous avons un territoire très grand à Chatham-Kent. Ce n’est donc pas facile d’aller chercher les francophones et de créer une vie en français. Ils sont éparpillés. »

Les chiffres sont à cet égard éloquents. Avec une superficie de quasiment 2500 km2, Chatham-Kent s’avère presque aussi grand qu’Ottawa…2778 km2. La comparaison ne tient pas avec ses municipalités voisines, puisque London s’étale sur 420km2, tandis que Windsor ou encore Sarnia ne dépassent pas les 200km2.

« Les conséquences sont nombreuses », poursuit M. Tremblay. « Les familles sont en majorité exogames, et beaucoup ont maintenant adopté l’anglais comme moyen de communication. »

Seul un francophone sur cinq de Chatham-Kent parle français à la maison, si l’on en croit les chiffres du recensement de Statistique Canada en 2011. Une donnée en retrait par rapport aux autres communautés où la moitié des francophones converseraient dans la langue de Molière à leur domicile.

Côté finances, La Girouette tentera par ailleurs d’obtenir de nouveaux partenariats, notamment avec les conseils scolaires, pour assurer la survie du centre. Jusqu’à maintenant, l’organisme fonctionnait avec les 18000$ annuels de Patrimoine canadien. « Une somme insuffisante pour payer le loyer », selon M. Tremblay.

« La menace de fermeture ayant pesé longtemps sur La Girouette n’était pas causée principalement par les finances », conclut le président. « Le manque d’argent concerne tous les organismes. »