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Des nouveaux programmes en français à l’Université de Windsor

L’Université de Windsor tire ses origines d’une institution francophone fondée en 1857, le Collège de l’Assomption, ce qui lui confère un enracinement historique lié à la francophonie. Photo : Sandra Padovani/ONFR

WINDSOR – Sous l’instigation de plus de 60 professeurs francophones et francophiles, l’Université de Windsor fait de plus en plus de place à la francophonie. Un nouveau programme de sciences sociales verra le jour en français dès la rentrée 2026 en partenariat avec l’Université d’Ottawa. Depuis cette année également, et ce pour la première fois, la Faculté de droit de l’institution propose deux cours de maîtrise en français.

Des discussions sont en cours avec l’Université d’Ottawa pour élargir l’offre des cours en français à l’Université de Windsor et créer un certificat en Sciences sociales, alternant classes en personne et cours en ligne avec l’université ottavienne.

Le programme pourrait ouvrir dès la rentrée de septembre 2026, sous forme de projet pilote, a appris ONFR lors d’une rencontre avec des membres du corps professoral francophone.

En phase d’être reconnu par la Faculté d’éducation du campus comme « deuxième domaine d’enseignement », il permettrait aux étudiants qui se destinent à l’enseignement au secondaire de le choisir comme seconde matière obligatoire, et ainsi « d’être spécialisé et diplômé en français également », s’enthousiasme Tanja Collet-Najem, professeure agrégée d’études françaises.

« Nous sommes dans un processus de candidature pour du financement fédéral. L’administration de l’Université de Windsor a donné son appui formel pour rendre cette certification permanente. L’Université d’Ottawa est prête à offrir ces cours sans que nos étudiants aient besoin de payer des frais supplémentaires », rapporte Emmanuelle Richez, professeure agrégée de science politique.

En plus des cours du département d’Études françaises et des deux cours de science politique offerts en français — Quebec Politics and Society et Contemporary Canadian Political Issues —, la Faculté de droit propose pour la première fois cette année deux cours de maîtrise en langue française : Introduction à la Common Law et Études approfondies en Common Law en français.

La responsable des programmes et professeure agrégée de droit, Pascale Chapedelaine, explique que ces cours sont eux aussi offerts en vertu d’une entente avec l’Université d’Ottawa.

Les étudiants de Windsor inscrits se joignent ainsi à plusieurs autres étudiants d’universités de l’extérieur du Québec en virtuel et en présentiel, prenant ainsi part à un réseau d’étudiants pancanadien.

« Nous avons opté pour ces deux cours comme point de départ suite à plusieurs discussions avec les responsables du Certificat de Common Law en français à Ottawa, et suite à un sondage auprès de nos étudiants qui ont manifesté un intérêt marqué pour une offre de cours en français, au vu des opportunités accrues pour des stages incluant la Cour Suprême du Canada, et des emplois gouvernementaux », relate celle-ci, qui espère voir l’offre grandir dans les années à venir. 

Revaloriser la francophonie sur le campus

Un an et demi auparavant, une cinquantaine des professeurs francophones de l’université publiait une mémoire, Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor, dans le but d’obtenir la désignation bilingue.

Une initiative soutenue par les partenaires communautaires de toute la région et par des étudiants qui en étaient également signataires.

Une démarche qui a porté ses fruits selon Emmanuelle Richez, aboutissant par une rencontre avec l’administration : « Ils ont compris la nécessité de revaloriser la francophonie, de la rendre plus visible sur le campus et ont donné le feu vert pour plusieurs des recommandations qu’on avait formulées ».

« L’hymne national est maintenant chanté en anglais et en français, le drapeau franco-ontarien est maintenant présent sur scène à la cérémonie de graduation et, pour la seconde année consécutive, un lever de drapeau pour le Jour des Franco-Ontariens est organisé sur le campus », rappelle-t-elle.

« L’un des enjeux principaux est d’augmenter l’offre des cours en français. Par ailleurs, nous sommes très soucieux du bassin francophone dans la région, car il y a tout de même neuf écoles, soit francophones, soit d’immersion, contextualise Pascale Chapedelaine. Si l’offre n’est pas là, ça les forcera à aller ailleurs. »

Un travail de recensement des étudiants et du personnel francophones est un cours. Les professeurs comptent plus de 60 francophones et francophiles dans leurs rangs.

Le drapeau franco-ontarien flotte au coeur du campus de l’Université de Windsor le 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Obtenir le statut bilingue, un chemin encore long

Mme Richez estime toutefois qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant l’obtention du statut bilingue, au vu des nombreuses conditions à remplir pour y parvenir. Elle mentionne le fait que les étudiants doivent notamment pouvoir être en mesure d’obtenir des services en français dans tout le campus, donc sur le plan administratif également.

« On se dirige doucement dans une approche un peu plus bilingue, nuance Mme Collet-Najem. En parallèle, on a aussi commencé un projet de traduction de certaines pages du site internet de l’université, en recrutement étudiant en particulier. On commence avec les pages qui s’adressent directement aux étudiants. Dès cet automne, ce sera en ligne. »

Un projet de signalisation bilingue est également sur la table, en partie virtuelle avec l’apposition de codes QR à côté des panneaux anglophones, pour retrouver le contenu traduit en ligne, mais aussi physique, avec un premier panneau de signalisation en français à venir, accompagné du signe franco-ontarien.

L’Université de Windsor tire directement ses origines d’une institution francophone fondée en 1857, le Collège de l’Assomption, ce qui lui confère un enracinement historique lié à la francophonie, rappelle Jeremy Worth, un professeur agrégé d’études françaises de langue maternelle anglaise.

Les étudiants francophones se réjouissent eux de ces pas en avant vers le bilinguisme.

Pour Victorieuse Sambao, présidente du chapitre jeunesse du Club Richelieu de Windsor, en 3e année de droit et politique avec mineure en études françaises, cela permet « d’avoir la possibilité d’embrasser notre langue et de se l’approprier pleinement comme une identité à soi. »

Andrelle Mboudjeke, vice-présidente du chapitre jeunesse du Club Richelieu de Windsor, de même cycle universitaire, considère qu’étudier dans les deux langues permettra de leur ouvrir beaucoup plus de portes dans leur carrière future.