Deuxième manche dans Glengarry-Prescott-Russell
Comme en 2015, le libéral Francis Drouin et le conservateur Pierre Lemieux se disputeront les faveurs des électeurs dans Glengarry-Prescott-Russell, dans l’Est ontarien. Mais cette fois, ce sera à M. Drouin de défendre le bilan de son gouvernement.
LE CONTEXTE
En 2006, le député conservateur Pierre Lemieux avait réussi à conquérir un château fort libéral vieux de 44 ans. Mais neuf ans plus tard, l’ancien lieutenant-colonel dans les Forces armées canadiennes n’avait pas résisté à l’usure du pouvoir qui a frappé le Parti conservateur du Canada (PCC). Cette année, c’est à Francis Drouin de défendre son bilan.
« Je garde toujours la même approche : je suis là pour aider les gens et les écouter », assure ce dernier.
Pendant les quatre dernières années, M. Lemieux est resté actif, présentant sa candidature à la course à la chefferie conservatrice de 2017, puis en préparant le scrutin actuel.
« Ça fait 18 mois que je travaille sur cette campagne. Ma force, c’est que j’ai une bonne réputation et suis quelqu’un d’intègre. Comme père de cinq enfants, je comprends les défis que rencontrent les familles face aux coûts de la vie », dit celui qui souhaite baisse des taxes et dépenses responsables.
Pour les autres candidats, la partie s’annonce ardue. Mais tous veulent croire en leurs chances.
« Je représente l’alternative aux partis existants qui ont oublié les valeurs qui ont fondé le Canada soit la responsabilité personnelle, la liberté individuelle, le respect et l’équité », juge le candidat du Parti populaire du Canada (PPC), M. Desgranges, qui se décrit comme un ancien libéral déçu.
La candidate verte, Marthe Lépine*, veut contribuer à une communauté où elle vit depuis 17 ans, en partageant son expérience professionnelle variée, en commerce, dans la fonction publique et comme travailleuse autonome.
Pour Konstantine Malakos, du Nouveau Parti démocratique (NPD), il s’agit d’avoir un candidat qui partage le quotidien des électeurs.
« Je sais ce que c’est que de puncher sa carte. Je suis du bord des électeurs pour améliorer leur vie. »
ENJEUX
Dans l’Est ontarien, difficile d’entamer une campagne sans parler d’agriculture. La signature de plusieurs traités de libre-échange dans les dernières années n’a pas toujours été bien accueillie par les agriculteurs dans cette circonscription rurale qui s’étend à l’est d’Ottawa, de Rockland à Hawkesbury, en passant par le canton de Russell.
« J’ai été là dans les bons et les mauvais moments pour expliquer et surtout écouter », explique M. Drouin qui jure que son gouvernement a agi dans le secteur par plusieurs investissements et programmes pour compenser les agriculteurs.
Pour cette campagne, M. Drouin insiste sur l’environnement, la lutte contre la pauvreté et le développement des infrastructures locales.
Le candidat conservateur, Pierre Lemieux, juge que le gouvernement Trudeau a abandonné les producteurs.
« Par sa politique internationale, le gouvernement a coupé les ponts avec plusieurs pays, ce qui a touché directement nos agriculteurs en limitant les possibilités d’exportations. Moi, je veux renforcer le secteur agricole. »
M. Malakos, candidat néo-démocrate, renvoie les deux partis dos à dos.
« Les accords internationaux sont négociés sans penser aux travailleurs », estime-t-il, insistant sur l’importance de renforcer les secteurs agricoles et manufacturiers pour stimuler l’économie locale et éviter l’exode des jeunes.
Sur la même ligne que son chef, le candidat du PPC, Jean-Jacques Desgranges, prône la fin du système de gestion de l’offre pour dynamiser le secteur agricole.
« Plusieurs agriculteurs qui aimeraient se lancer se retrouvent face à un mur : ils doivent acheter leur « permis » de production qui peut coûter très cher. (…) Nous voulons libérer ces entreprises et permettre à des agriculteurs de se lancer afin de créer une concurrence saine et de meilleures aubaines pour les consommateurs. »
Un point de vue que ne partage pas Marthe Lépine, candidate du Parti vert du Canada, pour qui le système de gestion de l’offre « garantit à nos agriculteurs un revenu suffisant ». Pour elle, la priorité est davantage le transport en commun entre les municipalités pour développer l’économie locale et créer des emplois.
Candidats bilingues
Tous ces candidats sont bilingues et disent avoir des propositions pour les francophones.
Ainsi, M. Desgranges, fait de l’accès aux services en français une priorité, tandis que Mme Lépine veut défendre les acquis. Le candidat du NPD, M. Malakos, produit de l’immersion, se battra pour favoriser l’immigration francophone, faire reconnaître l’expérience des nouveaux arrivants et pour la protection et l’enseignement des langues officielles. Selon lui, tous les Canadiens devraient pouvoir se débrouiller en français et en anglais.
En matière de francophonie, Francis Drouin vante les investissements de son gouvernement après ce qu’il juge avoir été des années d’austérité conservatrice. La prochaine étape, selon lui, est de veiller à ce que sa communauté de Glengarry-Prescott-Russell obtienne une juste part du Plan d’action pour les langues officielles, qui a été bonifié par le gouvernement sortant.
Partisan de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, il veut y inclure l’obligation de bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada, rappelant qu’il a voté pour le projet de loi néo-démocrate sur le sujet, auquel était pourtant opposé son gouvernement.
« C’est mon cheval de bataille! M. Lemieux, quand il était député, a voté contre un projet de loi similaire et a été silencieux quand le gouvernement a coupé dans le financement des langues officielles. »
Son adversaire conservateur se présente pourtant comme un défenseur des langues officielles.
« Je veux m’assurer que le dossier de l’Université de l’Ontario français avance et qu’on modernise la Loi sur les langues officielles », assure M. Lemieux.
LES PRINCIPAUX CANDIDATS
Francis Drouin, Parti libéral du Canada
Pierre Lemieux, Parti conservateur du Canada
Konstantine Malakos, Nouveau Parti démocratique
Marthe Lépine*, Parti vert du Canada
Jean-Jacques Desgranges, Parti populaire du Canada
LA CIRCONSCRIPTION EN BREF
Nom : Glengarry-Prescott-Russell
Population (2016) : 109 975
Électeurs inscrits : 86 010
Revenu médian des ménages : 78 905 $
Proportion de francophones (selon la première langue officielle parlée, déclarée au recensement de 2016) : 60,78 %
Député sortant : Francis Drouin, Parti libéral du Canada, depuis 2015
* La candidature de Mathe Lépine pour le Parti vert du Canada a été retirée par le parti, le 7 octobre, à la suite de propos tenus par Mme Lépine sur les médias sociaux, par le passé, contre l’avortement.