Politique

Un discours du Trône sans faute en français qui souligne « un Grand Nord fort et libre »

Le roi et la reine aux côtés de Mark Carney à l'édifice du Sénat lors de la lecture du discours du Trône. Crédit image:Getty Pool / Pool via Getty Images

OTTAWA – C’est en vantant « les racines françaises » du Canada et soulignant la langue française comme « au cœur de l’identité canadienne » dans « un Grand Nord fort et libre » que le roi Charles III a prononcé le discours du Trône, en anglais et dans un français sans faute.

Cette allocution d’une vingtaine de minutes au Sénat, où le souverain a présenté les priorités du gouvernement fédéral, a officiellement ouvert la 45e session du Parlement. Cette visite était vue par le premier ministre Mark Carney comme une façon de lancer un message au président américain Donald Trump en réaffirmant la souveraineté du Canada.

Dans une remarque à peine voilée destinée à Donald Trump, ce discours a rappelé que « le Grand Nord est en effet fort et libre. »

Lors de sa mention de la rencontre de mai à la Maison-Blanche entre les dirigeants canadien et américain, Charles III a souligné l’amorce d’une « nouvelle relation économique et de sécurité » reposant sur « le même intérêt à transformer leurs nations souveraines pour le mieux ».

Le monarque a rappelé qu’il s’agissait de sa 20e visite au pays, soulignant qu’à chaque fois « un peu plus de Canada s’infiltre dans mon sang, et de là, directement dans mon cœur ». Il a aussi évoqué celles effectuées par sa mère comme souveraine lorsqu’elle avait ouvert le Parlement en 1957, dans un Canada qui a depuis « accédé à la pleine indépendance et connu une croissance phénoménale ».

« Le Canada a fait siennes ses racines britanniques, françaises et autochtones pour devenir un pays audacieux, ambitieux et novateur qui est également bilingue, véritablement multiculturel et engagé dans la voie de la réconciliation », a-t-il flatté devant un Sénat bondé de sénateurs, d’élus et d’actuels et anciens hauts dignitaires de l’État.

Les anciens premiers ministres Stephen Harper et Justin Trudeau étaient d’ailleurs côte à côte lors de l’adresse royale.

Le roi Charles en pleine discussion avec Justin Trudeau aux côtés de Stephen Harper. CRÉDIT IMAGE : Pool / Pool via Getty Image

Un sans-faute en français pour le Roi

L’exercice oral du monarque s’est d’ailleurs déroulé de façon assez égalitaire dans les deux langues officielles, un aspect parmi d’autres qu’il a référencés comme quelque chose qui « rend le Canada unique ». La maitrise du français du roi a d’ailleurs été un sans-faute, lui qui n’a eu aucun problème à lire les passages dans la langue de Molière dans un français clair et net.

« Le Canada est un pays où l’on respecte et célèbre les langues officielles et les langues autochtones », a-t-il prononcé, citant que « la langue française et la culture québécoise sont au cœur de l’identité canadienne ».

Il a souligné la volonté gouvernementale de protéger « les institutions qui font rayonner ces cultures et cette identité dans le monde entier, comme CBC/Radio-Canada ».

Le discours a fait également référence aux nombreuses promesses libérales de la campagne électorale : mettre fin aux barrières commerciales, baisser les dépenses de l’État, réduire les impôts de la classe moyenne et éliminer la TPS sur les nouvelles maisons…

Il comprenait aussi de nouvelles mesures de sécurité frontalière avec des nouveaux pouvoirs pour les forces de l’ordre, 1 000 employés supplémentaires à la GRC, une sévérité accrue pour les infractions à domicile et les vols de voitures, etc.

Fin de la visite canadienne

Accompagné de la reine Camilla en landau royal et escorté par des gendarmes canadiens à cheval, le souverain est arrivé devant l’édifice du Sénat une quarantaine de minutes avant le discours du Trône. Parti de l’édifice de la Banque du Canada, le cortège royal a emprunté la rue longeant le Parlement et la chambre haute pendant près d’une minute, permettant au couple royal de saluer la foule rassemblée le long du parcours.

Sous les tirs de canons et de l’hymne royal God Save the King, le monarque a ensuite salué les membres de la garde royale avant de s’engouffrer dans l’édifice du Sénat en compagnie de la gouverneure générale et de Mark Carney.

Le couple royal doit repartir ce mardi après-midi. Ils sont arrivés hier et sont notamment allés à la rencontre de Canadiens au parc Lansdowne au centre-ville d’Ottawa avant de se diriger vers Rideau Hall où le roi s’est entretenu avec la gouverneure générale Mary Simon, Mark Carney et des dirigeants des communautés autochtones.