Disparition de Marcel Gingras, figure du journalisme franco-ontarien
OTTAWA – La disparition de l’ancien rédacteur en chef du quotidien Le Droit, Marcel Gingras, a été rendue publique ce mercredi. Franco-Ontarien d’adoption, il y défendait les droits des Franco-Ontariens avec virulence de 1964 à 1973.
Décédé le 1er novembre dernier, à l’hôpital Montfort, des suites d’une pneumonie et d’insuffisance cardiaque, à l’âge de 92 ans, la disparition de M. Gingras a suscité plusieurs réactions dans la communauté franco-ontarienne, sur les médias sociaux.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a offert ses plus sincères condoléances aux proches de Marcel Gingras, soulignant le travail de ce Trifluvien d’origine, ancien étudiant au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières et à l’Université de Montréal, qui s’est établi à Ottawa, en 1949. Dans la capitale nationale, il occupera le poste de journaliste, correspondent parlementaire à Queen’s Park, membre de la Tribune de la presse sur la colline parlementaire fédérale et éditorialiste en chef du quotidien Le Droit de 1964 à 1973 en plus d’en être le rédacteur en chef.
« L’historien Serge Miville a déjà dit que Marcel Gingras était « un des plus grands éditorialistes qu’ait connu l’Ontario français ». En effet, maniant habillement la plume et la prose, M. Gingras défendra farouchement les droits des Franco-Ontariens dans ses éditoriaux dans les années 1960, notamment à l’époque de l’obtention des écoles secondaires publiques de langue française et des crises scolaires subséquentes, du bilinguisme officiel ou encore, en faveur de la création d’une université de langue française en Ontario », écrit l’organisme, dans une déclaration publique diffusée sur les médias sociaux.
Journaliste reconnu
Le militant franco-ontarien d’Orléans, Diego Elizondo, y partage lui aussi une anecdote.
« Quand je travaillais à la Librairie du Centre, de 2011 à 2013, un monsieur âgé, timide et discret venait de temps à autre acheter une copie du Devoir et repartait aussitôt sans demander son reste. J’étais étudiant et je menais dans mes temps libres des recherches en histoire franco-ontarienne, particulièrement dans les éditoriaux de journaux. Un nom revenait souvent : Marcel Gingras. Un jour, le client âgé qui venait des fois à la librairie est apparu dans un reportage sur l’histoire et l’identité franco-ontarienne : c’était lui, Marcel Gingras! », se souvient-il.
Les éditoriaux de M. Gingras lui ont valu une citation honorifique en 1970 au Concours national de journalisme.
« Il est le seul Franco-Ontarien à avoir obtenu cette prestigieuse distinction », précise l’AFO.
« Franco-Ontarien de conviction »
Après avoir quitté le journalisme, M. Gingras a travaillé au sein de la fonction publique fédérale jusqu’à sa retraite en 1986. Il est resté impliqué dans la communauté, comme membre du conseil d’administration de la Bibliothèque publique d’Ottawa, où il s’est assuré qu’une large sélection de livres en français soit offerte.
M. Gingras a également été membre du conseil d’administration des Éditions L’Interligne de 1988 à 1992 et président de l’Alliance française Ottawa de 1979 à 1981.
Journaliste, il signera aussi deux essais : l’un sur le peintre franco-ontarien d’origine belge « Henri Masson » et l’autre sur le premier ministre canadien John Diefenbaker, intitulé « Diefenbaker et le Canada français », paru en 1997.
« M. Gingras s’est toujours présenté comme ‘un fier Franco-Ontarien de conviction’ », souligne l’AFO dans une déclaration publique.
Un hommage lui sera rendu samedi 1er juin, à la maison funéraire Racine, à Ottawa.