Politique

Contrairement à Doug Ford, Mulroney se range derrière Poilievre

Caroline Mulroney a apporté publiquement son soutien au chef conservateur en course pour les élections fédérales. Montage : ONFR / Photos : ONFR et Presse canadienne
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TORONTO – Contrairement à son leader Doug Ford, qui n’a pas voulu s’ingérer dans la campagne électorale fédérale, Caroline Mulroney a décidé de se ranger derrière le chef conservateur Pierre Poilievre en lui témoignant pour la première fois un soutien public, en tant qu’« amie de longue date ».

La ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du Trésor dans le gouvernement Ford a présenté et encensé le leader fédéral, ce mercredi matin en conférence de presse à l’Arcadian Court, au centre-ville de Toronto. 

« Nous avons besoin d’un leader qui s’adressera à Donald Trump et, ce faisant, au nom de tous les Canadiens. Et il n’y a qu’une seule personne dans cette course qui puisse faire les deux : Pierre Poilievre », a-t-elle lancé devant des centaines d’invités, membres et sympathisants du Parti conservateur du Canada. 

Cette dernière était la seule membre du cabinet ministériel du gouvernement Ford présente à cet événement. En début de campagne, le premier ministre ontarien Doug Ford avait refusé de se ranger derrière un candidat, pas même Pierre Poilievre, aux mêmes couleurs politiques, expliquant que « ce n’est pas son rôle ».

Dans une mêlée de presse très succincte, Caroline Mulroney a défendu son appui et soutenu qu’elle en avait avisé son chef : « Je suis une amie de longue date de M. Poilievre et j’étais fière de le présenter aujourd’hui », a-t-elle affirmé.

« Nous allons être complètement submergés. Concentrons-nous sur l’Ontario. C’est notre objectif principal », avait pourtant lancé M. Ford comme message il y a deux semaines à ses députés.

La ministre des Affaires francophones a d’ailleurs ajouté que très peu de ministres provinciaux se rangeaient, du moins publiquement, derrière Pierre Poilievre dans cette campagne : « Comme le premier ministre l’a dit, on est tous très occupés. On vient juste de gagner notre élection », a-t-elle justifié.

L’ombre de Brian Mulroney

Les liens entre la famille de l’ancien premier ministre canadien Brian Mulroney et Pierre Poilievre pourraient bien expliquer cet appui public de la part de la ministre des Affaires francophones. Elle y a fait référence dans son discours.

« Croyez-le ou non, mon père a été un des premiers donateurs de Pierre lors de sa campagne de 2004 dans Nepean-Carleton. Ce qu’il a vu à ce moment-là, c’est ce que les Canadiens voient maintenant. Quelqu’un avec des convictions et qui croit au potentiel du Canada », a-t-elle partagé, ajoutant que M. Poilievre « se tournait souvent vers mon père pour des conseils politiques ».

Caroline Mulroney introduit le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre en conférence de presse à Toronto. Photo : ONFR/Sandra Padovani

« Sa sagesse serait précieuse aujourd’hui et j’aimerais bien pouvoir lui parler au téléphone en ce moment pour obtenir ses conseils », a confié Pierre Poilievre au sujet du défunt premier ministre.

Mme Mulroney a aussi mentionné les nombreuses discussions entre elle et le politicien fédéral sur des enjeux citant notamment la francophonie canadienne.

Francophonie : « Pour Pierre, il ne s’agit pas d’une priorité de façade ou d’un calcul politique. »
— Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones

« La francophonie canadienne, particulièrement celle en situation minoritaire, est un enjeu crucial qui nous tient profondément à cœur. Pour Pierre, il ne s’agit pas d’une priorité de façade ou d’un calcul politique, c’est une richesse qu’il favorise pleinement et qui façonne son engagement dans la vie publique. »

Alors que le président américain Donald Trump se prépare dans quelques heures à appliquer des tarifs sur un ensemble de produits canadiens, le chef conservateur a présenté son plan de réplique au locataire de la Maison-Blanche.

Il propose de négocier dès le lendemain de l’élection, s’il est élu, un nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis. Il veut aussi lancer un programme de prêts temporaires pour les entreprises et travailleurs directement touchés par cette guerre économique.

Se disant d’accord avec l’approche d’une réplique tarifaire réciproque, l’aspirant premier ministre a aussi expliqué qu’il n’avait pas pour le moment, lui ou son camp, approché la Maison-Blanche, souhaitant respecter l’approche des premiers ministres Justin Trudeau et Mark Carney.

Il était resté plus discret depuis quelques semaines sur cette menace américaine, une approche critiquée notamment par des conservateurs.

« Il ne faut pas diviser notre voix et nos liens avec l’exécutif de la Maison-Blanche. C’est maintenant au premier ministre libéral d’avoir des contacts directs avec la Maison-Blanche », a-t-il précisé en conférence de presse.