L'entente de soutien mutuel entre les deux partis intitulée « Obtenir des résultats dès maintenant pour les Canadiens » datait de mars 2022, et devait durer jusqu’en juin 2025, date théorique des élections fédérales. Photo : Montage ONFR

OTTAWA – Dans une vidéo publiée ce mercredi, le chef fédéral du NPD Jagmeet Singh annonce la rupture de son entente avec le gouvernement libéral de Justin Trudeau signée depuis mars 2022. Selon une politologue, des élections fédérales pourraient être déclenchées à tout moment, dès cet automne, et affecter, par ricochet, celles de l’Ontario.

« L’entente est rompue. Les libéraux sont trop faibles, égoïstes et soumis aux intérêts des grandes entreprises pour affronter les conservateurs. Mais nous pouvons le faire. Les grandes entreprises et les PDG ont eu des gouvernements à leur service. Maintenant, c’est à votre tour », a publié aujourd’hui Jagmeet Singh sur son compte officiel X.

La coalition, datant du 22 mars 2022 entre le NPD du Canada et le gouvernement, visait à servir les intérêts mutuels des partis et assurait à Justin Trudeau d’aller au bout de son mandat, jusqu’en juin 2025.

Un changement de direction brutal mettant en difficulté le Parti libéral du Canada, minoritaire à la Chambre des Communes.

Singh semble ainsi se détacher de l’image d’un Trudeau au plus bas dans les sondages qui donnent les conservateurs gagnants. Leur leader, Pierre Poilievre, incitait d’ailleurs publiquement les néo-démocrates à s’émanciper.

Selon la politologue Geneviève Tellier, l’intention du NPD serait également de changer de stratégie, de « partir en campagne » et de « frapper un grand coup » pour gagner du terrain sur le Parti conservateur du Canada.

Celle-ci explique en effet le glissement général des milieux travailleurs vers les conservateurs, ce changement d’orientation néo-démocrate visant à renverser la tendance.

Élections fédérales et provinciales : le double effet

« Cette décision vient fortement augmenter la probabilité d’élections plus rapides, analyse la politologue. Cela peut arriver n’importe quand à partir du 16 septembre, dès que la chambre siègera. »

« Durant les journées d’opposition, un parti pourrait aussi déposer une motion de non-confiance (pour renverser le gouvernement) menant à un vote. Je ne pense pas que les néo-démocrates le feraient, mais ils pourraient très bien l’appuyer si elle venait des conservateurs. »

Une élection dès cet automne affecterait vraisemblablement, par ricochet, les prochaines élections ontariennes.

La veille, en conférence de presse, le premier ministre ontarien Doug Ford, qui laisse également planer le doute d’une élection anticipée, excluait la possibilité de retourner aux urnes dès 2024, laissant le champ libre aux spéculations pour 2025.

« Cependant, pour Doug Ford, la hantise d’avoir Pierre Poilievre comme premier ministre est bien réelle. Si on a des élections aussi tôt, l’Ontario inversera probablement sa stratégie initiale (qui était de devancer une élection potentielle des conservateurs) et attendra peut-être le plus longtemps possible, pour faire retomber un peu la poussière, soit jusqu’à l’échéance maximale de juin 2026 », conclut Mme Tellier.