Entrée en vigueur du passeport vaccinal, l’heure de vérité
Après une volte-face du premier ministre ontarien, Doug Ford, le passeport vaccinal entre en vigueur dans la province ce mercredi. Concrètement, cela se traduit par l’obligation d’être entièrement vaccinés, preuves à l’appui, afin de pouvoir accéder à certains lieux jugés non essentiels et autres établissements publics.
Voilà pour la théorie. Concernant la pratique le bât pourrait blesser, au vu des petits couacs observés dans les trois autres provinces qui ont devancé l’Ontario en la matière. ONFR+ est parti à la rencontre des principaux concernés et ce, des deux côtés du « comptoir ».
Deux semaines après sa mise en application par la voisine québécoise, le passeport vaccinal, ou certificat de vaccination dans sa dénomination la plus légère, fait son entrée en Ontario.
Selon le Dr Kieran Moore, médecin hygiéniste de l’Ontario, cette règle vise à « doter la population ontarienne des outils dont elle a besoin pour limiter davantage la propagation du virus, assurer sa sécurité et garder la province ouverte et opérationnelle ». Toutefois, bien souvent, c’est entre la théorie et la pratique que s’immisce l’erreur.
Petit rappel (vaccinal)
Sur le terrain, cette mesure se traduit par la présentation d’une preuve de vaccination complète secondée par une pièce d’identité avec photo pour pouvoir pénétrer dans « certains lieux intérieurs publics à haut risque, où le port du couvre-visage n’est pas toujours possible », peut-on lire dans le communiqué du gouvernement.
Dans les faits, le mot « certains » semble peu adéquat dans ce cas, car cela concerne la majorité des lieux publics, à l’image des bars, des restaurants, des salles de sports, des théâtres, des festivals, des espaces de réunion et d’événements, des stades et – évidemment – des clubs échangistes pour ne citer que ceux-là.
Néanmoins, il existe quelques exceptions à la règle. Les personnes qui ne peuvent pas recevoir le vaccin pour motif médical ainsi que les enfants de 11 printemps et moins en sont exemptés.
Un manque de préparation selon les intéressés
Qu’ils soient restaurateurs ou acteurs du secteur de l’événementiel, le même constat revient dans la bouche des travailleurs en première ligne. « On a dû nous-même s’informer auprès du gouvernement de ce qui est toléré et ce qui ne l’est pas.
Mais, comme c’était le cas pendant toute cette pandémie, il faut savoir trouver les informations soi-même. C’est le cas de tout le monde, on doit connaître les règles instaurées, les digérer et finalement les adapter au mieux à notre activité », confie Michel-Olivier Matte, directeur général du Festival franco-ontarien, sans être défaitiste pour autant, bien au contraire.
« Je suis tout de même très favorable à cette mesure. Je pense que tous les moyens sont bons pour inciter les citoyens à se faire vacciner pour venir à bout de cette histoire. Je suis certain que le passeport vaccinal ne va pas poser de problème. J’en veux pour preuve le fait que l’annonce de son application a été faite après la vente des billets pour notre festival et, jusqu’à présent, on a enregistré aucune plainte ou demande de remboursement de la part de nos festivaliers », attenue-t-il.
Du côté des sceptiques, le constat est on ne peut plus amer. « Non! Je ne suis pas d’accord sur le principe même de l’instauration d’un passeport vaccinal. On a assez imposé de restrictions aux restaurateurs. On est resté fermé pendant un an et demi et voilà qu’on nous rajoute une charge de travail supplémentaire à une période où on manque de personnel », se désole le chef Pascal Geffroy du bistrot Batifole.
« Pour moi, le passeport sanitaire est plus une contrainte qu’autre chose, d’autant plus que le fait d’être vacciné n’écarte pas complètement la possibilité d’être contaminé ou de contaminer. On imite le Québec pour l’imiter, c’est tout », ajoute-t-il, non sans une colère à la limite de la retenue.
Mieux vaut tard que jamais
De l’autre côté du « comptoir », les propos du restaurateur ont de quoi faire hérissé le poil à l’opposition. Contacté à ce sujet, le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en Ontario, Guy Bourgouin ne mâche pas ses mots non plus.
« Au NPD, on est 100 % avec le passeport vaccinal même si on trouve qu’il n’est pas assez strict comparé aux autres provinces qui, au passage, ont fait ce choix avant nous. Chez nous, cet outil permet à beaucoup de personnes d’échapper à la vaccination. Sans parler du fait que sa mise en application est très tardive, ce qui ne m’étonne pas de la part du premier ministre, Doug Ford qui nous a habitué à trainer des pieds lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes », ironise-t-il.
Pour rappel, l’Ontario est la quatrième province en un mois à avoir opter pour un tel outil après le Québec, la Colombie-Britannique et l’Alberta.