Photo tirée du site Web du CN.

OTTAWA – De passage devant les parlementaires mercredi, la présidente unilingue anglophone du Canadien National (CN) Tracy Robinson a refusé d’offrir des excuses aux francophones après les événements des dernières semaines. Le CN s’est retrouvé sous les projecteurs après que son conseil d’administration se soit retrouvé sans aucun représentant francophone.

« Ce que j’offre c’est un engagement à nommer très bientôt un administrateur francophone du Québec. C’est une priorité pour moi et notre conseil d’administration. Ce que je vous offre, c’est un engagement ferme sur les actions qu’on prend pour rectifier la situation », a-t-elle répondu au député néo-démocrate Alexandre Boulerice.

Ce dernier lui demandait si elle voulait offrir des excuses au nom de l’entreprise fédérale envers les francophones à la lumière des récentes révélations.

La Presse révélait, via des témoignages, que des employés n’étaient pas « confortables » à travailler en français. Certains subiraient de la pression et des menaces de mesures disciplinaires pour les forcer à travailler en anglais.

Le Canadien National, qui est assujettie à la Loi sur les langues officielles, avance avoir comptabilisé 70 plaintes depuis le mois d’avril en lien avec la langue française. Si des employés craignent des représailles, c’est complètement inacceptable, a exprimé la dirigeante du CN devant le Comité des langues officielles.

Au cours de son témoignage, Tracy Robinson a répété à multiples reprises l’engagement de la compagnie envers les deux langues du pays.

« Peu importe si c’est une obligation, 90 % de nos cadres supérieurs au Québec parlent français, a-t-elle donné en exemple. Je pense que ça démontre qu’on prend la langue de façon très sérieuse. »

Trois administrateurs francophones

Tracy Robinson a promis d’ici les prochaines semaines de trouver un administrateur francophone, soulignant au passage qu’il y avait un grand nombre de candidats francophones disponibles. Après le départ de Jean Charest, la compagnie ferroviaire ne s’était retrouvée avec aucun représentant francophone au sein de son conseil d’administration.

« Nous avons trois membres de notre conseil d’administration qui parlent français. On a deux personnes, la présidente du conseil Shauneen Bruder et moi-même qui travaillons très fort pour devenir fluides en français… Nous avons donc une représentation considérable de personnes parlant français sur notre conseil d’administration. »

La présidente du CN Tracy Robinson.
La présidente du CN Tracy Robinson. Photo tirée du site Web du CN.

Mme Robinson a été nommée en janvier dernier, après le départ à la retraite de Jean-Jacques Ruest, qui était bilingue. Elle avait promis à l’époque d’apprendre le français.

« Je pense que la bonne façon de démontrer notre engagement, et d’avoir un message très fort, ça serait d’avoir une personne de l’Ouest canadien apprenant le français à la tête du CN », a soutenu celle-ci qui a brièvement parlé en français au début de son apparition.

Les élus peu impressionnés

Les parlementaires n’ont pas été satisfaits des réponses de Mme Robinson.

« Je voulais une excuse au nom de la compagnie, ça aurait envoyé un message fort aux Québécois et aux francophones. Malheureusement, on ne l’a pas eu. Ça teinte un peu tout le reste de son témoignage selon moi, car sur beaucoup d’enjeux, il fallait la croire sur parole et sur sa bonne foi », a réagi Alexandre Boulerice, l’auteur de la motion invitant la haute dirigeante à comparaître au comité.

« Plus ça change, plus c’est pareil », s’est désolé le conservateur Joël Godin.

« On ne sent pas une sensibilité au fait français. Le fait de nommer un membre du conseil d’administration francophone du Québec, c’est un pas. Maintenant, il faut avoir le bénéfice du doute, car ça fait trois mois qu’elle est là », a concédé le porte-parole conservateur en Langues officielles.

Le bloquiste Mario Beaulieu n’hésite pas à mettre son témoignage dans la même catégorie que celui du PDG d’Air Canada Michael Rousseau.

« J’ai l’impression de m’être fait niaiser, pas seulement par elle (Tracy Robinson), mais par Air Canada et tout ça… Ces compagnies-là viennent nous dire qu’il n’y a pas de problèmes et qu’ils ont fait des efforts alors que c’est tout à fait le contraire… Au niveau de ses réponses -je trouve ça inacceptable-, elle admet passablement rien. »