« Nos jeunes sont des agents de changement », clame Mélina Leroux

La directrice générale de la FESFO, Mélina Leroux. Gracieuseté

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Mélina Leroux est directrice générale de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). La native de Rockland est à la tête de l’organisme qui regroupe plus de 25 000 jeunes franco-ontariens.

LE CONTEXTE :

Après deux ans de pandémie, la FESFO organise à partir de ce mercredi un congrès provincial réunissant une centaine d’élèves qui vont y développer des compétences dans le but d’accroître leur leadership.

L‘ENJEU : 

Le congrès et son AGA vont faire émerger les demandes qui feront l’objet d’un plan d’action auprès du conseil de représentation.

« Le Congrès de la FESFO se déroule sur cinq jours, une première fois en présentiel depuis 2019. Comment cela va se dérouler?

Bien, je l’espère ! Nous attendons 97 ou 98 jeunes qui représentent 50 écoles des six régions de la FESFO : Nord, Centre, Ottawa, Est, Sud et Grand Toronto. Certaines écoles n’ont pas envoyé de délégués, et d’autres, une à trois personnes par école.

Nous serons dans un camp nature à Torrance près de la région de Barrie. C’est un congrès pas comme les autres. Ça va être un espace où les jeunes vont créer et travailler ensemble. Le but, c’est qu’ils soient des agents de changements dès leur retour à l’école.

Ce qui va se passer aussi, c’est notre assemblée générale annuelle qui se déroule habituellement durant les Jeux franco-ontariens. Nos jeunes nous ont dit que ça ne fonctionnait pas et donc ça tombe bien de la faire dans ce contexte de congrès.

On va leur poser la question : « Qu’est-ce que la FESFO peut faire pour la jeunesse franco-ontarienne? » Ça peut nous apporter de tout et de rien, mais il y a toujours quelque chose qui en ressort. Nous avons parlé dans le passé des institutions postsecondaires, des enjeux de justice sociale…

Ça leur permet de nous dire ce qu’ils veulent et nous de les aider à prévoir la suite. Cette AGA sera la plus importante en nombre depuis les dix dernières années.

Et quel est l’objectif de ce congrès?

Nous avons déterminé quatre parcours pour ce congrès : le sondage, le panel, les groupes de discussion et les campagnes de sensibilisations. Les élèves choisissent un parcours et durant cette fin de semaine, ils vont le mettre en pratique. Par exemple, le groupe qui a choisi le panel devra tenir un panel, la gang de sondage devra créer un sondage, etcetera.

Pour nous, c’est l’occasion de faire de l’empowerment jeunesse et de développer des softskills et hardskills à travers ces parcours. Comme ça, quand ils retournent dans leurs écoles, ils peuvent mettre ça en pratique eux mêmes. Nos jeunes sont des agents de changement.

Par exemple, si c’est la Journée de la femme, eh bien les jeunes peuvent monter un panel avec des femmes leadership de leur communauté. Ou encore, s’ils veulent créer leur carnaval d’hiver, ils peuvent créer un sondage pour savoir quelles activités leurs pairs voudraient avoir. Ils pourront transmettre ça dans leur école et leur communauté.

Quels outils et compétences allez-vous offrir à la jeunesse?

On est beaucoup dans le développement de compétences et le savoir-être. À l’école, ils ont un apprentissage très théorique. On complète l’école en les aidant à développer la pensée critique, la sécurité linguistique et faire des rencontres. On leur offre l’espace pour avoir des conversations, travailler ensemble. Il y a une tendance où le personnel scolaire ne laisse pas tant de place aux jeunes, donc on veut leur donner les outils pour qu’ils puissent s’exprimer, comme dire : « Monsieur, Madame, je pense avoir une bonne idée, voilà comment je développerais ça ». On essaie de leur donner les compétences d’un chargé de projet, de leadership et aussi de relations humaines.

Il y a de la pression sur les élèves, faire les devoirs jusqu’à deux heures du matin, s’attendre à ce qu’il fasse du bénévolat, qu’ils soient bons, voire très bons à l’école, mais aussi qu’ils travaillent. Il ne faut pas oublier que pendant la pandémie, c’étaient nos travailleurs essentiels, dans les épiceries, les restaurants, les fast-foods.

Avec le Congrès de la FESFO, on veut réfléchir au bien-être de nos jeunes leaders. Nos jeunes font des burn-out à 15 ou 16 ans, c’est sûr qu’ils ne voudront pas contribuer à la communauté qui les a brûlés. On veut qu’ils sachent que c’est ok de dormir à 22h, c’est ok de sortir de sa zone.

Après deux ans de pandémie, est-ce que la jeunesse est présente et se mobilise?

Nous sommes un peu mitigés sur cette question. On est toujours dans cette pandémie quelque part, avec le spectre de la prochaine vague. Mais, les jeunes sont relativement présents. Puis c’est un test et clairement pour un événement d’automne, on est autour des mêmes chiffres prépandémie. C’est assez encourageant, même si c’est la toute première fois qu’on offre le congrès dans ce format-là. Ça a peut-être motivé les jeunes, mais le présentiel semble avoir aidé, en tout cas, ils répondent à l’appel.

Quels seraient les enjeux majeurs de la FESFO pour 2023?

On veut revoir notre programmation, il nous faudra des conversations stratégiques. Notre plan pour 2023, c’est de faire une tournée dans les écoles, où on va aller à la rencontre de nos membres. Je ne peux pas en dire plus, il faut garder des surprises. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on va pouvoir rejoindre plus de gens. C’est notre gros projet et par la suite tout va dépendre de ce que l’AGA va dévoiler. »