Ford assure à Scheer que les services en français ne sont pas menacés
OTTAWA – Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC) Andrew Scheer indique que le premier ministre ontarien Doug Ford lui a assuré que les services aux Franco-Ontariens ne seront pas affectés par les coupures annoncées jeudi. Il critique la volonté du Parti libéral du Canada (PLC) de vouloir en faire un enjeu partisan.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Discret sur la décision du gouvernement Ford de supprimer le Commissariat aux services en français et d’abandonner le projet d’Université de l’Ontario français lors de son passage au Congrès du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, ce samedi, le chef du PCC est sorti du silence, ce dimanche. Lors d’un point presse pour présenter les attentes de son parti pour l’énoncé économique fédéral de l’automne, M. Scheer a martelé son appui aux langues officielles.
« Mon appui aux langues officielles est clair et fort. Je suis fier d’être bilingue et de continuer à travailler pour améliorer mon français. J’ai moi-même profité de l’accès aux programmes d’immersion en Ontario et je supporte ces programmes. »
Le chef conservateur a confirmé avoir rencontré le premier ministre ontarien Doug Ford en marge du congrès du Parti PC.
« Je lui ai fait part de mes inquiétudes et de celles de plusieurs membres de mon caucus et de citoyens. Je lui ai aussi dit qu’une fois élu en 2019, je vais travailler avec tous les premiers ministres à travers le pays pour m’assurer que les services en français ne seront pas affectés par aucun changement et qu’on trouvera des solutions pour les protéger. »
« M. Ford m’a dit que son but était de protéger les services, on va observer » – Andrew Scheer
M. Scheer a indiqué avoir reçu l’assurance de la part du gouvernement que les services aux citoyens francophones ne seront pas affectés. Il a toutefois reconnu ne pas avoir demandé au gouvernement progressiste-conservateur de revenir sur ses décisions, jugeant celles-ci avant tout « administratives ».
« C’est à chaque gouvernement provincial de gérer son système et ses programmes pour les citoyens. Le but est que l’accès aux programmes ne soit pas affecté pour les gens qui parlent une langue minoritaire. »
Dans une lettre d’opinion, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney a notamment assuré que si le projet d’Université de l’Ontario français ne verra pas le jour, son gouvernement « est déterminé à soutenir et à améliorer les programmes d’enseignement postsecondaire en français existants afin de répondre aux besoins des étudiants francophones et du milieu des affaires de l’Ontario dans un marché du travail en pleine évolution ».
Attaques contre Trudeau
Lors de son allocution publique, samedi, face aux militants progressistes-conservateurs ontariens, le chef du PCC avait privilégié les attaques contre le premier ministre libéral Justin Trudeau, à moins d’un an des élections fédérales. M. Scheer a demandé leur soutien pour faire avec le PLC ce que l’Ontario a réussi à faire avec les troupes de Kathleen Wynne, en juin.
Dans son discours, M. Scheer a même lancé ce qui sera peut-être son thème de campagne l’automne prochain : « People First! ». Un slogan qui n’est pas sans rappeler celui du Parti PC lors de la récente course électorale, « For the people ».
De quoi faire un rapprochement entre les deux partis, comme a tenté de le faire la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, à plusieurs reprises ces derniers jours?
Le lieutenant politique du PCC pour le Québec, Alain Rayes, a assuré que : « Sous notre gouvernement, les langues officielles vont continuer à bénéficier de programmes, services et financement robustes et nous allons travailler avec tous les acteurs concernés pour moderniser la Loi sur les langues officielles comme notre parti s’est déjà engagé à le faire. »
Et même si le PCC se dit inquiet du déficit que laissera M. Trudeau, M. Scheer pense qu’il est possible d’avoir un budget équilibré, sans couper dans les services et les programmes aux Canadiens, en gérant de manière plus responsable les finances publiques.
« Notre bilan l’a prouvé par le passé. Nous nous sommes toujours assurés d’offrir les services, spécialement dans les deux langues officielles, tout en réduisant le déficit et en équilibrant le budget. »
Joly dans la ligne de mire
Face aux attaques de Mme Joly pour qui « à chaque fois qu’un gouvernement conservateur est élu, au fédéral comme au provincial, on voit que les francophones sont les premières victimes des compressions budgétaires », M. Scheer a critiqué la ministre libérale, jugeant sa demande de rencontre avec Mme Mulroney trop tardive.
« C’est une honte que le gouvernement libéral et la ministre Joly essaient de politiser cet enjeu. On doit travailler ensemble pour trouver des solutions! L’enjeu des langues officielles est trop important pour le politiser. Ça leur a pris des jours pour réagir et demander une rencontre au gouvernement ontarien. Mme Joly a eu trois ans et elle n’a rien fait pour les langues officielles. Maintenant, elle joue des jeux politiques. Le but des libéraux, c’est de politiser cet enjeu, pas de trouver des solutions. »
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