Franck Campion mise sur le développement de la francophonie à Welland

Le maire Franck Campion. Crédit image: Rudy Chabannes

WELLAND – Crise du logement, itinérance, développement économique, démographie francophone, maintien de l’hôpital… Le maire de Welland devra, au cours de son troisième mandat, relever de multiples défis.

La cité rose grandit à vue d’œil. Le nombre de résidents a augmenté de 5 % au cours des cinq dernières années. Frank Campion en est le témoin privilégié. Au micro d’ONFR+, le maire de Welland – en poste depuis 2014 – explique qu’il souhaite accompagner cette expansion mais pas n’importe comment.

« Vous savez, il n’y a pas d’enjeu unique à Welland, mais celui qui se dégage en ce moment c’est certainement celui du développement. C’est ce dont les résidents me parlent le plus », explique-t-il, alors qu’il cherche à attirer toujours plus d’investisseurs, d’entreprises et de travailleurs sur son territoire.

Selon l’édile, cela commence par construire plus de logements abordables pour encourager l’installation des gens dans la péninsule, mais il plaide pour une façon cohérente de s’y prendre : « On doit répondre aux besoins sans nuire à l’environnement, aux quartiers existants. Pour faire du logement abordable, on a besoin de penser différemment, construire de petites unités et orienter la densification dans les quartiers existants sans étendre les limites actuelles de la ville. »

Le centre-ville de Welland. Crédit image : Rudy Chabannes

La province reste toutefois le grand arbitre de la construction. « Ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’on n’a pas la capacité de dire non à une inspection sur la densité, la taille d’un bâtiment ou les normes de voisinage », dit-il.

Voudrait-il dès lors plus de pouvoir? « Donner plus de pouvoirs aux maires, je n’aime pas ça », lâche-t-il en référence aux prérogatives données par la gouvernement Ford aux élus des deux plus grandes villes ontariennes, Toronto et Ottawa.

« On peut vivre ici toute sa vie en français »

La spirale du développement qu’il souhaite intensifier n’est pas un long fleuve tranquille. Plus de résidents nécessite plus de logements, plus d’entreprises, et signifie plus de postes à pourvoir. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, M. Campion sait qu’il doit trouver des solutions. L’une d’entre elles est de s’appuyer sur le caractère francophone de sa ville.

« On essaye d’attirer plus d’entreprises pour générer des emplois bilingues notamment. Les travailleurs qui parlent français à Welland sont très demandés. C’est une stratégie que je vais poursuivre. »

M. Campion a remporté un troisième mandat lors des dernières élections municipales. Crédit image : Rudy Chabannes

Malgré la baisse de démographique de la langue française à travers le pays, il est convaincu que « la francophonie est toujours aussi forte dans notre municipalité car autour d’elle le reste de la communauté continue d’être intéressée par cette culture et cette langue et en fait la promotion ».

En 2016, Welland comptait 8,8 % de résidents ayant le français pour première langue parlée. Un chiffre qui est tombé à 6,9 % en 2021, selon les données du dernier recensement, soit 3 810 francophones.

« On peut vivre ici toute sa vie en français, de l’enfance à la retraite » – Franck Campion

« La population francophone baisse moins parce qu’elle est moins nombreuse, que parce que le reste de la population augmente plus rapidement », relativise-t-il. « C’est à nous de faire connaître cette francophonie auprès des nouveaux arrivants notamment. »

Et de vanter des « atouts pour attirer les francophones qui viennent d’autres pays » : « On a des garderies, des écoles, le Collège Boréal, le centre de santé, le foyer de soins de longue durée Richelieu… On peut vivre ici toute sa vie en français, de l’enfance à la retraite. »

Le plus important d’après M. Campion est de « sans cesse se reposer la question : comment garder les gens ici. C’est un équilibre très important qui est en jeu : on donne une chance au développement de cette part de notre communauté et ces gens contribuent à notre culture, notre économie, nos succès ».

L’hôtel de ville et le Pont 13 sur le Canal Welland, emblème de la ville. Crédit image : Rudy Chabannes

Le maire se félicite de l’agrandissement en cours du foyer Richelieu et de la bonne santé économique des entreprises bilingues de la ville. Il dit rester sur ses gardes pour que le niveau de services à la population se maintienne, voire s’accroisse au fur et à mesure de la croissance de la ville, alors que l’avenir de l’hôpital est, entre autres, dans tous les esprits.

Frank Campion devra aussi « réenchanter » l’action politique pour susciter plus d’engagement de la population. Il a certes été confortablement réélu devant son challenger Jeff Walters, le 24 octobre dernier, mais trois électeurs sur quatre ne se sont pas déplacés aux urnes, faisant plonger le taux de participation de 34 % en 2018 à 25 % en 2022.