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Francophonie, autochtonisation, finances : les priorités de la première femme rectrice de l’Université d’Ottawa

Marie-Eve Sylvestre devient la première femme à occuper le poste rectrice de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation, en 1848. Photo : uOttawa

Première femme à la tête de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation en 1848, Marie-Eve Sylvestre entend placer la francophonie, l’engagement communautaire et l’autochtonisation au cœur de son mandat. Rectrice désignée depuis le 3 juin, elle souhaite conjuguer ambition académique et gestion responsable pour assurer la viabilité et le rayonnement de l’établissement.

Faire rayonner la francophonie, dans toute sa diversité et sa vitalité, est l’une des priorités de Marie-Eve Sylvestre, la nouvelle rectrice et vice-chancelière de l’Université d’Ottawa dont la nomination a été approuvée mardi par le Bureau des gouverneurs.

Québécoise d’origine et Franco-Ontarienne d’adoption depuis 20 ans, Mme Sylvestre devient la première femme à occuper le poste rectrice de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation, en 1848. 

Considérant la francophonie comme un pilier identitaire et un engagement concret, elle est convaincue que l’Université d’Ottawa doit continuer de servir la population franco-ontarienne et de s’imposer comme un leader de la promotion du savoir et de la recherche en français.

« Je crois à une université ancrée dans sa communauté, qui répond aux besoins de celle-ci et qui en bénéficie », souligne la rectrice désignée de l’Université d’Ottawa – la plus grande université bilingue français-anglais à l’échelle internationale et qui accueille une communauté de recherche en provenance de plus de 150 pays.

Enjeux budgétaires

Consciente des enjeux budgétaires actuels de l’établissement, Marie-Eve Sylvestre veut conjuguer ambition académique et gestion responsable afin d’assurer la viabilité de l’Université.

Pour ce faire, elle compte aller à la rencontre des partenaires, des gouvernements et des communautés « pour bâtir des projets à la hauteur de nos ambitions collectives ». Pour elle, le caractère unique de la capitale – centre politique, diplomatique, technologique et culturel – crée un écosystème idéal pour enrichir l’expérience universitaire, stimuler la recherche et l’innovation et éclairer les grands débats de société.

« Nous comptons travailler avec les gouvernements, les groupes communautaires, les organisations internationales et le secteur privé pour relever les plus grands défis sociétaux de notre époque – changements climatiques, Arctique, commerce international, crise du logement, insécurité alimentaire, démocratie et gouvernance – faire progresser la technologie, notamment les technologies quantiques et l’IA, et orienter l’avenir des soins de santé. Je tends la main à notre communauté », précise Marie-Eve Sylvestre, citée dans un communiqué de l’Université.

À ce titre, Jennifer Adams, présidente du Bureau des gouverneurs de l’Université, estime que  l’Université bénéficiera grandement de la détermination de Marie-Eve Sylvestre à forger de nouveaux partenariats et à créer des programmes inédits pour le corps étudiant. « Il en va de même pour son style de leadership misant sur la collaboration et les bonnes relations, qui nous aidera à renforcer notre position en tant que carrefour d’innovation, de recherche et d’apprentissage à vie », souligne la présidente du Bureau des gouverneurs de l’Université.

À noter qu’au cours des six derniers mois, un comité – constitué de 14 membres nommés par le Bureau des gouverneurs et le Sénat – a mené un processus de sélection rigoureux et inclusif avec l’appui d’une firme externe et en consultation avec des membres internes et externes de la communauté universitaire.

L’autochtonisation, un engagement

Parmi les autres priorités de la nouvelle rectrice, l’autochtonisation constitue un engagement sur lequel Jacques Frémont, l’actuel recteur, avait fait des avancées notables au cours des neuf dernières années. « Le plan d’action autochtone propose de belles et ambitieuses idées. L’exonération des frais de scolarité annoncée aura assurément un impact positif. Notre grande collectivité doit continuer de mettre en œuvre ce plan et de le faire intensément », relève-t-elle.

Elle souhaite renforcer les relations existantes avec la Nation algonquine Anishinàbeg, appuyer la recherche autochtone, intégrer les savoirs et les langues dans les programmes et favoriser la représentativité et la présence autochtone au sein du corps professoral et du personnel. 

31e personne à prendre la tête de l’Université d’Ottawa, Marie-Eve Sylvestre s’est jointe au corps professoral de l’Université d’Ottawa en 2005, après avoir obtenu son baccalauréat en droit de l’Université de Montréal ainsi que sa maîtrise et son doctorat (S.J.D.) de l’Université Harvard. 

Comme professeure, chercheuse, puis doyenne de la Section de droit civil, elle a mené plusieurs projets porteurs – du certificat en droit autochtone en français à la plateforme Jurivision.ca.

Elle est également coprésidente du Comité du Sénat sur la liberté académique de l’Université et membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada, du Conseil des gouverneurs de l’Institut national de la magistrature et du conseil d’administration du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. En 2022, le Barreau du Québec lui a accordé la distinction d’avocate émérite.