Francophonie : des rivaux de Drew Dilkens assurent pouvoir faire mieux que lui

Louis Vaupotic, Matthew Giancola et Aaron Day, candidats aux élections municipales à Windsor.
Louis Vaupotic, Matthew Giancola et Aaron Day, candidats aux élections municipales à Windsor. Montage ONFR+.

WINDSOR – Des adversaires politiques du maire sortant de Windsor pensent que le français devrait prendre plus de place dans le développement économique et culturel de la ville. Drew Dilkens, qui brigue un troisième mandat, ne mentionne aucun projet sur sa plateforme pour les langues officielles et les services en français.

« Je serai meilleur que Drew Dilkens », assure sans trop d’hésitation Matthew Giancola, un des six candidats en course pour le fauteuil de maire. Sur le plan culturel, il nourrit le projet de mettre sur pied un festival de carnaval d’hiver francophone avec de la musique, de la nourriture et des sculptures de glace, et entrevoit la langue française comme un atout culturel et économique.

Il croit aussi que la mairie pourrait faire des efforts de communication dans les deux langues officielles, alors que ses réunions du conseil municipal ne sont accessibles qu’en anglais. « Une traduction française devrait être disponible pour toutes les communications de la mairie et de la ville », estime-t-il.

Un point de vue que rejoint Louis Vaupotic, engagé lui aussi dans la course électorale. « En cas de demande, on devrait envisager la possibilité d’un traducteur », dit-il. « Il y a plus de possibilités de s’adapter aux communications standard de la ville, en appuyant simplement sur une touche ou en imprimant éventuellement un formulaire en français pour qu’un demandeur le remplisse. »

Favorables à plus de communication en français

Un troisième candidat au poste de maire, Aaron Day, se dit d’emblée favorable à ce qu’on mette au moins des « sous-titres en français pour accommoder nos participants de langue française et au moins reconnaître cette langue », mais explique qu’avant toute action, il faut sonder la communauté.

« Mon plan pour améliorer les services en français serait d’aborder les problèmes vécus dans la communauté francophone concernant les services, les mêmes que ceux de la communauté anglaise, et de leur offrir des chances égales de services », ajoute M. Day.

Les trois candidats reconnaissent l’importance du français, son histoire qui se confond avec celle de la ville, son statut de langue officielle et le potentiel qu’elle pourrait représenter pour le développement du tissu socio-économique.

« Il n’y a que deux langues officielles au Canada » – Louis Vaupotic

« L’exposition à une éducation bilingue est extrêmement importante pour augmenter le développement intellectuel des élèves », illustre M. Vaupotic. « Les programmes d’échange d’étudiant doivent être encouragés car, sans immersion, il est difficile de maîtriser et de réaliser la vraie valeur de la langue. Il devrait y avoir une poussée pour les compétences de communication interlinguistique spécifiques à l’emploi postsecondaire, pour permettre aux gens d’être suffisamment à l’aise pour fonctionner dans l’autre langue dans leur emploi. »

Et de déplorer la vision multiculturelle restrictive de Drew Dilkens : « Il apprécie la langue française parce qu’il a envoyé ses enfants dans une école française. Cependant, il répond aux besoins de la population locale en voulant que toutes les langues soient représentées de manière égale, mais il n’y a que deux langues officielles au Canada. »

Le développement économique, enjeu majeur

Au cours de la campagne, la place du français n’a fait l’objet d’aucun échange entre les candidats au moment de débattre. Le thème de l’économie est resté central.

M. Giancola imagine une ville « plus autosuffisante mettant davantage l’accent sur le tourisme et le succès des petites entreprises ». Cela doit passer par « une augmentation des services sociaux pour les personnes aux prises avec la toxicomanie, la pauvreté, le handicap et l’itinérance afin de créer une ville accueillante et sûre », soutient-il.

« Cela implique également la suppression de la verrière prévue de 32 millions de dollars du Festival Plaza et du projet de tramway Legacy Beacon de 8 millions de dollars, qui sont non seulement un gaspillage, mais qui seront aussi des échecs touristiques. »

Il faut d’abord « résoudre les anciens défis : chômage, itinérance, santé mentale… » – Aaron Day

Aaron Day estime pour sa part qu’on ne pourra pas développer l’économie « sans résoudre les anciens défis : chômage, itinérance, santé mentale, établissements de soins de longue durée, toxicomanie, système de santé surchargé et infrastructure vieillissante. Ce ne sont certainement pas de nouveaux problèmes, mais ils se sont aggravés avec le temps. »

Selon M. Vaupotic, la prospérité de Windsor a toujours été le résultat de la proximité des trois grands constructeurs automobiles de Detroit, de l’autre côté de la frontière. « Plus Windsor pourra aider les trois grands à s’adapter à l’avenir, meilleur sera Windsor. C’est un endroit idéal pour mettre en valeur l’innovation et le talent canadiens afin d’aider à garder les trois grands constructeurs à la pointe de la technologie.

« L’épine dorsale de cette intégration pourrait être une plaque tournante internationale du transport multimodal 24 heures sur 24 », imagine ce candidat.

Le maire sortant et candidat à sa propre succession, Drew Dilkens, a décliné nos sollicitations médiatiques. Les candidats Chris Holt, Benjamin Danyluk et Ernie Lamont n’ont pas retourné nos demandes d’entrevue.