Francophonie en perte de vitesse au NPD? Le parti se défend

Le chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, Jagmeet Singh. Crédit image: Archives ONFR+

OTTAWA – Le français serait-il en perte de vitesse au sein du parti de Tommy Douglas et de Jack Layton? C’est en tout cas ce que croit l’ancien attaché de presse du regretté Jack Layton, Karl Bélanger.

Selon lui, c’est l’absence d’un député charismatique pour défendre le bilinguisme qui fait mal au parti en ce moment.

« Le parti n’a pas vraiment un champion pour les causes qui ont rapport aux langues officielles comme pouvait l’être Yvon Godin, par exemple. C’est un manque qui peut transparaître dans la priorité qui est mise sur le français par le Nouveau Parti démocratique (NPD). C’est malheureux, mais à cause d’un plus petit caucus, le fait qu’il y ait peu de francophones maintenant, ou même de gens bilingues, en tous cas, moins qu’avant, c’est certain que ça a un impact sur comment le parti réagit par rapport aux questions linguistiques », a affirmé M. Bélanger, qui n’est plus membre du parti, lors d’un entretien via Zoom.

Des élections fédérales se pointent à l’horizon, et le NPD espère faire des gains dans la province de Québec pour amener des renforts au sein de son caucus.

« C’est évident qu’au Québec le NPD est en recul depuis l’époque de Layton et Mulcair. Dans ce sens-là, disons que la préoccupation pour le fait français n’a plus l’importance qu’elle avait à une certaine époque et ça se manifeste de diverses façons. D’ailleurs en comparant le français qui était utilisé lors des deux congrès politiques de la fin de semaine (9 -11 avril), il était évident qu’au Parti libéral le français prenait beaucoup plus de place », a ajouté M. Bélanger.

La question de la place du français au sein du NPD a été soulevée après l’élection d’un nouveau président unilingue anglophone, Dhananjai Kohli, lors du congrès tenu du 9 au 11 avril derniers.

Le chef-adjoint du NPD et porte-parole en matière de langues officielles, Alexandre Boulerice, estime que la situation n’a rien de préoccupant.

« J’étais extrêmement fier d’appuyer le duo de Dhananjai et Rosane à la tête de l’exécutif fédéral du parti. Ils feront un travail incomparable pour réunir les forces progressistes de partout à travers le pays et pour continuer le combat pour faciliter la vie des gens. Pour le NPD, c’est essentiel qu’un des deux membres du duo présidentiel soit francophone. C’est ainsi que Rosane a été élue vice-présidente. Nous avons inscrit ces règles il y a longtemps au sein de notre constitution et nous sommes fiers de continuer à valoriser la langue française et de nous battre pour protéger le fait français au pays », a déclaré le député néo-démocrate dans un courriel.

Il ajoute que ce n’est pas la première fois que cela se produit.

« Cette situation n’a rien d’inusité », a expliqué M. Boulerice. « À l’époque de Thomas Mulcair, la même situation s’est produite et Hans Marotte, leader syndical québécois, était alors devenu le vice-président du parti. Dès qu’un candidat anglophone se présente, il doit impérativement présenter un colistier francophone », a insisté M. Boulerice.

Et les autres partis?

Au Parti libéral du Canada, la présidente, Suzanne Cowan, est anglophone, mais elle a sur Tweeter, des messages vidéo où elle s’exprime en français.

Au Parti conservateur du Canada, le président Robert Batherson, anglophone également, détient « un certificat de compétence en français de l’Université Mount Saint Vincent » peut-on lire sur le site internet du parti.

Mais en ce qui a trait au NPD, certains analystes expriment des préoccupations car il n’y avait pas de candidature francophone pour combler le poste de président. C’est le cas de Stéphanie Chouinard, politologue au Collège militaire royal de Kingston.

« Dans la mesure où il y a une vice-présidente qui est francophone, d’un point de vue des communications, ça ne pose pas de problème, mais le fait qu’il n’y avait aucun candidat à la présidence qui était francophone ou bilingue, ça envoie un signal comme quoi le NPD a de la misère à attirer l’intérêt des francophones et des Québécois actuellement, et ça c’est inquiétant », a indiqué Mme Chouinard lors d’un entretien téléphonique avec ONFR+.

Mais les choses ont changé

« Actuellement on a l’impression que du point de vue du leadership, il n’y a pas un très grand intérêt pour la francophonie ou pour la question des langues officielles. Il y a certainement moyen pour le NPD de redresser la barre, mais il faudrait que ça vienne d’en haut. Mais pour le moment on n’a pas l’impression d’avoir un leadership à la tête du parti qui soit réellement intéressé par ces enjeux-là », déplore la politologue.

Le NPD pourrait devoir se battre pour sa survie lors des prochaines élections fédérales.

Les observateurs estiment que le prochain scrutin devrait avoir lieu ce printemps ou à l’automne prochain.

Selon le site de CBC, les libéraux de Justin Trudeau recueillent 35,6 % des intentions de vote à l’heure actuelle, et pourraient former de justesse un gouvernement majoritaire.

Les conservateurs d’Erin O’Toole sont toujours avec 30,3 % des intentions de vote.

Quant au NPD de Jagmeet Singh, il recueille 17,1 % des intentions de vote.