Glendon doit abandonner le français, selon l’AFO, le RÉFO et la FESFO
TORONTO – Le Collège Glendon doit arrêter en 2020 d’offrir des cours en français pour laisser le champ libre à la nouvelle Université de l’Ontario français, exigent des acteurs clés de la francophonie ontarienne. Selon eux, le succès du nouvel établissement francophone en dépend.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« Il est prioritaire que l’UOF reçoive, au minimum, dès son ouverture en 2020, l’exclusivité de l’enseignement universitaire en français à Toronto », font valoir dans une déclaration commune l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO).
Les trois organisations visent le Collège Glendon, campus bilingue de York University. Ils refusent que des cours en français soient offerts par Glendon après 2020, craignant qu’ils entrent en compétition avec les programmes francophones de la nouvelle université.
Jocelyn Leblanc, coprésident du RÉFO est catégorique : il faut une gouvernance « par et pour » les Franco-Ontariens et cela passe par une gestion exclusive des programmes.
« Le message que nous avons depuis le début, il faut que l’université franco-ontarienne ait un mandat provincial géré par et pour les francophones. Donc, il faut donner la gestion de tous les programmes aux francophones. » – Jocelyn Leblanc
En comparaison, le coprésident du REFO rappelle que lorsque les Franco-Ontariens ont obtenu la gestion des conseils scolaires, l’exclusivité de l’éducation en français a été obtenue. Pour lui, c’est une question de résister à l’assimilation de la minorité francophone par la majorité anglophone.
« On le fait pour la francophonie ontarienne, ce n’est pas une compétition qu’il doit y avoir. Si le meilleur choix était d’avoir un campus bilingue et de se faire assimiler à longueur de journée, on l’appuierait, mais ce n’est pas ça la solution pour aider la francophonie ontarienne », lance-t-il.
Jocelyn Leblanc soutient qu’il s’agit d’un droit pour les Franco-Ontariens d’avoir accès à une éducation postsecondaire en français et d’en avoir la gestion.
« C’est un concept qui fonctionne bien et c’est une raison pourquoi, les communautés francophones à travers le Canada sont vivantes », explique-t-il.
Même son de cloche chez l’AFO : « Les deux ne peuvent pas être en compétition. L’idée a toujours été de rapatrier les programmes en français vers la nouvelle université. Je ne crois pas que c’est une demande surprise », explique le président Carol Jolin, en entrevue avec #ONfr.
Dans leur lettre, les organismes interpellent Deb Matthews, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, afin qu’elle les rencontre au plus vite. Ils disent que le projet universitaire franco-ontarien « vise non seulement la création de nouveaux campus, mais aussi la réappropriation de l’ensemble des programmes universitaires en français de la province. »
Glendon s’est bâtie en misant sur son caractère bilingue et il s’agit de l’un de ses arguments de vente lors du recrutement d’étudiants.
Est-il concevable que l’établissement abandonne le français, une caractéristique centrale de son identité? « Il va falloir se pencher sérieusement sur la question et qu’on cherche des solutions hors des sentiers battus. Le mieux est que les cours en français soient offerts à un seul endroit », affirme Carol Jolin. « Si c’est à deux endroits, il faudra que ça soit sous la gouvernance de l’université franco-ontarienne », nuance-t-il, ouvrant la porte à la poursuite de cours en français à Glendon, si l’Université York ne les gère plus.
Pas dans les plans, selon le ministère des Affaires francophones
Une porte-parole pour le Ministère des Affaires francophones de l’Ontario a assuré que le souhait était davantage d’augmenter le nombre de cours en français, plutôt que le diminuer.
« C’est le but de ce projet et ça ne prendra pas cette (autre) direction », a-t-elle simplement indiqué.
Par ailleurs, la relation envisagée par le gouvernement ontarien avec les autres institutions postsecondaires dans le centre-Sud-Ouest de la province serait plutôt une relation de collaboration.
Carol Jolin répond aux critiques
Depuis l’annonce du dépôt d’un projet de loi omnibus pour débloquer plusieurs dossiers de la francophonie ontarienne, plusieurs ont émis des critiques au sujet des réels retombées de ces engagements.
« Parfois, on reçoit des fleurs, mais les pots ne sont pas loin », ironise le président de l’AFO, Carol Jolin. « Il y a deux ans, la première ministre disait ne pas croire en la nécessité d’un édifice. Les choses ont évolué. On aurait pu continuer à faire du lobbying, mais on voulait s’assurer d’avoir quelque chose en 2020. Moi, je pense aux élèves qui auront une option dans le Centre-Sud-Ouest », réplique-t-il aux critiques.
L’intégrale de la lettre
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