God Save the Queen à Queen’s Park : un mal pour un bien, selon des députés d’opposition
TORONTO – Le retour controversé du chant God Save the Queen, à Queen’s Park, provoque une marée de réactions. Mais en ne bloquant pas son retour, l’opposition a obtenu une série d’avantages législatifs. En en aucun cas, sont-ils prêts à remettre en cause la légitimité de la monarchie, disent des députés francophones.
Bien des citoyens ont été surpris d’apprendre que le gouvernement conservateur de Doug Ford a obtenu l’appui des libéraux et du Parti vert dans sa tentative de remettre en place l’hymne God Save the Queen, le premier lundi de chaque mois.
La libérale Amanda Simard tenait à clarifier les choses, dans une entrevue à ONFR+.
« Il faut comprendre le contexte », dit-elle, précisant que ce sont les règles de procédure qui étaient au cœur des discussions. Le retour du God Save the Queen était la contrepartie à l’acception de nouvelles règles au sein du parlement ontarien.
« On a gagné beaucoup de terrain. On a droit à deux questions par jour. (…) L’aspect God Save the Queen, c’était une des multitudes de choses qu’on a changé. On a demandé de retirer la chanson, mais c’était non-négociable pour le gouvernement Ford », explique-t-elle.
Concrètement, les changements procéduraux permettent aux députés de l’opposition d’avoir plus de temps de parole, de pouvoir parler plus souvent et de profiter d’une flexibilité nouvelle quant au choix de l’élu qui questionnera le gouvernement sur tel ou tel dossier.
« Je n’allais certainement pas priver les gens que je représente d’une plus grande place et voix en Chambre pour une chanson chantée, qui est non-obligatoire, et une fois par mois », dit-elle.
Mike Schreiner, chef du Parti vert, a aussi dû fournir des explications.
« Ces changements dans leur ensemble sont positifs pour notre démocratie, notamment des débats plus égaux et inclusifs et des accommodements spéciaux pour les élus avec des limitations. »
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a refusé de prendre part aux discussions entourant ces changements législatifs, dit-il, s’étonnant de la soudaine levée de bouclier du parti sur cet enjeu.
Guy Bourgouin hésite à prêter serment à la reine à nouveau
Guy Bourgouin, qui représente la circonscription de Mushkegowuk—Baie James comptant des milliers d’autochtones, est fermement opposé au retour du God Save the Queen dans la maison du peuple ontarien. Il s’agit d’une insulte pure et simple aux peuples autochtones, dit-il.
Bon nombre d’autochtones accusent la monarchie d’avoir participé aux mauvais traitements à l’endroit de leur communauté, notamment en permettant la création des écoles résidentielles.
Guy Bourgouin va plus loin. Il affirme que s’il est réélu, il se pourrait qu’il ne prête même pas allégeance à la reine. L’an dernier, le conseiller municipal de Hearst, Gaëtan Baillargeon, a fait les manchettes en refusant de prêter serment à la reine.
Après un combat de plusieurs semaines, il a été décidé que les Premières Nations pourraient dorénavant profiter d’une clause d’exception. Fait à noter : Gaëtan Baillargeon était l’adversaire de Guy Bourgouin lors de la dernière élection provinciale.
La monarchie n’est pas remise en question
Autant Guy Bourgouin qu’Amanda Simard refusent de remettre en question la légitimité de la monarchie au Canada. Les deux sont en faveur du maintient de son statut actuel.
Amanda Simard était, l’an dernier, à Buckingham Palace pour le Garden Party annuel de la reine Elizabeth II. Son oppposition à la chanson God Save the Queen n’enlève rien à son admiration pour la monarchie, dit-elle.
« J’ai rien contre la couronne britannique. On est une monarchie constitutionnelle, ça ne change pas. C’est comme ça au Canada. On doit travailler avec ça. C’est rien de personnel contre la reine, mais la chanson n’a pas sa place à l’Assemblée », affirme Amanda Simard.
Guy Bourgouin est d’avis que le débat sur l’hymne n’en est pas un sur la monarchie. « Il y en a qui sont pour, d’autres sont contre. Je ne suis pas prêt à dire qu’on devrait se débarrasser de la monarchie », dit-il, même s’il hésite à prêter de nouveau serment à la reine.
Bon nombre d’internautes ne sont pas du même avis. Particulièrement au Québec, l’annonce du retour du God Save the Queen a inspiré bien des internautes.
Le chroniqueur politique de La Presse, Yves Boisvert, a ironisé sur la situation : « François Legault devrait offrir le refuge au Québec à tous les Ontariens voulant fuir le colonialisme britannique ». « Il est fou ce Doug Ford… À quand « La Marseillaise » à l’Assemblée nationale du Québec? », a pour sa part écrit le tribun et ancien chroniqueur au journal Le Droit Pierre Allard.