Grace Busanga ou comment comprendre l’enjeu franco-ontarien pour réussir
Connue pour être chroniqueuse de l’émission quotidienne Entre nous sur TV Rogers Ottawa, elle endosse plusieurs rôles, allant de femme d’affaires à celle d’engagée active dans la communauté franco-ontarienne. Une ascension de carrière pour le moins rapide qui lui a valu d’être classée dans le top 100 de la Black Women to Watch in Canada, dix ans après son immigration au Canada à l’âge de 20 ans. Portrait de Grace Busanga.
La trentaine à peine grignotée et déjà un parcours riche! Oui, Grace K. Busanga est une femme pressée, dans le bon sens du terme.
Française d’origine congolaise, elle a immigré en 2012 à Ottawa avec ses parents et ses quatre frères et sœurs. Elle intègre directement le Collège la Cité (Cité collégiale à l’époque) pour suivre un cursus en administration des affaires marketing.
Premier diplôme canadien en poche, elle jette son dévolu sur l’école Telfer à l’Université d’Ottawa où elle décroche un baccalauréat en commerce, option marketing.
Cependant, plus que l’éducation, c’est bien durant ces années passées sur le banc de l’école que l’étudiante s’est frottée à la réalité de la communauté franco-ontarienne, sa communauté.
« C’est à la Cité collégiale que j’ai découvert l’aspect de cette dualité linguistique du Canada, parce que quand on est à l’étranger, on nous prône sur le papier un Canada bilingue. Mais on se rend vite compte que c’est loin d’être le cas lorsqu’on arrive ici », se souvient-elle.
Et d’ajouter : « C’est aussi pendant cette période que j’ai compris la réalité de la communauté franco-ontarienne et les difficultés qu’elle rencontre, comme ces étudiants francophones qui ne pouvaient pas à l’époque suivre des cours en français, certains étaient obligés de quitter Ottawa pour aller à Montréal ou tout simplement suivre des études en anglais. »
Alors, c’est tout naturellement qu’elle rejoint les mouvements d’étudiants francophones, ce qui sonnait comme des prémices à son engagement dans cette communauté plus tard.
C’est vers des organismes franco-ontariens qu’elle se dirige après ses études, soit en tant que travailleuse ou bénévole, avant d’ouvrir, il y a cinq ans, sa propre entreprise spécialisée en consultation marketing, communication et stratégie digitale.
Si ce nouveau bébé a bien su grandir et étendre ses services jusqu’à la République démocratique du Congo, en passant par la France, c’est en partie grâce au réseau que l’entrepreneure a pu développer au sein des organismes franco-ontariens dans les conseils d’administration dans lesquels elle siégeait ou continue de siéger, tel que celui de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO).
Confrontée aux barrières de l’expérience canadienne et de la langue
Femme, Francophonie, Afrique. Ce sont les trois noms féminins qui éclairent encore le chemin de la chroniqueuse de l’émission quotidienne Entre nous, chez TV Rogers.
« Je ne siège pas dans différents conseils d’administration juste pour siéger, parce que je reçois pas mal de demandes dans ce sens. Je fais mon choix en fonction de ce que je prône et des causes qui m’animent et que j’ai envie de voir avancer à savoir, la femme la francophonie et l’Afrique », explique-t-elle.
Toutefois, le parcours de la jeune femme sur le sol canadien n’a pas été de tout répit, surtout à ses débuts. En effet, les problèmes qu’elle a rencontrés sont propres à tout immigrant fraîchement débarqué.
« Il y a beaucoup de choses qu’on ne nous dit pas forcément lorsqu’on entame le processus d’immigration. Par exemple, on nous dit que, dès qu’on va arriver, on va pouvoir travailler dans notre champ de compétences. Or, sur place, ce n’est pas du tout le cas parce qu’on te demande une certaine expérience canadienne. Ce point est vraiment très difficile pour un immigré qui vient d’arriver », déplore-t-elle.
L’autre barrière dont il faut se défaire, selon la femme d’affaires, concerne la langue. « Il est très difficile pour un francophone qui ne parle pas l’anglais de réussir son installation en Ontario dans le sens où l’accès à certains services en français n’est pas évident. »
« Il faut vraiment les trouver pour pouvoir être servi en français », regrette-t-elle. « J’ai certaines connaissances qui ont préféré immigrer au Québec à cause de ce frein linguistique, surtout que le français est en déclin en Ontario selon les derniers chiffres du recensement. »
« Au début, les choses vont être très difficiles, et c’est à ce moment critique qu’il ne faut pas se décourager » – Grace Busanga
Du côté des solutions, pour réussir son immigration et bien s’intégrer dans la société d’accueil, Mme Busanga recommande aux nouveaux arrivants francophones dans la province de chercher activement l’information et la dénicher là où elle se trouve.
« Il faut faire de la recherche et ne pas hésiter à contacter les organismes franco-ontariens, parce que c’est comme cela qu’on va vite développer un réseau qui va nous amener quelque part, c’est très important », conseille-t-elle. Et de prévenir : « Au début, les choses vont être très difficiles, et c’est à ce moment critique qu’il ne faut pas se décourager et persévérer, parce qu’au final, on est venu ici pour un but bien précis. »
Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR+ vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.