Hausse des transferts en santé : Ford et les premiers ministres réitèrent leur demande
VICTORIA – Ce 11 et 12 juillet a eu lieu la première rencontre, en personne, des premiers ministres depuis le début de la pandémie. C’est à Victoria en Colombie-Britannique pour le Conseil de la Fédération (COF) que les chefs des provinces et territoires se sont retrouvés. Des discussions autour des peuples autochtones, du pouvoir d’achat, de la reprise économique, mais surtout du système de santé au pays. À l’unanimité, les 13 premiers ministres ont exhorté le gouvernement fédéral d’aider à couvrir les coûts croissants de leurs budgets de soins de santé, déjà essoufflés par la COVID-19.
Alors que de toute part, on parle d’une 7e vague de la COVID-19, les hôpitaux voient les prémices d’un engorgement se préparer. Pour le premier ministre de la Colombie-Britannique et représentant des premiers ministres provinciaux, John Horgan, « les problèmes rencontrés par les Canadiens pour accéder aux services de santé pendant la pandémie ont intensifié les tensions dans nos systèmes de santé qui se poursuivront à moins que le gouvernement fédéral n’augmente considérablement sa part des coûts des soins de santé ».
Actuellement, le gouvernement fédéral participe à hauteur de 22 %, tandis que les provinces et territoires prennent part à 78 %. Lors de cette rencontre, les ministres se sont entendus sur la nécessité future d’un partage, équivalent à 50/50. Pendant une rencontre avec les médias mardi matin, le ministre Horgan a déclaré, « on ne cherche pas une mesure temporaire, on veut revoir le système au niveau national ».
La pandémie a mis en lumière les retards que le système de santé au Canada peine à rattraper, en plus des difficultés touchant tous les domaines du secteur.
« Il ne peut y avoir plus de retard dans la tenue de cette conversation vitale avec le gouvernement fédéral », avait annoncé Horgan, via communiqué, en amont de la rencontre réunissant tous les chefs des provinces et territoires.
En conférence avec ses homologues, Doug Ford a interpellé le fédéral. « Venez à la table et commençons à discuter. C’est inacceptable cette situation. Allez donc parler à nos patients en Ontario qui attendent le remplacement d’un genou ou d’une hanche. Nous avons un arriéré de chirurgies impressionnant. »
« Les gens se foutent d’où l’argent vient, ils veulent de l’action. Venez à la table, puis nous treize, ici, on vous rejoindra ou vous voulez et quand vous voulez », a t-il ajouté.
Une pénurie de la main-d’œuvre historique
Pour le gouvernement Ford, le Canada et l’Ontario font face à un manque historique de personnel dans le secteur.
« Nous avons besoin d’employés qualifiés en Ontario, je sais que les autres premiers ministres sont d’accord, les provinces ne peuvent pas y arriver seules. »
Dans un communiqué, le premier ministre Ford a déclaré que « nous avons besoin que le fédéral travaille avec nous (…) et pour assurer que notre économie reste forte durant cette difficile période ».
Il existe un programme d’immigration, le Programme des candidats des provinces (PCP) qui permettait l’an passé, pour l’Ontario de recevoir 9 000 travailleurs qualifiés. La province avait alors demandé au fédéral de doubler ce montant, considérant les besoins. Selon le gouvernement Ford, le nombre de places allouées est passé de 9 000 à seulement 9 700.
« Il y a plus de 378 000 emplois disponibles en Ontario, ce n’est pas assez (…) et la moyenne pour procéder à l’évaluation des dossiers est de 26 mois », dénonce le cabinet du premier ministre par voie de presse. Pour Doug Ford, « cela fait mal à notre productivité, notre PIB et à l’économie ».
Pour Pauline Worsfold, présidente de la Coalition canadienne de la santé, « notre système de soins de santé est en crise pendant que le gouvernement fédéral et les provinces se disputent les pourcentages ». Pour elle, il doit y avoir une injection de fonds supplémentaires.
C’est justement ce que le nouveau chef par intérim du NPD, Peter Tabuns évoque. « Doug Ford doit non seulement se battre pour une augmentation des transferts fédéraux en matière de santé, mais aussi s’engager à dépenser davantage. »
L’Ontario dépenserait moins par personne en soins de santé que toutes les autres provinces et territoires, selon un rapport du Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario.
« Nos hôpitaux sont en crise. Nous n’avons pas assez de personnel pour garder toutes les urgences ouvertes 24h/ 24h », expliquait M. Tabuns via communiqué, « les patients attendent dans la douleur depuis trop longtemps tandis que les travailleurs de la santé épuisés sont débordés et partent en masse ».
Rappelons que les urgences de l’hôpital Clinton, dans le sud-ouest de l’Ontario, et l’hôpital de Perth, au sud d’Ottawa ont dû fermer leurs portes, en raison d’un manque de personnel.
Dans la même veine, le chef du Parti vert de l’Ontario Mike Schreiner s’est dit heureux que le gouvernement ait l’intention d’embaucher plus de travailleurs, pourtant « si ce gouvernement se souciait vraiment de réparer notre système de santé, il investirait dans les personnes qui prodiguent des soins(…) ».
La demande d’abroger la loi 124 a été un des fers de lance pour l’opposition pendant la campagne électorale en Ontario.
Pour le Parti vert, le problème des salaires stagnants nécessite l’annulation immédiate de cette loi. « Nous avons besoin d’une action urgente qui commence par des salaires équitables et de meilleures conditions de travail. »
35 % pour le gouvernement fédéral
François Legault, premier ministre du Québec, urge d’une rencontre avec le premier ministre Trudeau. Pour lui, « les provinces ne peuvent pas continuer à payer 78 % du budget en santé, la croissance est exceptionnelle, c’est un problème unique et la contribution du gouvernement fédéral doit être à la hauteur ».
Un tel partage permettrait d’engager plus de docteurs et d’infirmiers (ères), moins d’attentes pour les prises en charge. Mais aussi, l’ouverture de plusieurs services de santé mentale et de dépendance. Enfin, de meilleurs soins de longue durée.
Dans un premier temps, les premiers ministres voudraient que le transfert canadien en matière de santé s’élève à 35 %, afin que les provinces et territoires participent à hauteur de 65 %.
Durant la conférence de clôture du COF, Andrew Furey, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, indiquait vouloir un débat mature, « nous sommes tous ouverts à la collaboration. Maintenant, c’est le temps de moderniser le système ».
Pour le gouvernement Ford, avec cette augmentation, le fédéral injecterait plus de 10 milliards de dollars chaque année.
« Cet argent pourrait servir à payer de nouveaux médicaments ou recruter et former plus d’infirmières et de préposés aux services de soutien à la personne. On pourrait fournir plus de soins aux personnes âgées, fragiles, dans les foyers de soins de longue durée. »