Hudak accuse Wynne d’avoir cédé aux intérêts de son parti
MISSISSAUGA – Le chef progressiste-conservateur Tim Hudak martèle les clous de l’intégrité et du respect des contribuables de l’Ontario alors que sa formation est presque au coude-à-coude avec les libéraux sortants de Kathleen Wynne, à cinq jours des élections provinciales du 12 juin.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
M. Hudak promet, s’il est porté au pouvoir, d’être à l’écoute et de respecter les gouvernements locaux pour prévenir les scandales comme celui de l’annulation, par les libéraux, de projets de centrales au gaz à Mississauga et à Oakville, en 2011.
« À l’époque où les progressistes-conservateurs (de Mike Harris) étaient au pouvoir, les bureaucrates nous avaient proposés un projet de centrale au gaz à Mississauga. Nous avons dit non. Jim Wilson était ministre de l’Énergie, à l’époque. Il a demandé aux bureaucrates si cette communauté était prête à accueillir une centrale au gaz. Ils ont dit non. Alors nous avons dit non. Et ça n’a rien coûté », a déclaré M. Hudak lors d’un point de presse, le samedi 7 juin.
La décision d’annuler les projets de centrales au gaz à Mississauga et à Oakville aurait coûté 1,1 milliard $, selon le vérificateur général de l’Ontario.
Décision électoraliste
M. Hudak a, une fois de plus, reproché à Mme Wynne d’avoir cédé aux intérêts de son parti lorsqu’elle a paraphé, à la demande de l’ex-premier ministre Dalton McGuinty, l’annulation des projets de centrales à Mississauga et à Oakville.
« Pourquoi avez-vous signé les documents? Bien que nous lui ayons posé la question quatre fois (lors du récent débat des chefs), nous n’avons pas eu de réponse. Parce que la seule réponse possible est qu’elle ait voulu mettre les intérêts du Parti libéral devant nos intérêts à tous », a pesté M. Hudak, sur le site du chantier abandonné de la centrale au gaz de Mississauga, le 7 juin.
Les libéraux ont déjà admis avoir stoppé les projets de centrales à Mississauga et à Oakville dans l’espoir d’y sauver une poignée de sièges où de telles installations n’étaient pas les bienvenues, peu avant les dernières élections provinciales.
Enquête policière
M. Hudak a aussi sommé sa rivale libérale de fournir, sans délai, des documents de l’Assemblée législative qui pourraient faire la lumière sur une tentative de camouflage du scandale des centrales au gaz, et que la Police provinciale de l’Ontario (PPO) a réquisitionnés, dans le cadre d’une enquête criminelle.
Le chef progressiste-conservateur a insinué que des membres de l’équipe de transition de Mme Wynne auraient pu être impliqués dans cette tentative de camouflage, puisque les événements allégués seraient survenus quelques jours avant que M. McGuinty passe le flambeau à sa successeure, le 11 février 2013.
Le Parti libéral a vivement réagi aux propos de M. Hudak, le 7 juin. Les troupes de Mme Wynne ont réitéré que, selon elles, aucun ministre, député ou membre du personnel politique du gouvernement sortant n’est visé par l’enquête de la PPO.
« Il n’y a presque rien de ce qu’a dit Tim Hudak, ce matin, qui est vrai. Mais il continue à entacher la réputation de bonnes personnes », a dénoncé le libéral Brad Duguid, ministre sortant responsable de l’éducation postsecondaire et candidat dans Scarborough-Centre. « Le leadership est une question de caractère et, chaque jour, Tim Hudak nous montre pourquoi tant de militants progressistes-conservateurs doutent ouvertement de son leadership ».
Les libéraux ont accusé, à leur tour, l’opposition sortante à Queen’s Park de vouloir doter le ministère de l’Énergie de « nouveaux pouvoirs draconiens » pour modifier, voire déchirer des dizaines de contrats avec des producteurs d’énergie renouvelable. La modification ou l’annulation de ces contrats pourrait coûter jusqu’à 20 fois plus cher que l’affaire des centrales au gaz, selon le gouvernement sortant.
« La façon Hudak d’annuler un contrat d’énergie renouvelable est irresponsable et montre une compréhension naïve ou une approche malveillante à la fois du secteur de l’énergie et des règles de base du droit des contrats », a fustigé le libéral Bob Chiarelli, ministre sortant de l’Énergie et candidat dans Ottawa-Ouest-Nepean. « Ça nous coûterait des milliards de dollars, nous ferait perdre des milliers d’emplois et nuirait à notre économie ».
Presque l’égalité
Les clans Wynne et Hudak seraient presque à égalité dans les intentions de vote, à moins d’une semaine du scrutin, selon un nouveau sondage Forum Research. Les libéraux récolteraient 39% des intentions de vote, contre 37% pour les progressistes-conservateurs, 17% pour les néo-démocrates et 6% pour les verts.
Le coup de sonde a été mené par téléphone, auprès de 1022 électeurs ontariens, le 5 juin, soit deux jours après le débat des chefs. La marge d’erreur serait de 3%, 19 fois sur 20.