Société

Immigration francophone : comment bien s’intégrer et mieux accueillir

La Semaine nationale de l’immigration francophone, l’occasion de promouvoir des communautés plus accueillantes et inclusives. Photo : Canva

S’intégrer, ce n’est pas seulement trouver un emploi, c’est aussi tisser des liens et se sentir chez soi. Deux experts livrent des conseils pratiques pour aider les nouveaux arrivants à mieux s’intégrer. 

C’est la Semaine nationale de l’immigration francophone qui bat son plein sous le thème « Merci d’enrichir notre francophonie ».

À cette occasion, des experts du Réseau de soutien à l’immigration francophone (RIF) partagent leurs meilleurs conseils à la fois pour les nouveaux arrivants et pour les communautés d’accueil.

S’intégrer socialement

Le premier réflexe que devrait avoir tout nouvel arrivant, selon Thomas Mercier, directeur général du RIF du Nord de l’Ontario, est de prendre contact avec les fournisseurs de services et les organismes communautaires qui peuvent les accompagner.

« Par exemple, les résidents permanents peuvent utiliser les services pré-départ de Connexion francophone, qui les réfèrent ensuite à des services d’établissement locaux », précise-t-il.

Mais pour M. Mercier, l’intégration sociale est tout aussi essentielle que l’accès aux services.

« Il ne faut pas seulement chercher les services, il faut aussi rencontrer les gens », rappelle-t-il.

Même constat pour Élise Edimo, gestionnaire de programmes au RIF de l’Est de l’Ontario :

« L’intégration ne se limite pas à l’emploi : il faut aussi s’intégrer socialement. »

Selon elle, beaucoup d’immigrants réussissent professionnellement, mais négligent la dimension socioculturelle, pourtant essentielle afin de se sentir réellement chez soi.

Élise Edimo, gestionnaire de programmes au RIF de l’Est de l’Ontario, souligne l’importance du bilinguisme pour une intégration réussie. Gracieuseté

« Il faut tisser des liens, participer à la vie communautaire, connaître son environnement et les ressources locales », insiste-t-elle.

Créer des liens humains passe par la participation à des activités locales comme la randonnées, le patin, la pêche, la raquette, ou encore en assistant à des événements communautaires ou culturels.

« Il faut aller vers l’autre, découvrir sa culture, créer des occasions de dialogue et de rencontre. C’est ainsi qu’on apprend à se connaître », ajoute Thomas Mercier.

Il invite les nouveaux arrivants à considérer « la francophonie non seulement comme une langue de communication, mais comme une langue de société, un espace commun où l’on vit ensemble en français ».

Connaître le marché du travail et l’anglais

Pour Élise Edimo, l’une des étapes clés d’une intégration réussie consiste à comprendre le marché de l’emploi, ses opportunités, ses secteurs porteurs et ses exigences.

« Si la plupart des offres d’emploi sont en anglais, il faut développer son bilinguisme et devenir pleinement fonctionnel dans les deux langues. »

Elle recommande aussi d’adapter son CV aux normes canadiennes. Plusieurs organismes communautaires offrent des ateliers pour aider à le mettre « au format canadien ».

Enfin, la santé mentale doit être au cœur du parcours d’intégration.

« L’intégration est un processus exigeant : il faut apprendre à gérer le flot d’informations, prioriser ce qui est essentiel et connaître ses droits », souligne-t-elle.

À chaque étape de leur installation, les nouveaux arrivants devraient consulter les services d’établissement, qui les orientent vers les bons partenaires selon leurs besoins.

Conseils pour les communautés d’accueil

Afin de favoriser une intégration réussie, Thomas Mercier invite les communautés d’accueil à offrir une gamme complète de services francophones de qualité.

Thomas Mercier, directeur du RIF du Nord de l’Ontario, invite les nouveaux arrivants à s’impliquer dans la vie communautaire pour mieux s’intégrer. Gracieuseté

« Il faut créer des espaces d’accueil chaleureux et désigner des personnes ressources dans chaque municipalité », souligne Élise Edimo.

Voici les principales pistes d’action évoquées par les deux intervenants :

Faciliter les premiers contacts : désigner une personne de référence pour accueillir et informer les nouveaux arrivants, « notamment au niveau des municipalités », propose Mme Edimo.

Favoriser la mixité culturelle : organiser des activités interculturelles pour bâtir un véritable vivre-ensemble.

Sensibiliser les institutions locales et les personnes en contact avec les nouveaux arrivants : « Ce qui semble évident ici ne l’est pas toujours pour quelqu’un qui découvre le Canada », rappelle Élise Edimo.

Encourager l’intégration professionnelle : soutenir la reconnaissance des acquis et inciter les employeurs à embaucher des immigrants.

Planifier l’accueil  : élaborer des plans d’action communautaires sur le logement, l’emploi et les services essentiels.

Combattre les préjugés  : organiser des séances de sensibilisation interculturelle pour renforcer la cohésion sociale et lutter contre la discrimination.

Le Réseau de soutien à l’immigration francophone se donne justement pour mission d’accompagner les communautés dans cette démarche et de les aider à devenir toujours plus accueillantes et inclusives.

Article écrit avec l’aide à la recherche d’Abigail Alves Murta