Immigration francophone : la FCFA s’impatiente
OTTAWA – Même si elle souligne la bonne volonté du gouvernement de Justin Trudeau, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada se dit impatiente de voir mises en œuvre des actions concrètes dans le dossier de l’immigration francophone. L’organisme attend toujours de pouvoir rencontrer le ministre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) pour faire avancer le dossier.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
En marge du lancement de la Semaine nationale de l’immigration francophone, le lundi 30 octobre, à Ottawa, la vice-présidente de l’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire, Audrey LaBrie, ne cache pas qu’il reste encore beaucoup à faire en matière d’immigration francophone à l’extérieur du Québec.
« On voit un regain de volonté de la part du gouvernement fédéral, maintenant on attend des actions. On commence à être impatient, mais on espère voir des investissements dans nos communautés pour nous permettre de recruter et de bien accueillir des nouveaux arrivants. »
La FCFA souhaiterait que le gouvernement dote les communautés francophones en contexte minoritaire des ressources financières adéquates pour se faire connaître, y compris dans les pays peu encore visés.
« On n’arrive pas encore à faire connaître nos communautés à l’international, alors qu’il y a des bassins de population dans de très nombreux pays qui souhaitent venir vivre au Canada. De même, nous manquons d’infrastructures pour accueillir ces nouveaux arrivants et des réfugiés dans nos communautés. »
Lentille francophone
Le ministre d’IRCC, Ahmed Hussen, et son secrétaire parlementaire, Serge Cormier, ont assuré que le dossier est une priorité pour le gouvernement libéral. Mais les chiffres de l’immigration francophone à l’extérieur du Québec demeurent toujours inquiétants selon les derniers chiffres de 2016 récemment publiés par Statistique Canada, de l’ordre de 1,4 %, si on tient compte de la langue maternelle, et de 2,6 % si on se fie à la première langue officielle parlée.
Si MM. Hussen et Cormier ont vanté les initiatives prises par le gouvernement avec la composante francophone ajoutée au processus de demande d’Entrée express et le volet Mobilité francophone du Programme de mobilité internationale, la cible fédérale de 4,4 % d’immigration francophone hors Québec en 2023 semble encore inaccessible.
Selon Mme LaBrie, les mesures à mettre en place ne sont pourtant pas nécessairement coûteuses.
« On s’attend à des investissements dans la Feuille de route pour les langues officielles, mais il y a aussi des mesures qui ne coûtent rien comme une stratégie en immigration francophone ou une politique en immigration francophone au ministère. Cela permettrait d’ajouter une lentille francophone. Le ministère, pour le moment, fait de l’immigration francophone comme il fait l’immigration pour la majorité, alors qu’il faudrait l’adapter à la réalité de la minorité. »
Rencontrer le ministre Hussen
Même s’il assure que le dossier est prioritaire pour son gouvernement, le ministre Hussen n’a toujours pas répondu à la demande de rencontre de la FCFA.
« On veut lui parler, lui dire les vraies choses et revendiquer nos besoins en matière d’immigration francophone. On reste optimiste, mais on est aussi conscient de l’urgence pour nos communautés. »
Ni M. Hussen, ni son secrétaire parlementaire, M. Cormier, n’ont répondu aux demandes d’entrevue de #ONfr, lundi soir, expliquant devoir se rendre à la Chambre des communes pour un vote.
Outre la rencontre avec M. Hussen, la FCFA espère également que le second Sommet sur l’immigration francophone, qui se tiendra en mars en Ontario, permettra de mieux définir les stratégies du gouvernement fédéral et des provinces et territoires, qui se sont pour leur part entendus, en juillet 2016, pour une cible de 5 % d’immigration francophone par année.