Immigration francophone : l’AFO demande l’aide des organismes
TORONTO – Une cible de 5% d’immigration francophone dans la province n’est pas suffisante à assurer la pérennité des francophones, estime l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz
Devant le Comité permanent de la justice à Queen’s Park, jeudi 16 avril, le directeur général de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens, Peter Hominuk, a plaidé pour une participation « plus importante » de la communauté francophone pour faciliter l’éventuelle mise en place d’un tel quota par les députés.
« La loi présentée à cet effet nous satisfait », explique le responsable, en entrevue pour #ONfr. « Reste qu’il y a des inquiétudes sur sa mise en œuvre. Nous aimerions que les organismes francophones, tels les conseils scolaires ou encore le RDÉE, travaillent de concert avec le palier provincial et fédéral pour réaliser cet objectif. »
Présenté le 26 novembre dernier, le projet de loi 49 vise avant tout à dessiner une « nouvelle orientation sur la manière de sélectionner, d’accueillir et d’aider les immigrants et immigrantes dans la province ».
Dans le rapport annexe sur le projet de loi, on retrouve effectivement une mention pour une « immigration francophone de 5%.
« Une fois la loi votée, il faudrait que la communauté nous aide sur le terrain pour pallier d’éventuels problèmes d’assimilation », avance prudemment M. Hominuk, citant tout de même l’exemple de formations à l’employabilité pour attirer des candidats bilingues.
« On (l’AFO) ne prétend pas avoir toutes les solutions », poursuit-il du même souffle. « On veut juste s’assurer qu’il y ait une stratégie cohérente. »
Ce n’est pas la première fois que l’AFO se rend devant le Comité permanent de la justice à Queen’s Park. En 2013, l’organisme s’y était déjà déplacé pour soutenir l’indépendance du commissaire aux services en français, François Boileau.
Livre blanc sur l’immigration
Derrière cette présentation apparaît malgré tout l’enjeu crucial de l’immigration, l’un des thèmes les plus en vue depuis plusieurs semaines pour les communautés francophones en situation minoritaire.
Outre le projet de loi à Queen’s Park, le fédéral avait indirectement relancé l’intérêt pour le dossier après que le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander, eut dévoilé, l’automne dernier, le programme Entrée Express censée dynamiser le nombre d’immigrants en dehors du Québec.
Un projet encore très sommaire et sans contenu, avait alors brandi la porte-parole Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Marie-France Kenny, devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, le 26 mars.
Du coup, l’AFO qui avait lancé l’automne dernier son fameux « livre blanc » sur les assisses de la santé de l’Ontario français, envisage de rééditer une expérience semblable avec cette fois-ci le thème de l’immigration francophone.
« C’est un travail que l’on compte faire avec la communauté après discussion », précise M. Hominuk, sans fixer une date exacte pour la réalisation du projet.
La démarche de l’AFO trouve en tout cas sa source en partie dans les chiffres stables et négatifs de l’immigration francophone hors Québec. Seuls 2% des francophones choisissent d’immigrer dans les neuf autres provinces selon les chiffres de Citoyenneté et Immigration Canada.
Une première tentative de donner un coup d’accélérateur à l’immigration avait été effectuée l’an dernier en Ontario par le gouvernement alors minoritaire de Kathleen Wynne, avant que ledit projet, comportant déjà une cible de 5%, ne meure au feuilleton du fait du déclenchement des élections.