Immigration francophone : légère baisse en 2018
TORONTO – On est encore très loin de la cible de 5 % d’immigration francophone. Pour l’année 2018, les francophones dans la province représentaient 2,15 % du total des immigrants, l’équivalent d’une baisse en comparaison de 2017 (2,36 %).
D’après les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), il y a eu 2 955 résidents permanents francophones, en 2018, pour un total de 137 395 immigrants dans la province.
En deçà de la cible fixée par le gouvernement de l’Ontario en 2012, ce 2,15 % reste même loin des chiffres de 2010 et 2011, années où la province comptait plus de 3 000 résidents permanents francophones.
Graphique sur le pourcentage de résidences permanentes accordées à des francophones (2010-2018)
Mis au courant des résultats, le bureau de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, se montre prudent. « Les chiffres définitifs pour 2018 de l’IRCC ne seront pas connus avant fin mars, début avril 2019. Par conséquent, les chiffres auxquels vous faites référence pour l’année 2018 sont donc préliminaires », laisse entendre Jesse Robichaud, directeur des communications, dans un échange de courriels.
« L’Ontario, à date, est de loin la province qui accueille le plus grand nombre d’immigrants francophones au Canada, après le Québec », ajoute-t-il. « Je vous rappelle que l’immigration est à ce jour une prérogative qui relève principalement du gouvernement fédéral. À date, le gouvernement fédéral n’a pas encore annoncé l’attribution des mises en candidature pour 2019 mais nous prévoyons une mise à jour bientôt. »
L’opposition inquiète
Sur les bancs de l’opposition à Queen’s Park, le chiffre de 2,15 % inquiète. À commencer par le porte-parole néo-démocrate aux affaires francophones, Guy Bourgouin. Pour lui, le gouvernement peut nettement mieux faire. « Il y a certains emplois en français dans le Nord et dans ma circonscription de Mushkegowuk—Baie James que des immigrants francophones pourraient combler. »
Pour le député néo-démocrate, la venue de nouveaux arrivants permettrait d’importantes rentrées fiscales et la rénovation d’infrastructures vieillissantes.
Lors de la campagne des élections provinciales au printemps dernier, le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait jugé crédible la cible à 5 % d’immigration francophone. « Nous anticipons atteindre la cible de 5 % d’immigration francophone dès notre premier mandat », pouvait-on ainsi lire dans les réponses du NPD au questionnaire préparé par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
De l’espoir pour l’AFO
Du côté de l’AFO, on tente de faire contre mauvaise fortune bon cœur. L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens entrevoit des jours meilleurs. « On va bientôt avoir un accueil des nouveaux arrivants francophones à l’aéroport Pearson de Toronto, ça pourrait nous aider », évalue le président Carol Jolin.
L’AFO maintient que les chiffres donnés n’offrent pas un portrait large de la réalité, et qu’il existe d’autres unités de mesure, comme les migrations interprovinciales.
ERRATUM. Une correction est apportée à l’article le 10 juillet 2020. Les 2,36 % indiqués pour 2017 représentaient en fait la Définition inclusive de l’Ontario (DIF) contrairement au 2,15 % pour 2018 lesquels représentent la définition de Statistique Canada. Selon cette même définition de Statistique Canada, 2 255 résidents permanents francophones auraient choisi l’Ontario en 2017, soit une proportion de 2,01 %.