Incertitude à court terme pour la vaccination en Ontario
TORONTO – L’annonce de la société Pfizer d’une réduction de ses livraisons de vaccins contre la COVID-19 dans les prochaines semaines sème le doute quant aux objectifs de vaccinations de la province qui, malgré tout, maintient le cap.
« Tous les jours que nous administrons moins de vaccin que nous en avons la capacité, c’est une journée de perdue », a lancé le premier ministre Doug Ford, en conférence de presse, ce mardi. « Je suis déçu et un peu en colère. Pas contre le premier ministre (Trudeau)… Mais je suis frustré par la situation que nous vivons. Rien n’est plus important que d’avoir le vaccin. Si j’étais le premier ministre (du Canada), je serais au téléphone tous les jours pour avoir ces vaccins. »
Alors que la province prévoyait progressivement augmenter son nombre de vaccinations par semaine pour atteindre 143 000 doses hebdomadaires à partir du 1er février, l’annonce d’un ralentissement des livraisons du vaccin Pfizer jette une ombre au tableau. La société pharmaceutique a justifié sa décision, le 15 janvier, par le projet d’agrandissement de son usine de Belgique.
En Ontario, cela signifie que pour les quatre prochaines semaines, la province recevra moins de doses de vaccin Pfizer que prévu, soit une diminution de 5 % cette semaine, de 80 % la prochaine semaine, de 55 % la semaine suivante et enfin, de 45 % la semaine du 8 février, selon les autorités sanitaires provinciales.
Peu de temps après cette annonce, le major général Dany Fortin a même indiqué qu’aucune nouvelle dose du vaccin de Pfizer ne sera livrée au Canada la semaine prochaine, sans qu’on ne sache encore les conséquences de cette annonce sur les projections faites plus tôt par Santé publique Ontario.
40 % des foyers ontariens vaccinés
Une situation frustrante, selon le premier ministre, alors que la vaccination avance jusqu’ici à bon train. À l’heure actuelle, plus de 229 000 doses ont été administrées dans toute la province et plus de 25 000 Ontariens ont reçu leurs deux doses de vaccin.
Cible prioritaire, 40 % de tous les foyers de soins de longue durée de la province ont pu recevoir la première dose d’un vaccin contre la COVID-19, et plus de 83 000 résidents, membres du personnel et fournisseurs de soins essentiels des foyers de soins de longue durée ont été vaccinés.
Le premier cycle de vaccination s’est même achevé plus tôt que prévu dans les foyers des quatre régions les plus touchées par la pandémie, soit Toronto, Peel, York et Windsor-Essex. C’est également le cas dans les foyers des régions d’Ottawa, Durham et Simcoe-Muskoka.
« Franchir ce jalon est un pas important pour assurer la sécurité des personnes les plus vulnérables et de celles qui les soignent », a indiqué la ministre des Soins de longue durée, Dr Merrilee Fullerton, par voie de communiqué.
La province espère parvenir à administrer des vaccins dans tous les foyers de soins de longue durée de la province d’ici le 15 février.
« Si on n’y arrive pas, ce sera simplement par manque de doses », prévient le général Rick Hillier, responsable de la distribution du vaccin en Ontario.
Un retard rattrapé en mars-avril
Pour se donner une marge de manœuvre face aux problèmes d’approvisionnement, la province revoit ses échéanciers pour l’administration de la deuxième dose du vaccin Pfizer-BioNtech.
Les résidents des foyers de longue durée et des maisons de retraite à risque et leurs fournisseurs de soins essentiels recevront leur deuxième dose dans 21 à 27 jours. Les autres personnes ayant reçu le vaccin recevront leur deuxième dose après 21 jours et avant 42 jours. Pour les personnes qui ont reçu le vaccin Moderna, le calendrier de 28 jours est maintenu.
Le général Hillier reconnaît qu’il est difficile de faire des projections sur la vaccination ces temps-ci.
« Il va y avoir des perturbations à court terme, mais en février-mars, on va se reprendre et on aura le même nombre de vaccins déployés que ce qui était prévu à ce moment-là, même si on demeure prudent par rapport à ces envois. »
La province se tient prête, dit-il, pour l’arrivée de nouvelles doses, mais aussi de nouveaux vaccins.
« Nous avons la capacité de faire davantage et nous serions ravis de le faire. (…) Dès l’arrivée de nouvelles doses, nous mettrons en place des cliniques de vaccination de masse. »
Le plan de vaccination, révélé la semaine dernière, prévoit vacciner jusqu’à 8,5 millions d’Ontariens d’ici juillet. La province espère immuniser toute sa population qui le souhaite d’ici la fin de l’été, a répété le général Hillier.
Au moins 1 913 nouveaux cas
Ce mardi, quelque 1 913 nouveaux cas se sont ajoutés au bilan de la COVID-19 en Ontario. Un nombre moins important que ces derniers jours, qui s’explique par les problèmes techniques du Bureau de santé publique de Toronto qui n’a pas pu rapporter tous ses cas.
La province enregistre également 46 décès supplémentaires, alors que 27 615 cas sont encore actifs et que 400 personnes sont en soins intensifs.