« J’appuie ce qu’on est en train de faire », dit Mulroney qui attaque Ottawa
TORONTO – Alors que la crise linguistique se poursuit et que des dizaines de manifestations sont prévues samedi, Caroline Mulroney reste sur ses positions. Les concessions faites par son gouvernement sont suffisantes, et elle défend encore farouchement les décisions qui ont été prises.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
Pour la première fois en près d’une semaine, la ministre des Affaires francophones de l’Ontario s’est présentée devant les médias, au terme de la période de questions à Queen’s Park.
« Comme membre de ce gouvernement, j’appuie ce qu’on est en train de faire », a-t-elle lancé devant les micros de nombreux médias venus l’interpeller sur cette crise linguistique qui perdure.
Le retour d’un ministère des Affaires francophone signifie-t-il qu’il y aura une augmentation des budgets pour la francophonie?
« On va s’assurer qu’il y ait les ressources nécessaires. L’important, je trouve, avec un ministère, est que la voix des francophones en Ontario sera plus forte au sein du conseil des ministres », a-t-elle répondu, sur cette transformation de l’Office des Affaires francophones en cours.
Cette fois, Caroline Mulroney avait visiblement été préparée pour faire face à la presse. Avec aplomb, elle a défendu le gouvernement Ford et a détourné l’attention vers Ottawa.
Questionnée sur les coupures francophones en Ontario, elle a fait rebondir le dossier dans la cour du gouvernement fédéral de Justin Trudeau.
Sous-financement des Franco-Ontariens, selon la ministre
Alignée sur le Parti conservateur fédéral, Caroline Mulroney a surfé sur la motion conservatrice présentée par le député fédéral Alain Rayes, adoptée lundi au parlement. Cette motion presse le gouvernement fédéral d’intervenir dans cette crise et l’invite à développer un plan de pair avec le gouvernement Ford.
« Cette motion dit exactement ce qu’on dit ici. Le gouvernement fédéral sous-finance les francophones de l’Ontario », a-t-elle indiqué.
Selon la ministre Mulroney, les Franco-Ontariens recevraient en moyenne 30 sous de moins sur chaque dollar dépensé pour les francophones en situation minoritaire ailleurs au pays.
« Les francophones au Manitoba reçoivent 35 $ par personne. Au Nouveau-Brunswick, 7,31 $ par personne. Ici, en Ontario, les francophones reçoivent 2,78 $ par personne », a-t-elle dénoncé.
« Je travaille fort »
Son gouvernement a-t-il sous-estimé l’ampleur de la crise linguistique qu’il allait provoquer en coupant ainsi des institutions francophones?
« Le gouvernement veut s’assurer que les francophones de toute la province sachent que notre gouvernement veut défendre les droits francophones. Il y a plusieurs dossiers importants, qu’on parle de l’accès aux services, s’assurer que les créateurs d’emplois francophones aient l’appui dont ils ont besoin, ça fait partie de mon mandat », a-t-elle répondu. « Je travaille fort pour faire entendre la voix des francophones dans mon gouvernement », ajoute Caroline Mulroney.
Les libéraux attaquent et se défendent
Marie-France Lalonde, ancienne ministre libérale aux Affaires francophones, doute des intentions du gouvernement concernant le nouveau ministère. Selon elle, la communauté franco-ontarienne et son porte-parole, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), exigent depuis longtemps un tel organe.
En juillet dernier, #ONfr révélait néanmoins que sous le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, la transformation de l’Office des Affaires francophones en ministère n’avait mené à aucun changement concret. En effet, un an après l’annonce en juillet 2017 de cette transformation, il n’y avait toujours pas eu d’embauches.
Marie-France Lalonde se défend, affirmant que l’intention était là. « Le nombre de personnes qui travaillaient au sein de l’Office était de 20 personnes. On avait dit qu’on irait à onze de plus. On allait commencer avec neuf de plus. C’était significatif. Le Conseil du trésor avait adopté la chose, c’était l’engagement du gouvernement », a-t-elle soutenu.
Les priorités libérales en matière de francophonie nécessitaient cet ajout de personnel et de ressources, ajoute-t-elle. « C’est quelque chose qu’il fallait faire. Il fallait augmenter les ressources, il fallait créer aussi une expertise pour l’OIF, pour la refonte de la loi [sur les services en français] et la revue du processus de désignation », a-t-elle ajouté.
POUR EN SAVOIR PLUS :
Université de l’Ontario français : Mulroney n’a pas d’alternative précise