
Charlie Angus « certain que le NPD maintiendra son poids à la Chambre des communes »

[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Charlie Angus est le député sortant de l’ex-circonscription fédérale de Timmins-Baie James, dont une partie considérable de la population est francophone.
LE CONTEXTE :
Le député néo-démocrate avait créé la surprise en avril 2024 en annonçant qu’il ne serait pas candidat aux élections fédérales.
L’ENJEU :
Poids lourd de la politique dans le Nord ontarien, M. Angus se confie sans détour sur la campagne, les performances du Nouveau Parti démocratique (NPD) et ses projets.
« Qu’est-ce qui vous a amené à ne pas vous représenter?
Pour moi, c’était un grand honneur d’être la porte-parole pour les électeurs de Timmins-Bay James et j’ai été député depuis sept élections. C’était une expérience incroyable. Je vide en ce moment même mon bureau d’Ottawa. Ma région est très vaste, alors lorsque la commission électorale a décidé d’agrandir ma circonscription, j’ai décidé qu’il était temps de partir.
Que pensez-vous de la campagne électorale actuelle?
Ces élections sont très importantes, parce que le Canada fait face à une menace sans précédent pour notre souveraineté et notre nation. C’est très important pour les Canadiens de rejeter les politiques d’extrémisme. C’est pour ça que je déteste l’opposition de M. Poilievre et son imitation des politiques extrémistes de M. Trump. Par exemple, il a promis d’attaquer l’indépendance des universités et d’exposer les étudiants qui participent aux manifestations. C’est la politique de Trump, ce n’est pas la politique du Canada.

Que pensez-vous de la performance de votre leader, Jagmeet Singh?
C’est clair que l’élection de Trump a bouleversé la politique canadienne. C’est clair aussi que les électeurs recherchent un premier ministre capable de lutter contre Trump. Donc, personnellement, je pense que ça donne un avantage à M. Carney. Mais c’est essentiel aussi pour le NPD de gagner beaucoup de sièges parce que c’est un parti très fort dans beaucoup de régions, particulièrement le Nord de l’Ontario.
Mais le NPD n’est pas en bonne posture dans les intentions de vote…
C’est évident que ces élections sont difficiles pour le NPD. Toutefois, les électeurs comprennent que le parti se bat pour les gens de notre région. Donc je suis certain que nous allons gagner des circonscriptions importantes et maintenir notre poids à la Chambre des communes. Par exemple, je suis convaincu qu’on va gagner à Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk avec notre nouvelle candidate, Mme Fortier-Levesque.

Vous êtes député depuis 2004, de quoi êtes-vous le plus fier dans votre parcours?
J’ai été très touché de travailler avec la jeunesse autochtones du Nord dans le combat pour l’égalité des droits et d’aider les gens durant la crise du suicide. J’ai été particulièrement inspiré par Shannen Koostachin, la jeune leader de la Première Nation d’Attawapiskat.
Son combat pour la construction d’une école à Attawapiskat a changé la politique de notre nation parce que Shannon a contesté la négligence systémique qui a bloqué la possibilité d’éducation pour les enfants autochtones. J’ai travaillé avec Shannon et elle a vécu avec ma famille pendant un an. Elle est, malheureusement, décédée d’un accident de voiture en 2010, alors j’ai tenu à poursuivre son combat.
J’ai lancé la campagne « Le Rêve de Shannon » pour forcer le gouvernement à respecter ses obligations de mettre en place des standards pour l’éducation et les droits des jeunes autochtones.

Quel a été le moment le plus marquant sur la Colline d’Ottawa?
Il y avait beaucoup de moments extraordinaires… Je pourrai citer la motion que j’ai déposée en 2018 pour que le Canada demande à l’Église catholique de répondre à la Commission de vérité sur les crimes qui étaient commis dans les pensionnats et aussi pour demander que le pape visite le Canada afin de présenter officiellement ses excuses. Ce débat était très émotif et très important. Par la suite, en 2022, le pape, qui vient justement de disparaître, a visité le Canada et a respecté la demande de notre parlement en prenant ses responsabilités devant les communautés autochtones du Canada.
Qu’allez-vous faire après les élections?
J’ai beaucoup de projets. Dans le domaine politique, j’ai lancé une campagne « Charlie Angus, la Résistance » qui sert à organiser des rassemblements partout au Canada contre la politique d’extrémisme et la politique du fascisme. Je suis très occupé avec cette campagne, mais ça reste c’est très fun.

Je vais aussi me consacrer à mon groupe musical, The Grievous Angels. Nous avons un nouvel album, Last Call for Cinderella et on va commencer une tournée ontarienne, intitulée la Révolution 2025, The Grievous Angels. On va avoir de belles chansons en français aussi bien sûr, notre accordéoniste, Peter Gillard, joue d’ailleurs de la musique cajun. On va interpréter ensemble, J’ai passé la nuit sur la corde à linge, une chanson que j’ai écrite justement et qui célèbre le folklore franco-canadien.
J’ai aussi commencé l’écriture d’un nouveau livre, et en ce moment je m’occupe de la recherche. Cet ouvrage portera sur les impacts du fascisme et la résistance au fascisme dans le nord de l’Ontario, pendant les années 1930. Je vais aussi continuer d’œuvrer en tant que bénévole au musée de la ville de Cobalt où j’organise des visites dans la mine.

Reviendrez-vous en politique un jour?
Ma priorité est de rester en politique, mais au niveau citoyen, en tant que militant. »