Redécoupage électoral fédéral : le Nord en voie de perdre une circonscription
Le redécoupage de la carte électorale fait de nouveau jaser dans le Nord alors que la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales de l’Ontario en dévoile aujourd’hui la proposition finale. Même si dans ce scénario la composition des circonscriptions a quant à elle évolué au bénéfice des francophones, le Nord pourrait quand même perdre une circonscription au profit du Sud.
« Pour tenir compte des observations du public et des questions abordées précédemment, la Commission a reconfiguré de façon considérable la partie nord », peut-on lire dans le rapport final de la Commission.
La Commission reconnaît aussi s’être appuyée sur les données du Recensement de 2021, révélé deux jours seulement avant que la Commission ait lancé sa proposition initiale de délimitation des circonscriptions.
Les variables sur lesquelles celle-ci dit s’être reposée sont d’une part, la première langue officielle parlée et, d’autre part, la demande potentielle de communications et services fédéraux dans la langue officielle minoritaire.
Deux circonscriptions avec une importante population francophone
Parmi les plus gros changements notables pour les Franco-Ontariens, le remaniement possible de la circonscription Manitoulin-Nickel Belt qui compte désormais 31 % de francophones.
« Les limites proposées entre Nickel Belt et Nipissing auraient divisé des communautés francophones situées dans Nipissing Ouest, Markstay-Warren, St.-Charles, Rivière des Français et Sudbury », pouvait-on lire dans le rapport.
Le regroupement des collectivités francophones avait été demandé par les députés comme Marc Serré, député de Nickel Belt, et Carol Hugues, députée d’Algoma—Manitoulin—Kapuskasing, qui craignaient, avec la proposition initiale, que les communautés francophones soient divisées.
La plus grande circonscription francophone serait celle de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk qui compterait alors 35 % de francophones.
La circonscription de Sudbury, à laquelle le seul changement est l’ajout de la commune de Skead, compterait 17 % de francophones tandis que celle de Nipissing-Timiskaming en abriterait 14 %.
Impossible de garder les dix circonscriptions
Révélant que le plan initial était de supprimer non pas une, mais deux circonscriptions, la Commission estime qu’il était impossible de conserver dix sièges au niveau fédéral, même en ayant envisagé la soustraction d’un siège ailleurs dans la province.
Selon elle, « cette approche est contraire à l’objectif premier, soit d’assurer la répartition égale de la population parmi les circonscriptions, tout en veillant à la représentation effective ».
Faisant référence aux demandes de certaines municipalités de statuer un nombre minimum de circonscriptions ainsi que l’affirmation de la Commission en 2011-2012 selon laquelle il était nécessaire que le Nord puisse avoir dix circonscriptions, celle-ci dit que « le contexte de 2022 ne correspond pas exactement à celui de 2012 ».
Le rapport le justifie par l’écart entre une croissance modérée de la population pour le Nord, 2,8 % contrairement au reste de la province qui en moyenne a augmenté de 11,4 %.
Dans tous les cas, selon la Commission, la création d’une circonscription supplémentaire reviendrait au Parlement.
Des députés découragés
« Je suis découragé », lance Marc Serré en entrevue avec ONFR+, député de Nickel Belt en réaction à cette version définitive de la carte électorale. Celui-ci explique que même s’il y aura une contestation des députés auprès du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, la perte du siège semble définitive.
« Je ne vois pas un mécanisme où on peut récupérer un siège sans qu’on enlève un siège dans le Sud », ajoute-t-il.
De son côté, la députée Carol Hughes, dont la circonscription d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing a disparu de la carte électorale, explique que les députés du Nord, peu importe leur allégeance, sont unis pour « étudier les options possibles ».
« Si on continue comme ça on, c’est certain qu’on va encore perdre des députés dans le Nord à l’avenir si on ne change pas la manière dont on fait les choses », explique-t-elle.
Charlie Angus, député de Timmins-Baie-James, a lâché un gazouillis dans lequel il exprime son mécontentement. « La Commission a ignoré les appels des groupes d’affaires, des collectivités et des Premières Nations du Nord de l’Ontario. »
Les députés ont jusqu’au mois de mai pour émettre des objections au sujet de cette proposition finale. Ces arguments seront ensuite évalués par la Commission jusqu’en juin avec une décision finale en septembre prochain.
Trois députés pour le Grand Nord
La proposition de garder une gigantesque circonscription dans le Grand Nord a, quant à elle, été écartée suite à de nombreuses objections émises quant au fait, notamment de réunir Kenora et Thunder Bay dans la même circonscription.
Ayant considéré la longueur des déplacements du député et les difficultés de regroupements établis par le conseil tribal, la Commission a décidé de diviser la grande circonscription proposée en trois, Thunder Bay-Rainy river, Thunder Bay-Supérieur-Nord et Kenora-Kiiwetinoong.
Pour ces trois circonscriptions, la Commission exprime avoir dérogé au principe du quotient comme établi dans la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales.
En bref, il s’agit de la correspondance, dans la mesure du possible, entre le chiffre de la population de chacune des circonscriptions et le quotient électoral de cette province.
L’éparpillement de la population, les défis liés aux transports justifient notamment des circonstances caractérisées comme « extraordinaires » pour ces trois circonscriptions, ce qui n’est que le cas de celle de Kenora dans le découpage actuel des circonscriptions.