Joly rejette la première proposition pour l’Université de l’Ontario français

La ministre du Développement économique et des Langues officielles Mélanie Joly (à gauche) et la ministre des Affaires francophones de l'Ontario, Caroline Mulroney. Montage #ONFR+

OTTAWA –  Dans une lettre adressée à la présidente du conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français (UOF), Dyane Adam, la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, renvoie le gouvernement ontarien à la table à dessin jugeant insuffisantes les garanties présentées par la province. 

Les négociations se poursuivent en coulisses, mais une semaine après avoir chiffré, sans la détailler, sa demande au gouvernement fédéral, la province est de nouveau invitée à refaire ses devoirs. Les détails fournis quant au projet de création de l’UOF demeurent insuffisants, selon Ottawa qui dit toujours attendre une « demande formelle » et complète.

« Le gouvernement nous a transmis les grandes lignes de ses intentions quant au projet et  j’en suis ravie. Nous avons reçu du ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario un courriel soulignant le désir commun de nos gouvernements à réaliser le projet de l’Université de l’Ontario français », écrit Mme Joly dans une lettre datée du 30 août et dont ONFR+ a obtenu copie. « Par contre, le ministère ontarien précise qu’il n’a pas complété sa propre évaluation du projet et l’analyse rigoureuse de l’information que votre équipe lui a soumise. Il note également que des changements pourraient encore être apportés une fois son travail complété. »

La lettre de la ministre Joly envoyée à Dyane Adam.

Une incertitude inacceptable pour le gouvernement fédéral qui refuse de s’engager à financer la moitié du projet de création de l’UOF sans avoir la garantie que la province y contribuera pour le même montant.

« En tant que ministre fédérale, j’ai la responsabilité de dépenser l’argent des contribuables de façon réfléchie et responsable. Je ne peux tout simplement pas débloquer des fonds pour un projet que le gouvernement de l’Ontario qualifie lui-même « d’ébauche », sans que ce dernier ait confirmé officiellement la hauteur de son propre investissement », poursuit Mme Joly.

La ministre dit attendre une « demande formelle ainsi que les analyses du gouvernement de l’Ontario afin d’en faire une évaluation appropriée ».

Une semaine chargée

Ce courrier intervient quelques jours seulement après que la province ait chiffré sa demande à Ottawa pour le financement de l’UOF.

L’Ontario demande au gouvernement fédéral de s’engager à financer à hauteur de 63 millions de dollars le démarrage de l’UOF. Comme envisagé par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Ottawa paierait ainsi les quatre premières années de démarrage du projet, puis la province prendrait le relais, pour la même somme, les quatre années suivantes. Le coût total du projet atteindrait donc 126 millions de dollars.

Ottawa avait toutefois jugé manquer d’information pour étudier cette demande de financement. Et les détails fournis depuis semblent donc encore insuffisants pour le gouvernement fédéral. Les discussions doivent continuer en début de semaine prochaine et du côté de la province, on reste optimiste de parvenir à une entente avant les élections.

Adam demande une entente de principe

Un espoir que partage la présidente du conseil de gouvernance de l’UOF. Dans une lettre envoyée en réponse à la ministre Joly, ce samedi, Mme Adam prie les deux parties de conclure rapidement, au moins, une entente de principe.

« Celle-ci devrait porter sur les idées suivantes : le coût total du démarrage de l’UOF au cours des huit prochaines années sera de l’ordre de 126 millions de dollars, partagé moitié-moitié par les deux gouvernements, la part du gouvernement fédéral se réalisant au cours des quatre premières années, suivie de celle de l’Ontario », écrit Mme Adam.

La présidente du conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français du Dyane Adam. Capture d’écran

En entrevue avec ONFR+, elle précise : « Les choses seraient peut-être différentes si nous avions six mois de plus, mais les élections approchent et on ne veut pas que l’Université de l’Ontario français devienne un enjeu électoral. On veut cesser d’en parler, mais que ça se fasse. Il y a urgence d’agir, donc, ce que nous souhaitons, c’est que les deux gouvernements parviennent à une entente rapide de contribution financière, puis qu’ensuite on précise tous les paramètres et toutes les modalités dans l’entente finale. Ça s’est déjà fait. »


« Il ne faut pas devenir prisonniers de nos procédures administratives » – Dyane Adam, présidente de l’UOF


Selon Mme Adam, une telle entente permettrait de dissiper l’incertitude entourant l’avenir de l’UOF.

« Nous pourrons ainsi confirmer l’établissement de notre site temporaire, démarrer notre campagne de financement et enclencher la pleine mise en œuvre de l’Université, afin qu’elle puisse accueillir sans plus tarder, sa première cohorte d’étudiants francophones dès 2021. »

Manifestement peu à l’aise de voir les discussions se faire sur la place publique, la présidente du conseil de gouvernance encourage les deux gouvernements à poursuivre constructivement leurs discussions « dans la discrétion que requiert le succès d’une telle opération ».

L’Ontario veut un engagement financier d’ici au 3 septembre

Un peu plus tard dans la soirée ce samedi, c’était au tour du gouvernement ontarien de réagir. Dans une lettre en anglais, adressée à Mme Joly, le ministre de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario, Ross Romano, et la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney rappellent avoir déjà indiqué leur volonté de travailler en collaboration avec le fédéral pour conclure une entente de financement conjoint. Mais ils remettent en doute la volonté d’Ottawa qui semble, selon eux, désormais moins enclin à compléter une entente de partage des coûts.

Le ministre Ross Romano. Archives ONFR+

« Je comprends que nos fonctionnaires vont travailler sur une ébauche d’entente en début de semaine prochaine, mais je m’inquiète qu’elle ne contienne pas un engagement concret de financement de la part du gouvernement fédéral », écrit le ministre Romano.

Ce dernier demande au gouvernement Trudeau de confirmer son engagement à partager la facture de 126 millions de dollars d’ici au 3 septembre en fin de journée.

Cet article a été mis à jour le 31 août 2019, à 22h.