Kathleen Wynne demande pardon aux Premières nations
TORONTO – La première ministre Kathleen Wynne s’excuse aux Premières nations de l’Ontario « pour les politiques et les pratiques soutenues par les gouvernements du passé et pour tout le mal qu’elles ont causé » et « pour le silence de la province face aux abus et aux décès dans les pensionnats ».
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Le gouvernement libéral à Queen’s Park promet, du même souffle, d’investir plus de 250 millions $ sur trois ans pour aider les communautés autochtones à relever les défis sociaux et économiques auxquels elles font face et soutenir leur culture, entre autres.
« D’un océan à l’autre, le système des pensionnats a entrepris d’arracher les enfants autochtones à leur foyer pour les dépouiller systématiquement de leur langue, de leur culture, de leurs lois et de leurs droits », a rappelé Mme Wynne au moment de présenter des excuses officielles, lundi 30 mai. « Ces enfants ont été maltraités physiquement, émotionnellement et sexuellement. Nombre d’entre eux sont morts. »
Les excuses de Queen’s Park font suite au rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, publié il y a un an.
Pendant près de 160 ans, les enfants autochtones âgés de 5 à 14 ans ont été envoyés dans les 18 pensionnats ontariens, où ils ont été victimes d’un « effort intergénérationnel d’une société tout entière pour commettre un génocide culturel », a reconnu Mme Wynne. Le dernier de ces établissements dans la province a fermé ses portes, il y a moins d’une génération, en 1991.
La première ministre de l’Ontario a dit mettre l’accent sur la réconciliation. Elle a d’ailleurs annoncé que le ministère des Affaires autochtones serait renommé ministère des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation.
« L’acte de demander pardon ne constitue ni une fin, ni un commencement, mais une étape du chemin vers la réconciliation et le ressourcement que nous nous engageons à parcourir ensemble », a déclaré Mme Wynne.
Le ministre David Zimmer, responsable des Affaires autochtones, a aussi fait adopter à l’unanimité, le 30 mai, une loi désignant la première semaine de novembre de chaque année comme la Semaine de reconnaissance des traités avec les Premières nations. Il s’agit de la première loi du genre au pays.
Déjà en février, le gouvernement de l’Ontario promettait d’incorporer l’histoire de la colonisation et des pensionnats dans ses programmes publics d’éducation et d’obliger ses fonctionnaires à suivre une formation en compétence cultuelle autochtone.
« Ça ouvre des portes »
Les communautés autochtones de l’Ontario ont accueilli favorablement les excuses officielles de la province. Elles ont dit voir d’un bon œil les nouveaux investissements et les efforts de réconciliation du gouvernement libéral. « Ça ouvre des portes », a réagi le chef régional Isadore Day, qui s’est exprimé à l’Assemblée législative.
La nouvelle enveloppe de plus 250 millions $ pour la réconciliation avec les Premières nations s’ajoute à un autre investissement de tout près de 222 millions $, annoncé le 25 mai, pour donner aux communautés autochtones du Nord ontarien un meilleur accès à des soins de santé. En février, la province a aussi allongé 100 millions $ sur trois ans pour éradiquer la violence faite aux femmes autochtones.
Dans son premier budget, en mars, le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a promis plus de 8 milliards $ pour les Premières nations.
Tous les partis politiques à Queen’s Park ont reconnu, le 30 mai, que les besoins des communautés autochtones étaient non seulement grands, mais aussi urgents.
La néo-démocrate France Gélinas a fait remarquer, pour sa part, qu’il existe toujours 90 communautés autochtones dans la province qui n’ont pas accès à l’eau potable. « Ici en Ontario en 2016, les enfants des Premières nations tombent malades parce que leur eau est impropre », a dénoncé l’élue de Nickel Belt lors de la période de questions.