La continuité avec Legault réjouit les responsables franco-ontariens

Le premier ministre du Québec, François Legault. Archives ONFR+

Après des élections ontariennes sans grand suspens, c’est autour de celles de la voisine québécoise de délivrer leur verdict et, sans grande surprise également, c’est bien le premier ministre sortant, François Legault qui a été reconduit haut la main. Quel écho cela a-t-il chez les responsables franco-ontariens?

Les électeurs québécois ont accordé encore une fois leur confiance à leur premier ministre, François Legault, pour un deuxième mandat consécutif afin de gérer les affaires provinciales.

Avec 90 sièges remportés confortablement sur les 125 disponibles et loin devant la débâcle du Parti libéral du Québec qui concède une défaite historique dans cette province, la Coalition Avenir Québec de François Legault est reportée au pouvoir pour un second mandat consécutif et encore plus majoritaire que le précédent, ce qui est en soi une première au Québec depuis 1998.

« Ces résultats ne sont pas vraiment une surprise pour nous. Les sondages les prédisaient amplement », réagit Carol Jolin. Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) qui se satisfait du dénouement de ces élections dans la mesure où cela va permettre une continuité dans le travail déjà entamé par les deux provinces concernant la francophonie.

Un rapprochement interprovincial « pérennisé »

« Avec les résultats de ces élections, le rapprochement observé entre les deux provinces sur la chose francophone va se pérenniser et ça, c’est une très bonne chose pour nous. Par exemple, le gouvernement du Québec et la société civile du Québec ont appuyé le dossier de l’Université de l’Ontario français, c’est quelque chose qu’on a beaucoup apprécié », rappelle-t-il.

Toutefois, s’agissant du dossier du postsecondaire, le président de l’AFO aimerait bien voir un réseau d’universités franco-ontariennes ayant un poids considérable sur la scène nationale, voire internationale.

Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Archives ONFR+

« Ce qu’on essaie de faire avec les universités de l’UOF, de Sudbury et de celle de Hearst. On verra si l’Université d’Ottawa veut s’y greffer pour construire un réseau universitaire fort de partenariats avec différentes universités de la francophonie canadienne et internationale. Dans cette optique, on aimerait bien voir quelle sorte de partenariat on pourrait avoir avec les collèges et universités du Québec », confie M. Jolin.

Plus de partenariats économiques et culturels

Sur le plan économique, le milieu entrepreneurial franco-ontarien semble tout aussi satisfait de ces résultats. « On se réjouit à l’idée de continuer à développer et à approfondir les relations et l’économie qu’on a mis en place avec le Québec depuis quatre années, car il y a eu un réel changement dans l’état d’esprit du Québec depuis ce temps-là », observe Richard Kempler, directeur général de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA).

« Le gouvernement du Québec parle maintenant de francophonie canadienne et non plus simplement de la défense du français hors Québec », constate-t-il.

Richard Kempler, directeur général de la FGA. Archives ONFR+

Et d’ajouter : « C’est un paradigme qui s’est opéré au sein du gouvernement du Québec qui a une volonté manifeste d’appuyer l’économie francophone partout dans le pays, notamment et surtout en Ontario. »

Le président de la FGA en veut pour preuve le volume des échanges économiques et commerciaux entre les deux provinces, ainsi qu’au fait que la moitié des francophones hors Québec se trouve en Ontario, 

En effet, selon Catherine Tadros, cheffe du Bureau du Québec à Toronto, « faute de données plus récentes, les échanges commerciaux de biens et de services entre le Québec et l’Ontario se chiffraient à 92,6 milliards de dollars en 2018 ». Pour rappel, à elles seules, ces deux provinces représentent plus des trois quarts du PIB du pays.

Quant aux défis économiques et aux opportunités d’affaires attendues de ce « nouveau » gouvernement québécois, Mme Tadros ne veut point se prononcer là-dessus tant que le premier conseil des ministres n’a pas eu lieu.

Catherine Tadros, Cheffe du Bureau du Québec à Toronto. Gracieuseté

« Nous pourrions peut-être discuter des priorités du prochain gouvernement québécois dans sa relation avec l’Ontario lorsque le prochain conseil des ministres sera assermenté? Nous aurons certainement plus à dire à ce moment », s’abstient-elle.

Échanges culturelles : peut mieux faire

Enfin, si le pan économique peut s’attendre à de beaux jours devant lui, les avis des acteurs franco-ontariens à propos du sort du secteur culturel sont mitigés, à l’instar du président de l’AFO.

« Dans le domaine de la culture, il y a des choses qui sont encourageantes dans le sens où les montants alloués aux projets culturels ont été bonifiés et des projets de collaboration francophone entre les deux provinces ont été mis en place. Cela dit, on aimerait bien voir nos artistes franco-ontariens performer plus souvent au Québec et jouir ainsi de la même mobilité qu’ont les artistes québécois à venir se produire en Ontario, je pense qu’on a du travail à faire de ce côté-là », observe M. Jolin.  

Les deux provinces ont notamment signé en début d’année un accord de coopération et d’échanges en matière de francophonie qui les engagent à soutenir jusqu’à 500 000 $ de projets communs qui contribuent à la vie en français au Canada, que ce soit dans la culture, le développement économique, l’éducation ou encore le tourisme.