La continuité ou le changement à Hawkesbury
HAWKESBURY – Continuité ou changement? Alors que la mairesse sortante, Jeanne Charlebois, tente d’obtenir un troisième mandat, Paula Assaly et Gilbert Cyr vont tenter de la déloger, réclamant du changement au sein de la municipalité Est ontarienne.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« Il faut des changements tangibles, des résultats… Je veux qu’on accélère le processus de développement économique. Le conseil municipal sortant a fait du micromanagment après avoir aboli le poste de directeur général [en 2014. Il a été rétabli en 2018] et cela a freiné le développement économique de la ville », lance Mme Assaly.
Ces critiques, la mairesse sortante, Jeanne Charlebois, les balaie de la main.
« On vient d’annoncer un investissement de 71,5 millions de dollars pour le développement économique! On a travaillé très fort. Aujourd’hui, notre économie est en très bonne santé et notre situation financière s’est améliorée. Il faut bâtir sur ce qu’on a fait. »
Le 5 octobre dernier, l’Association communautaire de développement stratégique industriel de Hawkesbury (ACDSIH) et la municipalité ont annoncé cinq projets de développements industriels et commerciaux sur l’ancien site de l’usine Amoco. Un projet qui devrait permettre la création de 200 nouveaux emplois directs, selon les estimations.
Mais pour M. Cyr, il y a encore du travail à faire.
« Nous avons besoin de plus d’emplois ici. Ce sera ma priorité. C’est un bon moyen pour contrer l’exil des jeunes. Pour assurer le développement de la ville, on doit embaucher une personne dont ce sera la responsabilité. »
Main d’œuvre
Former une main-d’œuvre qualifiée, sur place, est une idée que partagent Mme Charlebois et M. Cyr.
« Je veux qu’on ouvre une école des métiers pour combler les besoins en main-d’œuvre de nos entreprises. On doit s’asseoir avec eux pour savoir quels seront leurs besoins dans cinq à dix ans. Ça nous permettra de développer le talent local », propose ainsi la mairesse sortante.
Son adversaire promet de travailler avec les écoles pour répondre à ces besoins.
« Je veux mettre en place un Diplôme d’études professionnelles à Hawkesbury. »
Charlebois défend son bilan
Sans surprise, Mme Charlebois loue son expérience, elle qui a déjà occupé le poste de mairesse de 2006 à 2010, avant de se faire réélire en 2014.
« J’ai fait mes preuves et répondu aux attentes des citoyens. Nous avons limité les taxes, ce qui était la priorité des électeurs, tout en maintenant de bons services au moindre coût. Et puis, même si le gouvernement provincial a changé, j’ai déjà établi des contacts lors du dernier congrès de l’Association des municipalités de l’Ontario. C’est important, car nous aurons besoin d’aller chercher des octrois, notamment pour améliorer nos infrastructures et rénover nos rues », dit celle qui veut également promouvoir Hawkesbury comme un centre de santé pour Prescott et Russell, grâce à son hôpital, ses cliniques et son centre régional de santé mentale et toxicomanie.
Défait en 2010, après sept ans comme conseiller municipal, Gilbert Cyr veut apporter un nouveau leadership.
« Je ne critique pas le bilan de Mme Charlebois, ni la candidature de Mme Assaly. Nous avons tous les trois notre vision. La mienne, c’est de rassembler, de travailler avec tous les paliers de gouvernement, pour innover. Je veux faire en sorte qu’Hawkesbury devienne un incontournable. »
L’ancienne enseignante et avocate, également ex-présidente du Centre culturel Le Chenail, Mme Assaly, qui se présente pour la première fois, loue sa capacité à faire avancer les dossiers.
« Je suis une personne d’action qui aime accomplir des choses. Ça fait 40 ans qu’on parle du potentiel d’Hawkesbury, mais il ne se passe toujours rien. Mes priorités seront de revitaliser le centre-ville, de développer le tourisme et de mettre en place une politique de lutte contre la pauvreté dès les six premiers mois de mon mandat. »
Rien pour la francophonie
En revanche, s’il y a bien un sujet sur lequel les trois candidats s’accordent, c’est sur le terrain de la francophonie. Tous s’accordent à dire qu’il s’agit d’une richesse et louent le caractère bilingue de cette municipalité à majorité franco-ontarienne, mais aucun ne présente de projets particuliers dans le domaine.
« Notre francophonie est déjà assez forte », indique M. Cyr.
Questionnée sur l’affichage commercial bilingue obligatoire adopté dans plusieurs municipalités des Comtés unis de Prescott et Russell, Mme Assaly, comme M. Cyr, adopte le même scepticisme que celui évoqué à plusieurs reprises par Mme Charlebois.
« J’ai beaucoup réfléchi à cette question. C’est un plus pour les commerçants de pouvoir accueillir leurs clients en français et en anglais, mais je pense que c’est à eux de décider et non à la municipalité de l’obliger », juge Mme Assaly.