Règlement 17. De gauche à droite: Corey MacDonald, Daniel Sauvé, Mathieu Corrigan, Cathy Vallières, Xavier Bélanger et Jean-Nicolas Richardson. Photo: Lisa Thompson

OTTAWA – Depuis 15 ans, Règlement 17 (R17 pour les intimes) ajoute du rock au paysage musical franco-ontarien. La formation prépare un concert spécial, intitulé La Grande révolte, ce samedi 9 novembre à la Maison de la francophonie d’Ottawa. ONFR s’est entretenu avec le guitariste et membre fondateur du groupe, Daniel Sauvé.

L’événement de samedi sera « le plus gros show à petit budget de tous les temps », explique en souriant le musicien, qui s’inspire des grands concerts rock en aréna, mais compose avec la réalité des budgets de la francophonie canadienne.

« Ce sera le summum de ce qu’on fait depuis 15 ans. On a mis la totale sur la production. Ça va fesser dans le dash. »

Pour l’occasion, le groupe maintenant formé Cathy Vallières à la voix, Daniel Sauvé à la guitare, Xavier Bélanger à la basse, Corey MacDonald à la batterie, Mathieu Corrigan au violon et Jean-Nicolas Richardson à la guitare et au clavier sera rejoint sur scène par d’anciens acolytes, comme Patrick Pharand (Les Rats d’Swompe) et Kevin Daoust (Hey, wow).

Au micro d’ONFR, Patrick Pharand raconte que lui et ses amis admiraient Daniel Sauvé, le « rock star franco-ontarien » lorsqu’il était au secondaire. Il a par la suite pu jouer de la basse et du violon dans le groupe de celui qui était devenu un ami. « Malgré mon départ du groupe, je suis un fan fini. »

Règlement 17 en 2021. Photo : Marc-Antoine Joly

Les plus motivés peuvent se procurer des billets pour un événement VIP qui aura lieu avant le spectacle, où les membres du groupe échangeront avec le public, tout en jouant à des jeux vidéo, un loisir apprécié par plusieurs des musiciens.

« C’est quoi l’affaire la plus rock qu’on peut faire un dimanche après-midi, à Ottawa? »
— Daniel Sauvé

« Il y a un buzz dans l’industrie, où l’on veut créer des expériences. (…) La prémisse de base, c’est : c’est quoi l’affaire la plus rock qu’on peut faire un dimanche après-midi, à Ottawa? Et aussi, rock à notre image. »

Chaque personne présente aura droit à un sac de café signature Règlement 17, une collaboration avec le torréfacteur artisanal Café Joyeux de Rockland, que Daniel Sauvé a découvert lors du Festival franco-ontarien, en juin dernier.

Le trio The Great Diversion (Marc-Antoine et Simon Joly avec Patrick Harrison) donnera une performance lors de cet événement VIP.

Daniel Sauvé dit à la blague que Règlement 17 pourrait gagner un Trille Or de longévité, si un tel prix existait. Photo : Maxime Delaquis / ONFR

S’en suivra le spectacle intitulé La grande révolte, où Daniel Sauvé promet que l’énergie, la présence scénique, l’éclairage et les effets visuels seront à leur comble. Le trio de Hawkesbury, Prospect Nelson, assurera la première partie.

Règlement 17 se produira ensuite à la Place des arts de Hearst le 16 novembre, puis à North Bay en avril 2025, lors d’un premier festival de musique heavy dans le Nord de l’Ontario.

15 ans de rock


Dans une scène musicale déjà de niche, celle de l’Ontario francophone, Règlement 17 souhaite « faire tomber les murs des conventions », pour paraphraser la chanson Faire Rébellion.

Le musicien Marc-Antoine Joly, qui côtoie le groupe depuis 2011, témoigne de son importance en Ontario français. « C’est l’incarnation même de la résilience : 15 ans de rock, de cœur et de passion dans une industrie qui, souvent, ne joue pas en faveur de ce style. C’est un collectif qui inspire, qui persévère, et qui prouve que la musique authentique trouve toujours son chemin. »

« Règlement 17 est un modèle de détermination et une véritable source d’inspiration pour ceux qui refusent de renoncer à leurs rêves. »
— Marc-Antoine Joly

Patrick Pharand abonde dans le même sens. « Je trouve ça tellement important qu’un groupe comme Règlement 17 ait continué si longtemps, exprime-t-il. Ça a toujours été plus difficile de caser le groupe dans les programmations de salles et de festivals. Je trouve impressionnant (qu’ils) restes fidèles à eux-mêmes. »

La musique de R17 flirte avec le côté plus percutant et la distorsion, mais aussi avec les mélodies agréables à chanter, un peu plus « grand public. » Daniel Sauvé refuse donc l’étiquette métal qu’on lui attribue parfois, même s’il en emprunte certains codes. « On est seulement un band métal pour les gens qui n’écoutent pas du métal, » image-t-il.

Règlement 17 en 2010. Photo : Jaime Johnson

Néanmoins, R17 offre un son qu’il est aussi important de représenter en français, selon le guitariste, qui se décrit comme « un petit gars de la FESFO » (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne).

« Si on essaie d’identifier des modèles accessibles pour la jeunesse franco-ontarienne, ça prend une variété de formes musicales. Les gens n’écoutent pas de la musique parce que c’est en français. Ils écoutent de la musique parce qu’ils aiment ça. Alors, si on n’interpelle pas leurs goûts musicaux, il y a tout un groupe de jeunes et de moins jeunes qui n’auront pas ce sens d’attachement à la communauté à travers la musique et l’art. »

Même s’il a d’abord formé le groupe avec des musiciens québécois, alors qu’il vivait à Montréal, le nom Règlement 17 a rapidement fait l’unanimité.

« On a toujours eu une composante politique, sans nécessairement toujours parler de francophonie. »
— Daniel Sauvé

Le nom est évidemment un clin d’œil à ce pan de l’histoire franco-ontarienne dont ses amis québécois n’avaient aucune idée, mais qui symbolise le combat social et la collaboration entre les deux provinces. Daniel Sauvé dresse le parallèle avec le mouvement de la Résistance, en 2018. Selon lui, il s’agissait de la première fois où les médias québécois s’intéressaient à ce point à une lutte franco-ontarienne depuis… le Règlement 17.

« Pour moi, il y a beaucoup de parallèles, sans qu’on parle nécessairement de langue. On se lève pour se battre contre quelque chose de plus gros que nous. C’est ce qu’on fait dans le band, à notre façon. »

Règlement 17 à l’époque de l’album Contre courant, en 2021. Photo : Dark Moon production

Après quelques années, le guitariste originaire de North Bay s’est réinstallé dans sa province natale. « À l’époque, il y avait vraiment un dynamisme au niveau de la scène musicale à Ottawa. Ça m’a donné envie de revenir. »

L’arrivée de Kevin Daoust, Patrick Pharand et Xavier Bélanger a donné un second souffle à Règlement 17, plus que jamais un groupe franco-ontarien.

Plus récemment, une autre transition, avec l’arrivée de Mathieu Corrigan et Jean-Nicolas Richardson, a permis de réaligner la vision musicale vers l’idéal que Daniel Sauvé avait imaginé il y a 15 ans.

Et ça continue

Règlement 17 devrait offrir quelques nouvelles chansons dans les prochains mois, de façon plus régulière, mais toujours sporadique.

« On est revenus dans l’ère des singles. Et nous, avec notre rythme de création, ça fait un peu notre affaire. On est capables de digérer nos idées musicales un peu mieux quand on n’en a pas douze à faire en même temps. »

Cette nouvelle musique devrait offrir un son « un peu plus orchestral, un peu plus cinématique, disons. Peut-être un peu plus violent. »

Règlement 17 en 2021. Photo : Marc-Antoine Joly

Les doubles standards et la misogynie toujours présente dans l’industrie de la musique font partie des thèmes qui seront abordés. La chanteuse Cathy Vallières, la seule du groupe à faire carrière dans la musique à temps plein, peut témoigner de son expérience personnelle. Il était temps qu’elle dénonce, selon son compatriote.

Si un album complet verra éventuellement le jour, Daniel Sauvé le voit plus comme la gare d’arrivée que comme le point de départ.

Le plus récent album de Règlement 17, Contre courant, est sorti en 2021.