La Franco-Ontarienne Josée Forest-Niesing nommée sénatrice
OTTAWA – La Franco-Ontarienne Josée Forest-Niesing est nommée sénatrice par le gouvernement de Justin Trudeau. Depuis le départ de Jean-Robert Gauthier, en 2004, la communauté franco-ontarienne exigeait que la tradition voulant que deux francophones de l’Ontario siègent au Sénat soit respectée.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
Josée Forest-Niesing raconte avec émotion le moment où elle s’est fait appeler par le premier ministre Justin Trudeau, il y a une dizaine de jours. « C’est un appel qui vient du premier ministre du Canada. On prend l’appel avec les nerfs à fleur de peau. Avec un grand plaisir, je l’ai écouté. Il m’a demandé si j’acceptais. Et j’ai accepté avant qu’il puisse finir sa phrase! », lance-t-elle, lors d’un entretien avec #ONfr.
Le Sénat n’a pas toujours obtenu bonne presse. Elle en est bien consciente, mais affirme que l’institution joue un rôle crucial. « J’ai une formation en droit, alors je comprends bien comment un projet de loi devient une loi. J’ai une appréciation pour le rôle du Sénat. Depuis son existence, il a toujours été la chambre responsable du second regard, bien pondéré, bien informé, bien réfléchi, sur toute question. Il y a une sagesse grâce aux expériences de l’ensemble des sénateurs », confie-t-elle.
Le processus de nomination des sénateurs a été modifié au cours des dernières années, rappelle Mme Forest-Niesing. « Il y a eu une réforme sur le processus de nomination. Un comité indépendant a été formé en 2016. J’ai eu l’honneur d’être recommandée par trois organismes. J’ai pu y réfléchir et formaliser mon indication d’intérêt. Ensuite, on laisse le processus suivre son cours. Et on attend », confie Mme Forest-Niesing.
Même si elle a été nommée par Justin Trudeau, l’avocate de Sudbury assure le public de son indépendance. « Je me sens totalement libre. J’ai un devoir d’agir avec indépendance, même si c’était contraire avec l’avis du gouvernement en place, pourvu que ça soit dans l’intérêt des Canadiens », assure-t-elle.
La Franco-Ontarienne a plusieurs enjeux sur son radar. « On apporte avec nous nos valises. Ce qui fait partie de mon quotidien, c’est d’être une Franco-Ontarienne en milieu minoritaire, une femme dans un milieu qui était majoritairement masculin, qui a été impliquée dans plusieurs domaines. La question des droits linguistiques et l’accès à la justice dans les deux langues officielles me préoccupent », affirme Mme Forest-Niesing. Elle affirme que les questions des langues officielles, de la diversité culturelle, de la science et des technologies et des premières nations seront au cœur de ses préoccupations.
Une riche carrière dans la francophonie
« Tout au long de sa carrière, elle a défendu et a promu l’accès à la justice dans les deux langues officielles », affirme le gouvernement Trudeau à son sujet.
Avocate de profession, Mme Forest-Niesing a commencé sa carrière en droit de la famille avant de pratiquer le droit des successions, de l’immobilier, du travail, des assurances et relatif à l’éducation.
« Mme Forest-Niesing est fière d’être Franco-Ontarienne et d’avoir récemment découvert son héritage Métis », rapporte le gouvernement fédéral. Elle a exercé le droit pendant 20 ans au sein d’un cabinet qui s’est voué à offrir des services en français, en plus de participer activement à l’émancipation de la communauté franco-ontarienne du Nord de la province. Elle a siégé au sein de nombreux conseils d’administration, notamment la Galerie d’art de Sudbury, le Carrefour francophone de Sudbury et l’Université de Sudbury.
Josée Forest-Niesing s’implique depuis sa jeunesse au sein de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO). Elle a siégé à son conseil d’administration, pour ensuite en devenir la présidente pendant deux mandats. Elle s’est aussi jointe au conseil d’administration de la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law pour poursuivre les mêmes objectifs à l’échelle nationale. En plus, elle a été fondatrice et première présidente du Centre canadien de français juridique et présidente du Comité des langues officielles de l’Association du Barreau de l’Ontario.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) salue l’annonce du gouvernement Trudeau : « La communauté franco-ontarienne demandait un retour à la tradition d’avoir deux sénateurs et sénatrices franco-ontariens depuis le départ du sénat de Jean-Robert Gauthier, en 2004. »
De nombreux autres organismes ont salué cette nomination, notamment la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, Jeunesse Canada Monde, l’Université d’Ottawa et plusieurs autres personnalités francophones.
Le gouvernement de Trudeau a nommé un autre sénateur en journée. Il s’agit de Brian Francis de l’Île-du-Prince-Édouard. M. Francis est un leader de la communauté mi’kmaq. « Je suis heureux d’accueillir ces deux nouveaux sénateurs indépendants au Parlement. Je suis impatient de travailler avec Mme Forest-Niesing et M. Francis et je suis convaincu que leur expérience et leurs vastes connaissances profiteront grandement au Parlement et à l’ensemble du Canada », a indiqué le premier ministre Trudeau par voie de communiqué.
« Ces personnes ont été recommandées par le Comité consultatif indépendant sur les nominations au Sénat et choisies selon un processus ouvert à tous les Canadiens. Ce processus vise à assurer que les sénateurs sont indépendants, qu’ils reflètent la diversité canadienne et qu’ils sont en mesure de relever les nombreux défis et de saisir toutes les opportunités qui se présentent au pays », fait savoir le gouvernement.