La Franco-Ontarienne Vanessa Gilles championne olympique de soccer
TOKYO – Explosion de joie pour les joueuses de soccer canadiennes qui sont entrées dans l’histoire, ce vendredi, en décrochant l’or olympique aux dépens de la Suède, en finale. La défenseuse internationale Vanessa Gilles, ancienne pensionnaire du programme de soccer de l’École secondaire Louis-Riel, à Ottawa, a assuré une solide défense centrale qui a permis aux Canadiennes de se faufiler jusqu’à l’épreuve des tirs au but.
Dans un match de contre perpétuel, il aura fallu à Vanessa Gilles une vigilance de tous les instants. La joueuse de 25 ans a subtilisé le ballon à l’adversaire à plusieurs reprises, désamorçant des situations inextricables sur le flan droit et dans l’axe, particulièrement en seconde période de jeu.
Après l’égalisation canadienne (1-1), quand les Suédoises ont porté le danger devant les filets rouge et blanc, Vanessa Gilles s’est montrée extrêmement solide pour stopper ces vagues offensives.
La Franco-Ottavienne s’est révélée aussi dangereuse dans l’axe en contre-attaque en première période grâce à son jeu aérien sur coup de pied arrêté. Mes ses coups de tête non cadrés n’ont pas inquiété la gardienne suédoise.
Au cours de la séance de tirs au but, sa frappe a heurté la barre transversale, laissant craindre le pire pour l’équipe. Mais c’était sans compter un festival de tirs ratés des deux côtés, suédois et canadiens.
Défense solide et duels remportés
« Quand Vanessa a frappé la barre transversale, j’ai eu quelques craintes mais tout s’est bien terminé », a réagi Joé Fournier, son ancien enseignant-entraîneur au centre de soccer de l’École secondaire Louis-Riel. « Elle a sauvé son équipe à quelques reprises au cours du match avec de beaux tacles dans la surface de réparation. Elle a joué son rôle de façon extraordinaire tout au long du match. »
« Les Canadiennes sont allées au bout d’elles-mêmes mais ont par moment manqué de maîtrise, ce qui se comprend avec la chaleur, très coûteuse sur le plan énergétique », analyse de son côté Jeff Niemezcky, l’ancien sélectionneur de Vanessa Gilles au sein des Bleuettes, l’équipe féminine française, en 2018.
« J’ai retrouvé la Vanessa telle que je la connais Vanessa », poursuit le technicien français. « C’était du très haut niveau sur le plan purement défensif dans l’impact et la puissance athlétique. Elle est sortie presque tout le temps vainqueur des duels, y compris dans les duels de la tête. Elle n’a rien lâché et mérite de se retrouver à ce niveau-là. »
De père français et de mère italienne, Vanessa Gilles est née à Châteauguay, au Québec et a grandi à Ottawa, jetant on dévolu sur le tennis puis le soccer. Elle a évolué au sein de l’équipe d’Ottawa Capital United SC, puis des Bearcats de Cincinnati avant de rejoindre les Girondins de Bordeaux en France où, en dépit de la pandémie, elle a pu jouer une saison complète, à la différence de nombreuses autres joueuses internationales.
Un talent issu du centre Louis-Riel
M. Fournier décrit une athlète avec une force psychologique et un engagement hors pair, détecté dès son arrivée à Louis-Riel, à l’âge de 16 ans. « Quand elle perdait ses un-contre-un, elle ne baissait pas les bras et se reprenait pour finir au-dessus de l’autre, car elle avait une détermination absolument incroyable. »
C’est une nouvelle satisfaction pour le programme de soccer Louis-Riel d’Ottawa qui a célébré en mai dernier un autre de ses athlètes : Jonathan David, champion de France avec le LOSC, l’équipe de soccer de Lille.
M. Fournier espère que ce titre olympique va changer l’attitude des médias face au soccer féminin et susciter plus de vocations chez les jeunes. « Le foot féminin n’existe pas juste au moment des Jeux olympiques. L’équipe de Vanessa, les Girondins de Bordeaux, va jouer la Champions League l’année prochaine. Ça serait le fun d’avoir un suivi du cheminement de Vanessa mais aussi des joueuses canadiennes en général pour qu’on puisse avoir nos propres équipes ici, au Canada. »
Après le bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et Rio en 2016, les Canadiennes sont allées cette fois au bout de la compétition, éliminant tour à tour le Brésil en quart de finale, les États-Unis en demi-finale et la Suède en finale : 3-2 aux tirs au but après un match nul 1-1 durant le temps réglementaire.