La francophonie absente des élections municipales à Sudbury
SUDBURY – Onze candidats à la mairie de Sudbury, mais pas un qui ne maîtrise vraiment la langue de Champlain. C’est le constat à quelques jours des élections municipales du Grand Sudbury. Malgré la présence de plus de 40 000 francophones, le « troisième foyer franco-ontarien » de la province en termes de population doit aussi se passer des enjeux linguistiques.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Éditorialiste au Voyageur, Réjean Grenier est un observateur aguerri de cette campagne. « Il ne faut pas chercher, les enjeux francophones dans cette campagne n’existent pas. On préfère parler du dossier du district du divertissement du chemin Kingsway qui mobilise tout le monde. À part des routes, des infrastructures et des égouts dont tout le monde parle, c’est en fait une campagne très plate. »
Le 22 octobre prochain, Brian Bigger tentera d’être réélu pour un second mandat par les Sudburois. L’ancien vérificateur général de la Ville du Grand Sudbury, partisan d’un gel de l’impôt foncier, a traversé ses quatre années sans trop de difficultés.
Décrit comme « ouvert » à la francophonie par l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury, M. Bigger, pourtant unilingue anglophone, avait bien commencé. En témoigne, l’ouverture de trois postes en communication avec des critères d’embauche bilingues et des contacts plus fréquents avec l’organisme porte-parole des francophones.
En partenariat avec la Ville, l’ACFO locale a mené une campagne de sensibilisation à l’affichage bilingue auprès des différents commerces. Mais rien encore de traduit dans une politique municipale. Cet enjeu d’une politique sur l’affichage bilingue était d’ailleurs l’une des trois questions envoyées par l’organisme aux onze candidats durant cette campagne électorale.
« Il y aura des coûts, mais c’est quelque chose qui pourrait être mis en œuvre efficacement sur le temps », écrit M. Bigger.
Pour beaucoup, sa principale rivale à la course à la municipalité n’est autre que la présidente de la Fondation Enfants NEO, Patricia Mills. Cette ancienne journaliste tire à boulets rouges sur le bilan financier du maire sortant.
Affichage bilingue et bilinguisme officiel
À la question sur l’affichage bilingue, Mme Mills affirme que la ville du Grand Sudbury a déjà une politique qui couvre la signalisation. « Je m’assurerai que cette politique se poursuive et que tous les efforts seront faits pour s’assurer qu’elle soit suivie de près. » Mme Mills se réfère en réalité à la politique sur les services en français, adoptée en 2001.
Celle-ci précise que « la signalisation préparée par ou pour la Ville du Grand Sudbury à l’intention du public doit être produite dans les deux langues officielles ou employer des symboles internationaux ». Sur la question du « leadership de la Ville de Sudbury à devenir bilingue », M. Bigger et Mme Mills n’ouvrent pas la porte, sans la refermer.
« Il faudra beaucoup de travail et nous aurons à regarder les impacts que cette désignation aurait sur la prestation de services déjà en place », estime le maire sortant, tandis que son opposante plaide pour « une consultation » avec la communauté.
L’ACFO locale a toujours sous-entendu être intéressée par le projet d’une désignation bilingue, mais ne pas vouloir en faire un dossier immédiat. « Si personne ne demande la désignation bilingue de Sudbury, c’est clair qu’elle ne va jamais exister », croit M. Grenier.
Réponses uniquement en anglais
Seuls six des onze candidats ont répondu au questionnaire envoyé par l’organisme. Toutes les réponses étaient en anglais.
À noter la petite référence du candidat Bill Sanders au projet de la Place des Arts de Sudbury. « C’est malheureux que la Place des Arts n’ait qu’un théâtre de 300 places. Je pense qu’il y a un raté possible, non seulement pour louer l’endroit à d’autres cultures et communautés et donc, partager et diversifier le patrimoine avec d’autres personnes, mais aussi d’être ce pilier de l’art et de la culture derrière lequel toute la ville pourrait se rassembler. »
L’aspirant Jeff Huska explique quant à lui pourquoi il balaye d’un revers de bras l’idée de l’affichage bilingue à Sudbury. « En raison de la hausse des coûts, etc., j’attendrais pour remplacer toute signalisation municipale qui n’est malheureusement que dans une seule langue. »
#ONfr a tenté de joindre plusieurs candidats, incluant le maire sortant Brian Bigger, pour une entrevue, mais aucun d’entre eux n’était disponible.