La Fromagerie Kapuskoise couronnée lors de la plus grande compétition de fromage au pays
KAPUSKASING – La Fromagerie Kapuskoise a annoncé avoir remporté plusieurs prix qui seront exposés lors de la plus importante compétition de fromage du Canada, la Foire Royale d’Hiver de l’Agriculture, qui se tiendra à Toronto du 1er au 10 novembre prochain. Parmi eux, celui du meilleur fromage frais (hors lait de vache) au Canada pour son fromage de chèvre.
Le fromage de chèvre frais produit par la Fromagerie Kapuskoise a remporté la première place dans la catégorie « Fromage frais non affiné – naturel » (fromage de chèvre, de mouton, en grains, ricotta, mozzarella et fromage mixte de lait), qui comprenait huit autres concurrents de partout au pays.
« On avait participé l’année dernière, mais on avait envoyé des quarts de meule et congelés. Cette fois-ci, on voulait faire les choses bien alors on a envoyé des fromages pleine meule et du fromage frais et on a gagné », rapporte Denis Nadeau, co-fondateur de la Fromagerie Kapuskoise qui ajoute avoir trouvé un moyen de transporter les produits en personne à Toronto cette année.
Dans la catégorie fromage avec affinage de surface (hors lait de vache), ce sont aussi des produits de la fromagerie qui ont remporté plusieurs marches du podium : le fromage Saganash, en deuxième position, le Mattagami (2e pour la catégorie chèvre), en quatrième position et le Kapuskasing (3e dans la catégorie chèvre), en sixième position.
Pour la catégorie de fromage à pâte pressée avec affinage en surface, le Wakusimi, seul le fromage de vache envoyé, a obtenu la troisième place.
« Pour l’an prochain, on espère faire encore mieux avec notre fromage de vache qui, selon mon épouse, est même meilleur que le Saganash », estime encore le Franco-Ontarien, pas surpris du succès de ses fromages cette année.
« C’est bien beau de le savoir, mais d’être reconnu, c’est très satisfaisant. On espère que ça va énormément stimuler la demande, car on en a besoin depuis la pandémie. »
Un succès francophone
De nombreux internautes ont réagi positivement aux publications Facebook annonçant les résultats obtenus par la fromagerie, l’écrasante majorité étant des francophones.
« Vous faites honneur aux gens du Nord de l’Ontario et surtout aux Franco-Ontariens. Félicitations! », écrit Suzanne Rondeau.
Selon M. Nadeau, la Fromagerie s’est toujours présentée comme un projet par et pour les francophones et c’est ce qui explique en grande partie le succès pour cette petite entreprise familiale située dans une localité à majorité francophone.
« Les gens ont décidé d’appuyer dès le début ce projet qui se présente comme francophone. Les anglophones ne savent pas qu’on existe », soutient-il avant de préciser que cela s’explique par le fait que la population anglophone est plus nomade que celle francophone.
La recette du succès, c’est aussi ce choix de se spécialiser : des fromages à la française faits ici.
« Ça fait des années que les experts nous disent qu’on est un des trois meilleurs fromagers au Canada et puis nous on le croit. On est capable de faire des fromages aussi bons que ce qui se fait en France avec des fromageries industrielles qui s’exportent ici. »
Bientôt dix ans d’existence
La Fromagerie Kapuskoise estime que 75 % de sa production est vendue localement, aux gens de la région de Timmins à Hearst. Certains produits sont aussi disponibles à l’achat dans certains détaillants du nord et du sud de la province.
Environ 25 % des ventes sont des exportations de fromages affinés – non frais – vers le reste de l’Ontario et le reste du pays comme au Québec ou même les Territoires du Nord-Ouest.
« Des gens nous appellent de France pour envoyer des produits à leur fils en Colombie-Britannique par exemple. Les Français sont nostalgiques des produits de France, fait-il savoir. Ce n’est pas étonnant quand on sait que le fromage a originellement été inventé pour le transport. »
L’entreprise produit quelque 20 tonnes par année, un chiffre modeste, si l’on compare aux 500 tonnes de la Fromagerie Thorneloe qui a fermé ses portes en novembre 2023, mais qui est un atout selon les propriétaires.
« Une fromagerie industrielle ne peut pas réduire la qualité du fromage artisanal et la meilleure qualité que l’on peut avoir vient des petites fromageries, pas des grosses », insiste M. Nadeau.
Pour produire un fromage de qualité, les Nadeau ont su tirer profit de l’expertise et des recettes d’usine de fromagerie dans les Pyrénées et d’une formation en Savoie, mais aussi du climat de la région du Nord ontarien.
« La densité, le climat froid et les nuits froides donnent le message à la plante de produire plus de nutriments. Les vaches se nourrissent de cette végétation qui a plus de goût et ça donne un fromage avec plus de goût. »
L’année 2025 marquera le dixième anniversaire de la création de la fromagerie : « On nous avait martelé que les fromages français à Kapuskasing ne marcheraient pas et aujourd’hui on est encore là et l’avenir est beau. »