La levée du port du masque obligatoire à l’école divise

La suppression du port du masque dans les écoles ontariennes divise
La levée du port du masque dans les écoles ne fait pas l'unanimité. Crédit image : Mahsun YILDIZ / iStock / Getty Images Plus via Getty Images SD

Qu’ils soient membres du personnel ou parents d’élèves, la levée de l’obligation du port du masque à compter de lundi prochain est loin de faire l’unanimité dans le milieu éducatif, d’autant qu’elle coïncide avec le retour des vacances d’hiver

Il y a ceux qui ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme et ceux qui s’en méfient comme de la peste. Il s’agit de la récente décision du gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario qui abroge l’obligation du port du masque, y compris dans les écoles publiques de la province. Et c’est bien là où les avis divergent.

« Les ressentis des parents en Ontario sont partagés. On n’a pas eu le temps de faire un sondage sur le phénomène, mais d’après nos données recueillies en janvier, je vois plus de parents qui sont prêts à abandonner le port du masque parce qu’ils veulent revenir à la normale et aller de l’avant », observe Paul Baril, président du réseau Parents partenaires en éducation.

Paul Baril, président du réseau Parents partenaires en éducation. Gracieuseté

« Certains parents vont jusqu’à nous demander d’imposer le masque même si cette restriction est levée, mais on n’a pas le droit de faire ça », confie Denis M. Chartrand, président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO).

Ce dernier tient à préciser que l’ACÉPO ne s’est pas encore réunie pour discuter de cette décision, raison pour laquelle il ne livre là qu’une opinion personnelle : « Ce que j’aurais aimé plutôt voir, c’est une levée partielle. En d’autres termes, on aurait pu continuer à garder le masque, tout simplement pour voir si la réduction du nombre des cas dans les écoles se poursuit ou pas. Je pense que cela aurait été plus judicieux que d’enlever toutes les restrictions d’un seul coup parce qu’on ne sait pas quelle va être la réaction du virus au sein de l’école. »

Denis M. Chartrand, président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario. Archives ONFR+

Même son de cloche chez les responsables du Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales comme le fait savoir Néomie Duval, directrice par intérim aux services des communications du Conseil.

« Notre Conseil est d’avis que les décisions en matière de transmissions de maladies infectieuses relèvent des experts de la santé publique. Nous avons toujours respecté leurs avis et ça nous a bien servi jusqu’à maintenant. Toutefois, nous aurions préféré une approche plus graduelle afin de suivre l’évolution de la levée des mesures sanitaires. »

Si les mots des responsables du secteur sont plutôt moulés dans la retenue, ceux des parents qui sont opposés à l’abandon du port du masque le sont beaucoup moins.

Les parents opposés à cette décision donnent de la voix

« Cette décision n’a aucun sens parce que les seules défenses qu’on a contre la COVID-19 sont les masques et les vaccins. Ce n’est pas le bon moment de les enlever avant d’avoir vacciné les moins de cinq ans. J’en veux pour preuve le fait qu’avec d’autres parents ont a mis la pression sur la direction pour obtenir le nombre de cas quotidien, et je peux vous dire qu’on a eu plus de cas pendant les neuf dernières semaines que pendant les deux dernières années », avance Jean-François Pagé, père d’un garçon de cinq ans inscrit à l’école La Mosaïque appartenant au réseau Viamonde. 

Jean-François Pagé, père d’un garçon de cinq ans. Gracieuseté

L’un des facteurs mis en avant par ce père en colère est le jeu politique. « C’est insensé qu’une chose aussi banale comme le masque médical soit devenue un objet politique. On sait que le niveau de popularité de Doug Ford a beaucoup baissé parce qu’il a perdu une partie de ses sympathisants de droite et cette décision d’arrêter le port du masque est une façon de les récupérer à la dernière minute. Jouer de la politique avec la vie des individus, c’est immonde. »

Sollicité à ce sujet, le Conseil scolaire Viamonde, par la voix de son directeur de la communication, Steve Lapierre, a indiqué ne pas prendre de position sur les questions qui relèvent des compétences d’autres ministères ou organismes, tel que la santé. « Le Conseil applique les directives et recommandations reçues des bureaux de santé publique ou du ministère de la Santé. »

Le plus grand conseil scolaire de l’Ontario fait bande à part

Alors que tous les conseils scolaires publics francophones contactés pour les besoins de ces lignes disent respecter la décision gouvernementale à la lettre, ce n’est pas le cas du Conseil scolaire du district de Toronto (TDSB). En effet, ce dernier a demandé aux autorités de tutelle un délai supplémentaire pour supprimer les mesures COVID-19, dont le port du masque.

L’initiative n’a pas manqué de s’attirer les foudres de certains parents, à l’instar de cette jeune maman franco-ontarienne qui a préféré témoigner sous couvert d’anonymat : « Je suis furieuse que le TDSB ne respecte pas les recommandations gouvernementales et de la santé publique. Ils font leurs propres règles. Nos enfants ont assez enduré les difficultés de la pandémie. Ils ont accumulé du retard sur le plan langagier et sur le plan des habiletés sociales selon les avis des intervenants et des pédiatres. »

Et de conclure : « Je n’enverrai pas mon enfant à l’école pour un enseignement en présentiel aussi longtemps qu’ils n’auront pas enlevé le port du masque obligatoire. »