La ministre Foote très attendue sur le Bureau de la traduction
OTTAWA – Le comité permanent des langues officielles attend la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, avec impatience pour clarifier l’avenir du Bureau de la traduction.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Invitée depuis plusieurs mois par le comité, la ministre Foote sera devant le comité le jeudi 9 février pour évoquer l’avenir du Bureau de la traduction.
Véritable saga de l’année 2016, le dossier du Bureau de la traduction n’est toujours pas réglé. Et la réponse du gouvernement aux huit recommandations formulées dans l’étude menée par le comité permanent des langues officielles n’a pas rassuré ses membres, ni les nombreux témoins qui sont venus apporter leur soutien à l’institution.
Le Bureau de la traduction s’est retrouvé sous le feu des projecteurs après que fut révélé les abolitions de quelque 400 postes par attrition au cours des quatre dernières années et les 144 autres abolitions prévues d’ici 2017-2018 qui menaceraient, selon plusieurs intervenants, la capacité de l’institution à bien faire son travail.
L’Association des conseils en gestion linguistique et l’Association Internationale des Interprètes de Conférence se sont présentées le mardi 7 février devant le comité pour contester également le nouveau système de demande d’offre à commandes pour des services d’interprétation de conférences qui devrait être mis en place en mars et qui conduirait, selon elles, à la privatisation progressive du Bureau de la traduction.
« La traduction est un vecteur des droits linguistiques des Canadiens. 82,5% des Canadiens se disent unilingues, il est important qu’ils puissent interagir avec le gouvernement. Mais comment cela sera-t-il possible sans traduction? », a interrogé la membre d’honneur de l’Association des conseils en gestion linguistique, Dominique Bohbot.
Cette dernière a plaidé pour une action rapide du gouvernement fédéral et pour un réinvestissement dans le domaine.
L’Association Internationale des Interprètes de Conférence a critiqué pour sa part le nouveau système automatisé qui va favoriser l’embauche du plus bas soumissionnaire sans égard pour la qualité.
« Cela va conduire à une détérioration du service. Il y a besoin d’une réforme majeure! », a souligné la responsable canadienne pour la défense des intérêts, Nicole Gagnon.
Changement de gouvernance
Les deux associations ont également réclamé que le Bureau de la traduction ne soit plus rattaché au ministère des Services publics et de l’Approvisionnement, mais plutôt, par exemple, à Patrimoine canadien.
Elles ont aussi apporté leur soutien aux recommandations formulées par le comité permanent des langues officielles.
Dans leur rapport, les élus recommandaient notamment que soit désignée une autorité fédérale existante pour assurer le mandat de la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles, notamment au sein du BDT. Ils proposaient également que tous les fonctionnaires reçoivent une formation sur le rôle du BDT et sur les obligations du gouvernement en matière de traduction, que le BDT reçoive toutes les ressources financières dont il a besoin pour faire son travail. Enfin, le comité demandait que le gouvernement s’assure de former la relève en matière de traduction et insistait sur l’importance pour le gouvernement de se pencher sur le statut du BDT en tant qu’organisme de service spécial et sur les conséquences de la privatisation de certains services de traduction quant à la capacité des institutions fédérales à respecter leurs obligations linguistiques en matière de communication avec le public et de prestation des services.
« Nous avons ressenti une profonde déception à la lecture de la réponse de la ministre », a commenté Mme Bohbot.
Un avis que partage Mme Gagnon.
« C’est une réponse qui entérine le statu quo! »
Le président du comité, le député libéral Denis Paradis a insisté sur l’importance de ces témoignages pour mettre la table à la venue de Mme Foote devant le comité. Le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, a déjà son idée sur comment améliorer la situation.
« Il est essentiel et urgent de retirer du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement le mandat du Bureau de la traduction. Ce n’est pas seulement qu’une attribution de service, qu’un approvisionnement… Dès lors que le Bureau de la traduction sera considéré davantage pour son apport culturel, que ce soit à Patrimoine canadien ou ailleurs, je pense que tous les autres problèmes vont se régler en même temps. J’espère que Mme Foote va reconnaître que le Bureau de la traduction n’est pas un service comme les autres, que c’est beaucoup plus qu’un approvisionnement de crayons, et qu’elle en tirera les conclusions qui s’imposent en recommandant de changer la gouvernance de cette institution. »