La Nation s’est retirée de l’AFMO, flou autour de Casselman et Toronto
Alors que les tergiversations de Clarence-Rockland à quitter l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) font jaser, plusieurs villes, et non des moindres, seraient passées à l’action au cours des derniers mois. D’après ce qu’a appris #ONfr, les municipalités de Casselman, et La Nation, dans l’Est ontarien, n’ont pas payé leur cotisation annuelle à l’organisme fondé en 1989 par Gisèle Lalonde.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
En entrevue avec #ONfr, le maire de La Nation, François St-Amour, explique la décision de son conseil municipal de se retirer de l’AFMO.
« L’organisme a quelques problèmes de gestion interne. Ils ont besoin de faire des changements. On a pensé que nos cotisations n’étaient pas utilisées. Par exemple, on a eu recours une fois à leur service pour de la traduction, mais la qualité de l’ouvrage n’était pas bonne! »
Surprise en revanche du côté de Casselman, où l’on avoue ne pas savoir pour la cotisation impayée par la ville pour 2019, une information obtenue de l’AFMO.
« Je n’étais pas au courant, vous m’apprenez quelque chose », affirme le maire Daniel Lafleur, questionné par #ONfr. En décembre dernier, il avait succédé à Conrad Lamadeleine à la tête de cette municipalité composée de plus de 80 % de francophones.
« Je n’ai aucun problème à ce que Casselman soit membre, je vais tout de suite vérifier », a indiqué M. Lafleur.
Casselman et La Nation avaient accueilli chacune le congrès annuel de l’AFMO respectivement en 2011 et 2017.
Malgré ces deux retraits, l’AFMO espère toujours. « Pour Casselman et La Nation, nous continuons à attendre », laisse entendre le directeur général par intérim de l’organisme, René Beaulne.
Un soutien technique pour la traduction de documents municipaux, des tarifs préférentiels sur les services de traduction de documents municipaux ou encore, de la formation en français pour les élus, voici quelques-unes des grosses lignes des « privilèges » réservés aux membres de l’AFMO. L’organisme se définit lui-même sur son site web comme un « intervenant et conseiller dans le domaine municipal ».
M. Beaulne se défend de la soi-disant mauvaise gestion de son organisme. « C’est drôle car on défend pourtant les municipalités qui sont des créations provinciales. Les autres provinces pensent que c’est important, sauf en Ontario. Pendant la crise linguistique, nous avons fait une résolution avec les autres associations provinciales des municipalités francophones. »
Le directeur général par intérim refuse par ailleurs de mettre en doute la qualité des services de traduction offerts par son organisme. « Elles sont effectuées par Éric Charlebois, qui est un écrivain respecté! »
Ce vendredi, René Beaulne s’apprête à rencontrer Guy Desjardins, le maire de la municipalité de Clarence-Rockland. Dans une déclaration récente, le premier magistrat avait clairement remis en question la membriété de la ville, avant de se justifier, mercredi, dans un communiqué de presse.
« Je dois être franc et vous dire que nous n’avons bénéficié d’aucun service (de l’AFMO) l’an passé (…) Nous avons payé notre abonnement pour 2019, j’invite donc l’AFMO à nous offrir des services et projets concrets qui nous aideront à améliorer nos services en français dans nos municipalités. »
Autant de déclarations qui laissent M. Beaulne amer. « M. Desjardins aurait pu communiquer avec nous autres. »
Toronto n’est pas revenue
Autre coup dur pour l’AFMO : Toronto n’est pas revenue dans le giron de l’organisme. Au printemps dernier, la Ville reine avait pourtant laissé entrevoir une possibilité.
« C’est un impact majeur, et beaucoup d’argent », explique M. Beaulne. « La cotisation de Toronto s’élevait environ à 19 000 $, ce qui aurait éponger le déficit plus vite. Il nous reste encore 22 000 $ à payer à un fournisseur pour que la dette soit épongée. »
Au moment de mettre ces informations sous presse, la Ville de Toronto n’était pas en mesure de répondre à nos questions.
La cotisation des municipalités membres de l’AFMO reste proportionnelle à la population des villes. Un calcul qui fait logiquement de Toronto la ville la plus apte à participer aux finances de l’organisme. Quelque 80 000 $ sont ainsi récoltés chaque année, de la part de toutes les municipalités.
Pour parvenir à équilibrer son budget, l’AFMO reconnaît ne quasiment plus dépenser : le directeur général par intérim travaille à titre bénévole et il n’y a plus de bureaux officiels. « On est très minime, et avec les états financiers, on est presque à zéro. Les rares dépenses sont pour dropbox, le téléphone ou encore, la tenue de réunions. »
Sudbury de retour
Tout n’est pas si noir si l’en croit l’AFMO. La municipalité du Grand Sudbury viendrait même de payer sa cotisation pour 2019, confirmant donc son retour au sein de l’organisme.
La ville du Nord sera même l’hôte du 30e congrès annuel de l’organisme, en septembre prochain.
« Pendant les élections municipales, plusieurs villes nous ont dit qu’elles voulaient faire partie de l’AFMO. Welland s’est ajoutée après s’être retirée. North Bay a montré son intérêt. »
Parmi les autres municipalités qui ne sont pas membres de l’AFMO : Kingston, Thunder Bay, Mattawa ou encore, Windsor qui s’est retirée il y a quelques années.